Allah est sage et rien n’existe si ce n’est par sagesse. Ceci dit, une ambiguïté subsiste, celle-ci peut être formulée ainsi : Allah n’a pas besoin de nous. Il a décrété certaines choses interdites parce qu’elles nous sont nuisibles et non pas parce qu’il déteste un acte mauvais en soi. Allah n’aime que le bien et Il déteste toute chose blâmable. Est-il exact de d’affirmer qu’Allah a interdit toute chose blâmable et mauvaise parce qu’elle est concrètement nuisible et non pas parce qu’elle est mauvaise et ignoble en soi. Allah déteste tout ce qui est mauvais et ignoble comme le détestent tous les hommes dotés d’une saine nature. Et il ne fait aucun doute qu’Allah n’est en rien comparable à Ses créatures.
Nous espérons que votre réponse sera accompagnée de textes du Coran et de la Sunna et d’exemples afin d’apaiser nos cœurs.
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Il ne fait aucun doute qu’Allah n’interdit rien sans que cette interdiction ne recèle une sagesse. Et cette sagesse ne se limite pas au fait que l’objet de l’interdiction engendre un méfait tangible pour l’homme dans sa vie d’ici-bas. Il y a derrière cela des sagesses que seul Allah englobe de Son savoir. De façon générale, il est possible de prendre connaissance d’une partie de ces sagesses à travers les propos extraits de l’exégèse du savant Al-Râghib al-Asfahânî qui dit :
« Sachez que les interdits religieux sont de trois catégories :
La première : L’interdiction des mauvaises choses et tout ce qui, d’un certain point de vue, ne l’est pas forcément, mais qui est répugnant, comme les mouches, les scarabées et tout autre chose formée à partir des excrétions d’un corps. Ce genre de chose est interdit par la raison et la religion.
La deuxième : Les choses interdites parce qu’on sait qu’elles sont plus néfastes qu’utiles. Certains peuvent penser que ces interdits contiennent malgré tout beaucoup d’utilité et finissent par commettre ce péché en raison de cette illusion de l’esprit.
La troisième : il existe une autre catégorie d’interdits de choses qui, sur le plan mondain, présentent un grand intérêt. Mais cet intérêt n’entre pas dans le cadre des nécessités. Et la raison n’implique en rien que cela soit interdit. Et la religion l’interdit dans certains cas et pas dans d’autres, pour éduquer les âmes à l’adoration et repousser l’autorité que la passion peut exercer sur le fidèle. C’est le cas de l’interdiction de la viande de certains animaux aux enfants d’Israël comme il est dit dans ce verset : « Aux juifs, Nous avons interdit tous les animaux à sabot unique … » (Coran 6/146). Ainsi, Allah indique que c’est lorsqu’ils ont transgressé et furent injustes en faisant obstacle au chemin menant vers la religion que leur furent interdits certains aliments. Ceci à titre de punition d’une part, et d’autre part, pour les éduquer à apprivoiser les passions de leurs âmes. En effet, réduire la consommation de certains aliments permet de diminuer les passions de l’âme. Et pour ce faire, Allah a d’ailleurs enjoint dans toutes les lois révélées de diminuer ces passions par le jeûne. Jeûner permet d’empêcher son âme de succomber à ce qui l’attire. L’objectif étant de ne pas se comporter comme les bêtes de somme qui mangent tout ce qu’elles veulent. » Fin de citation.
C’est pour cela qu’Allah dit :
« Aux juifs, Nous avons interdit tous les animaux à sabot unique. Des bovins et des ovins, Nous leur avons interdit les graisses, excepté celles du dos, des boyaux et celles qui entourent les os. » Et il conclut le verset en disant : « C’est ainsi que Nous les avons punis pour prix de leur rébellion. Nous disons la vérité. » (Coran 6/146).
Dans cette même optique :
« Pour prix de leur iniquité, Nous avons interdit aux juifs les nourritures pures et saines qui leur étaient jusque-là autorisées, mais aussi pour n’avoir cessé de détourner les hommes de Notre voie. » (Coran 4/160).
Dans son exégèse, Al-Sha’rawî dit : « Le croyant doit mettre en application toutes les lois même celles qui concernent l’interdiction de choses qui ne sont pas nuisibles. Qui prétend qu’Allah n’interdit que les choses nuisibles ? Allah peut très bien interdire quelque chose pour éduquer l’homme. Il dit bien dans ce verset : « Pour prix de leur iniquité, Nous avons interdit aux juifs les nourritures pures et saines qui leur étaient jusque-là autorisées. » (Coran 4/160). Ainsi, quand un fidèle met en application une des lois d’Allah, il doit le faire parce qu’Allah l’a légiférée et non pas parce que la sagesse de cette loi lui est d’un intérêt quelconque. Si un fidèle ne mettait en application les lois divines uniquement en fonction de l’intérêt ou du méfait qui en découle, sa foi serait défaillante. Et très souvent, Allah fait en sorte que la sagesse de ses lois apparaisse sous des angles différents de façon à ce que l’homme puisse se rendre compte que sa sagesse est infinie et lui échappe. Le fidèle se dit alors : Je savais que telle loi comportait telle sagesse mais le temps et les évènements m’ont appris que ce qu’Allah disait était effectivement la vérité. » Fin de citation.
