Al-Salâmu ‘Alaykum (que la paix soit sur vous).
Si quelqu'un n'est pas une bonne personne et essaie constamment de nous faire du mal, pouvons-nous invoquer [Allah] de le faire mourir ? Est-ce permis ? [Je me demande si on peut prendre l’exemple] de ce Du’a (invocation), tirée de la tradtion ci-dessous :« Hichâm ibn ‘Urwah a rapporté, sur l'autorité de son père, qu’Allah soit satisfait d’eux, qu'Arwa bint Uwais se disputait avec Sa’îd ibn Zayd puisqu’il avait saisi une partie des terres lui appartenant. Elle a porté ce différend devant Marwân ibn al-Hakam. Sa’îd a dit : ‘Comment pourrais-je prendre une partie de sa terre après ce que j'ai entendu du Messager d’Allah (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) ?’ Il (Marwân) a dit : ‘Qu'as-tu entendu du Messager d’Allah (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) ?’ Il a dit : ‘J’ai entendu le Messager d’Allah (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) dire : ‘Celui qui s’approprie indûment ne serait-ce qu'un empan de terre sera condamné à le porter sous la forme d'un carcan équivalant aux sept couches de terre de la surface volée.’ Marwân a dit : ‘Je ne te demanderai aucune preuve après cela’. Sa’îd a dit : ‘O Allah ! Rends-la, aveugle si elle a dit un mensonge et tue-la alors qu’elle se trouve sur son propre terrain.’ Il (le narrateur) a dit : ‘Elle n'est pas morte avant d'avoir perdu la vue, et (un jour) alors qu'elle marchait sur son terrain, elle est tombée dans une fosse et est morte’. » (Mouslim)
Jazâkum Allahu Khair (qu’Allah vous récompense).
Louange à Allah et que la paix et la, bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
La Charia (législation islamique) permet à une personne lésée d’invoquer [Allah] contre celui qui lui a fait du tort.
Allah, le Très-Haut, dit (selon la traduction du sens du verset) :
« Allah n'aime pas qu'on profère de mauvaises paroles, sauf quand on a été injustement provoqué. Et Allah est Audient et Omniscient. » (Coran 4/148)
Ibn 'Abbâs, , a narré que le Prophète () a dit :
« Allah, le Très-Haut, n'aime pas que quelqu'un [L’] invoque contre un autre, à moins qu'il ne soit opprimé. Il lui a [alors] permis de [L’] invoquer contre celui qui lui a fait du tort. » [Fin de la citation]
Si l'oppresseur invoque Allah, le Très-Haut, pour la mort de la personne opprimée, alors il n'y a rien de mal à ce que la personne opprimée le traite de la même manière et invoque [Allah] pour sa mort. Autrement, implorer Allah, le Très-Haut, pour la mort de l'oppresseur peut ne pas être proportionnel à son injustice. Les oulémas ont exprimé des opinions divergentes concernant l’autorisation de prier Allah pour la mort de l’oppresseur. Certains ont soutenu que c'était permis, citant comme preuve l'histoire de Sa’îd quand il a invoqué Allah à l’encontre de cette femme en disant :
« Ô Allah ! Si elle ment, prive-la de la vue et fais-la mourir sur son terrain. » (Mouslim)
Al-Qurtubi, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit dans Al-Mufhim :
« Les paroles de Sa’îd ‘Ô Allah ! Si elle ment, prive-la de la vue et fais-la mourir sur son terrain’, sont la preuve que Sa’îd croyait qu'il était permis de demander une punition excédant l'injustice commise pour l’oppresseur. Ce hadith révèle un aspect problématique, à la lumière du verset dans lequel Allah, le Tout-Puissant, dit (selon la traduction du sens du verset) :
• « La sanction d'une mauvaise action est une mauvaise action [une peine] identique. » (Coran 42/40)
• « […] quiconque transgresse contre vous, transgressez contre lui, à transgression égale. » (Coran 2/194)
L'aspect problématique est que, tout comme il est interdit de prendre à l'oppresseur ou à l'usurpateur ce qui se situe au-delà du Qisâs (talion) prescrit, ou au-delà de ce qu'il a pris, il est également interdit d’invoquer [Allah] contre lui en Lui demandant de lui infliger un mal qui va au-delà du mal qu'il a fait […] La réponse à cela est qu'il y a une différence entre implorer que l'oppresseur soit affligé de ce qui dépasse son injustice et exiger que lui soit infligée une punition qui se situe au-delà de son injustice. C'est parce qu'une invocation n'a pas de réponse irrévocable. En conséquence, si la personne lésée fait une telle supplication en raison de sa détresse causée par son grief et la gravité de sa souffrance, nous ne disons pas qu'elle a commis un acte interdit. La plus grande objection à son acte serait d’avoir laissé de côté ce qui est mieux à cet égard, étant soutenu par la loi islamique et pour ne pas avoir adhéré à la patience (qui est meilleure et plus vertueuse). » [Fin de la citation]
En revanche, certains oulémas sont d'avis que la permission, à cet égard, n'est pas fondée et que la personne lésée ne devrait qu’implorer [Allah] afin que l'oppresseur se voie infliger une punition proportionnée à l'injustice qu'il a commise. Le savant malékite Al-Nafarâwi, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit dans Al-Fawâkih al-Dawâni :
« Al-Qarâfi a dit : ‘Invoquer [Allah] à l’encontre de l'oppresseur peut prendre plusieurs formes :
Premièrement, il est juste de supplier [Allah] qu'un oppresseur (un dirigeant injuste) soit destitué afin d’éliminer son injustice.
Deuxièmement, il devrait être interdit d’implorer qu'il soit privé de ses enfants, de sa famille et autres parmi ses proches ainsi que ceux de qui aucun tort n’a été subi parce que cela reviendrait à nuire à ceux qui ne lui ont pas fait de tort.
Troisièmement, il est interdit d’implorer Allah, le Très-Haut, de le faire tomber dans un péché, comme être affligé de dépendance à l'alcool, de médisance ou de calomnie parce que souhaiter que les autres tombent dans le péché est en soi un péché.
Quatrièmement, il n’est pas non plus acceptable d’implorer qu'il soit affligé de dommages physiques au-delà de ce qu'il mérite comme punition pour son injustice.
À cet égard, Allah, le Très-Haut, dit (selon la traduction du sens du verset) :
« […] Donc, quiconque transgresse contre vous, transgressez contre lui, à transgression égale […] » (Coran 2/194) [Fin de la citation]
Il n'y a pas de doute qu'il vaille mieux adhérer à la patience que d’invoquer [Allah] à l’encontre de l'oppresseur ou invoquer [Allah] de le châtier en proportion de son injustice que de [L’] invoquer afin qu’Il lui inflige un mal plus grand. En vérité, la prudence par rapport à notre religion est un accomplissement incomparable.
Et Allah sait mieux.
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