1ère partie: vouer un sacrifice à d’autres qu’Allah
Il est triste de constater l'état déplorable dans lequel sont tombés nombre de musulmans en faisant des cimetières, des tombes et des sépulcres la destination sacrée vers laquelle s’oriente leur cœur et la passion qui s’empare de leur âme. Ils font de leur mieux pour se rapprocher des habitants de ces tombes, dépensent avec prodigalité pour obtenir l'agrément de leurs occupants, parcourent de longs trajets et traversent de vastes déserts rien que pour se rapprocher d’eux. L'on peut même voir un homme pauvre qui a peut-être à peine goûté à la viande pendant une année immoler une bête comme sacrifice devant ces tombes et faire des promesses votives à ses habitants, par désir de voir ses vœux se réaliser et par crainte de susciter leur colère, ce qui met en exergue le degré éminent de son attachement à ces tombes et la fermeté de sa croyance en leur effet sur sa vie. Comment les musulmans ont-ils pu tomber dans un abîme si profond ? Comment ces déviations si périlleuses au niveau du credo ont-elles imprégné leur cœur et leur comportement pour devenir en fin de compte un culte qu’ils pratiquent, défendent et visent à promouvoir, se faisant en chemin autant d’alliés que d’ennemis !
Sacrifices voués à un autre qu’Allah
Le sacrifice est une des pratiques cultuelles les plus éminentes qu’Allah, exalté soit-Il, ait prescrites et il est extrêmement important de Lui vouer ce culte en toute exclusivité. En effet, la position que l’Islam adopte vis-à-vis de cette pratique a été claire depuis le début. Il renie solennellement ce que faisaient les gens de la Djâhiliyya (période d'ignorance préislamique) qui adoraient des idoles et leur offraient leurs sacrifices au lieu de les consacrer à Allah, exalté soit-Il. Allah, le Très Haut, a ordonné à Son Prophète () de s’opposer à cela et de Lui consacrer à Lui Seul tous les sacrifices, mettant ainsi cette pratique cultuelle sur un pied d’égalité avec la prière, laquelle doit également Lui être vouée exclusivement.
C’est ce qu’Allah, le Très Haut, confirme par Ses paroles (sens du verset) :
• « Dis: «En vérité, ma prière, mes actes de dévotion, ma vie et ma mort appartiennent à Allah, Seigneur de l’Univers ». (Coran 6/162)
• « Accomplis la pière pour ton Seigneur et sacrifie ». (Coran 108/2)
D’ailleurs, vouer des sacrifices à autre qu'Allah, exalté soit-Il, est un péché si répréhensible que le Prophète () a maudit celui qui le commet.
Ce qui confirme l’importance de la dévotion dans cet éminent culte est qu’Allah, exalté soit-Il, a prescrit l'accomplissement de sacrifices voués exclusivement à Lui dans nombre de pratiques cultuelles et d'actes de dévotion comme le sacrifice de l'Aid al-ad-ha, de la 'aqîqa et du Hadj. Nombreuses sont les consignes que l’Islam a données à celui qui entreprend un sacrifice, afin de préserver l’unicité de l'adoration d’Allah, exalté soit-Il et de faire obstruction à tout ce qui favorise l’idolâtrie. C’est pourquoi l’Islam prohibe tout sacrifice sur lequel le nom d’Allah n’a pas été prononcé, et interdit d’immoler les bêtes à sacrifier dans les lieux où les gens de la Djâhiliyya offraient leurs sacrifices à leurs idoles, même si le nom d’Allah y est prononcé. L’on tire argument à cet égard d’une histoire qui remonte au temps du Messager d’Allah (). Il a été rapporté qu’un homme avait fait une promesse votive qui consistait à immoler un chameau dans un lieu appelé « Buwâna ». Le Prophète () lui demanda alors :
- « Adorait-on dans cet endroit une des idoles de la Djâhiliyya ? »
- « Non », répondirent ses Compagnons, qu'Allah soit satisfait d’eux.
- « Y célébrait-on une de leurs fêtes ? », demanda-t-il.
- « Non », répondirent-ils.
- « Acquitte-toi donc de ta promesse ! », lui dit alors le Messager d’Allah (). (Abou Dawoud)
Les gens de la Djâhiliyya avaient aussi l’habitude d’immoler des bêtes sur les tombes en hommage aux défunts ; une coutume que l’Islam est venu abolir par le hadith du Prophète () : « Point de sacrifice sur les tombes en Islam » (Ahmad et Abou Dawoud).
Tout ceci nous amène à affirmer que le sacrifice est une pratique cultuelle qui, à l'instar des autres actes de dévotion, doit être exclusivement vouée à Allah, exalté soit-Il, et accomplie telle qu’Il l’a prescrite. Par conséquent, vouer ce culte à un autre qu'Allah est une forme d’idolâtrie majeure qu’Allah ne pardonne pas.
L'Imam an-Nawawî, qu'Allah lui fasse miséricorde, a expliqué le hadith où le Prophète () a dit : «Qu’Allah maudisse quiconque voue un sacrifice à que Lui » par ce qui suit : « Vouer un sacrifice à un autre qu'Allah signifie immoler la bête à sacrifier en prononçant un autre nom que celui d’Allah, le Très Haut, comme celui qui voue son sacrifice à une idole, à une croix, à Moussa (Moïse), à `Issa (Jésus), à la Ka`ba, etc. Tout ceci est prohibé et la viande de la bête immolée demeure prohibée, que celui qui l’a sacrifiée soit musulman, chrétien ou juif. Si cela est dans le but de glorifier et d’adorer celui à qui le sacrifice est voué en dehors d’Allah, le Très Haut, cet acte relève alors de la mécréance ».