Pour ce qui concerne spécifiquement les interdictions de la législation islamique purement monothéiste, la sagesse de ses lois sont la plupart du temps évidentes. La raison en convient, l’accepte et s’y soumet aisément. D’ailleurs, parmi les règles générales du coran et explicites sur ce point, on compte ces versets :
« Dis : " Venez que je vous énonce ce que votre Seigneur vous a réellement prescrit : ne Lui associez aucune divinité, traitez vos père et mère avec bonté, ne tuez pas vos enfants sous prétexte de pauvreté - c’est Nous qui pourvoyons à vos besoins et aux leurs -, fuyez le péché, commis publiquement ou dans l’intimité, n’enlevez pas sans droit la vie qu’Allah a rendue sacrée. Voici Ses commandements que peut-être vous comprendrez. N’usez des biens de l’orphelin que dans son intérêt jusqu’à ce qu’il ait atteint la maturité et faites bonne mesure et bon poids en toute équité. Sachez toutefois que Nous n’imposons à une âme que ce qu’elle peut supporter. Lorsque vous devez rendre un témoignage ou un jugement, fût-ce à l’encontre d’un proche parent, faites-le en toute équité, et honorez vos engagements que vous avez, envers Allah, contractés. Voici Ses commandements dont peut-être vous vous souviendrez. Telle est Ma voie, parfaitement droite. Suivez-la donc et évitez les chemins qui pourraient vous en détourner. Voici Ses commandements que peut-être vous vous garderez de transgresser. " » (Coran 6/151-153).
« Dis : " Mon Seigneur vous interdit seulement de commettre publiquement ou secrètement des actes infâmes, de vous livrer au péché, de vous attaquer injustement à autrui, de Lui associer de fausses divinités sans vous fonder sur la moindre preuve révélée par Lui et de Lui attribuer des prescriptions sans être certains qu’elles émanent de Lui. " » (Coran 7/33).
Dans ce verset, l’interdiction regroupe deux points : le fait qu’Allah déteste ces choses interdites, délaisser ce qui est néfaste dans ce bas monde et dans l’au-delà, acquérir tout ce qui représente un intérêt dans ces deux mondes. Dans son livre Qawâ’id al-Ahkâm, Al-‘Izz ibn Abd al-Salâm dit : « La religion regorge de ce genre de directives. Un verset regroupe toutes ces directives, c’est celui-ci : « Aidez-vous plutôt les uns les autres à pratiquer la vertu et la piété, ne vous aidez pas à commettre le péché et à transgresser. » (Coran 5/2). Ce verset nous interdit de contribuer et d’être la cause d’un méfait et nous enjoint à contribuer et d’être la cause de tout ce qui peut engendrer un intérêt.
Le verset suivant dit : « Allah prescrit l’équité, la bonté et la charité envers les proches, et Il proscrit tout acte infâme, tout comportement répréhensible et toute forme d’injustice. Allah vous exhorte ainsi à bien agir. Mais saurez-vous y réfléchir ?» (Coran 16/90). Il s’agit bien d’une injonction à contribuer et être la cause d’un intérêt et d’une interdiction de contribuer et être la cause de méfaits. Les versets enjoignant à la réforme et réprimandant le mal sont légions. Ils concernent des droits d’Allah et des droits des serviteurs… Les textes du Coran et de la Sunna enjoignent tout ce qui peut relever de l’intérêt, qu’ils soient évidents ou subtils. Ils interdisent également de commettre toute sorte de méfaits, qu’ils soient évidents ou subtils. » Fin de citation.
Dans un autre passage de son ouvrage, il dit :
« Le verset du Coran qui regroupe le plus cette notion d’encouragement à accomplir ce qui relève de l’intérêt et réprimande de commettre des méfaits dans leur ensemble est celui-ci : « Allah prescrit l’équité, la bonté et la charité envers les proches, et Il proscrit tout acte infâme, tout comportement répréhensible et toute forme d’injustice. Allah vous exhorte ainsi à bien agir. Mais saurez-vous y réfléchir ? » (Coran 16/90). Dans ce verset, les termes employés sont cités avec un pronom défini, ce qui, en arabe, signifie que cela englobe toute sorte d’équité, de bonté et de charité. Il ne reste rien de ces notions sans qu’elles soient comprises dans ce verset : l’équité et la bonté les plus évidentes comme leurs formes les plus subtiles. L’équité consiste à faire preuve de justice et de mesure. La bonté revient à susciter un intérêt ou repousser un méfait. Et nous pouvons dire la même chose pour les interdits de ce verset : les actes infâmes, les comportements répréhensibles et les formes d’injustice. Le pronom défini utilisé en arabe dans le verset implique que cela concerne toutes les formes que peuvent revêtir ces notions qu’il s’agisse de paroles ou d’actes. Aussi, l’expression « tout acte infâme » a été cité au singulier (dans le verset en arabe) bien qu’il soit inclus dans chaque comportement répréhensible et forme d’injustice. La raison à cela est que les arabes, lorsqu’ils souhaitent accorder une importance particulière à un fait l’englobe dans une appellation plus générale. Il en est de même de la notion de « charité envers les proches » qui est cité au singulier parce qu’elle s’inscrit dans le cadre de l’équité et de la bonté. » Fin de citation.
Dans son ouvrage Al-Muwâfaqât, Al-Shâtibî dit : « Toute la législation consiste à se parer de bons comportements. C’est pour cela que le Prophète, , a dit : " J'ai été envoyé pour parachever les nobles caractères. " Or, les nobles caractères sont de deux catégories. La première concerne ceux qui sont familiers, relevant de la sagesse et acceptés par les gens. Au début de l’islam, c’est par leur biais qu’on s’adressait aux musulmans. Mais une fois que les principes de la religion s’étaient bien ancrés dans leurs cœurs, on put compléter leur formation par d’autres nobles caractères. Et ce sont ceux-là qui correspondent à la deuxième catégorie. La sagesse de certains préceptes n’était pas forcément évidente à première vue, c’est pour cette raison que leur prescription fut ajournée et remis à plus tard jusqu’à ce qu’on légifère vers la fin de la mission prophétique l’interdiction de l’usure et d’autres faits semblables. Or, tout cela revient en réalité aux nobles caractères. » Fin de citation.
Dans son exégèse, Cheikh Al-Sa’dî a dit : « Allah a interdit aux gens du Livre beaucoup de bonnes choses qui leur étaient auparavant permises. Cette interdiction fut une punition pour leur injustice et leur transgression … Quant aux interdits qui concernent la communauté musulmane, c’est une interdiction qui vise à les exempter des mauvaises choses qui leur sont nuisibles dans ce monde et dans l’au-delà. » Fin de citation.
Dans l’ouvrage Majâlis al-Tafsîr, Al-Shanqîtî a dit : « Allah a interdit ces choses qui sont : la bête morte, le sang et la viande de porc. Et il est bien connu qu’Allah interdit une chose uniquement par sagesse et parce que cela constitue un méfait. Certaines personnes peuvent déceler la sagesse de cette interdiction alors que d’autres peuvent ne pas avoir la capacité de le concevoir. Allah englobe toute chose de Son savoir. Il n’interdit rien si ce n’est par sagesse ou parce que cela comprend des méfaits gravissimes. Ces méfaits, l’homme peut en prendre connaissance tout comme il peut ne pas les cerner. En effet, Allah sait parfaitement toute chose alors que la raison de l’homme peut ne pas être en mesure de comprendre certains faits. » Fin de citation.
Le Coran affirme en plusieurs occurrences qu’Allah n’aime pas ces interdits ni ceux qui les transgressent, comme dans ces versets :
« Garde-toi d’afficher de l’arrogance ou de marcher avec insolence. Allah n’aime pas tout être orgueilleux et prétentieux. » (Coran 31/18).
« Et si tu redoutes d’être trahi par un groupe, alors dénonce ouvertement le pacte qui vous lie, afin d’être sur un pied d’égalité avec lui. Allah n’aime pas les traîtres. » (Coran 8/58).
« A peine ont-ils tourné le dos qu’ils s’évertuent à semer la corruption dans le pays et à ravager les récoltes et le bétail. Or, Allah n’aime pas la corruption. » (Coran 2/205).
« Allah n’aime pas les mauvaises paroles proférées à l’encontre d’autrui, sauf par celui qui est victime d’une injustice. » (Coran 4/148).
Le Prophète, , a dit : « Personne n’aime plus les louanges qu’Allah c’est pour cela qu’il s’est loué. Personne n’est plus jaloux qu’Allah et c’est pour cela qu’il a interdit la turpitude. Et personne n’aime plus les excuses qu’Allah et c’est pour cela qu’il a révélé des livres et suscité les messagers. » Rapporté par Boukhari et Mouslim dont c’est la version.
Et Allah sait mieux.
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