En ce qui concerne les cuisses : est-ce qu’elles sont considérées comme des parties intimes (‘Awra) qu’il ne faut pas découvrir en prière ou non ?
Il y a plusieurs problématiques auxquelles je n’ai pas trouver de réponses pour ce qui est de déterminer ce qui fait partie des parties intimes. Ce sont les suivantes :
-1 : S’il n’y a aucun hadith authentique qui prouve que les cuisses sont considérées en prière comme une partie intime, alors comment avez-vous su qu’elles sont considérées comme telles. Et ce, malgré le fait que de nombreux hadiths prouvent que les cuisses n’en font pas partie et sont d’un degré d’authenticité supérieur à ceux qui disent qu’elles sont une partie intime ?
-2 : Il y a un hadith qui dit qu’un homme ne doit pas prier sans avoir les épaules recouvertes. C’est un hadith clair et explicite qui prouve que les épaules sont considérées comme une partie intime à ne pas dévoiler en prière. Malgré cela, vous n’affirmez pas qu’il n’est pas permis de se découvrir les épaules. Vous soutenez que les parties intimes correspondent à la partie du corps comprise entre le nombril et les genoux. Ce qui est vraiment étonnant.
-3 : Les écoles de jurisprudence émettent des avis différents sur cette question : est-ce que les cuisses sont considérées comme une partie intime en prière ou non ? Je pense que l’imam Malik ou certains savants de son école sont d’avis qu’il est permis de prier les cuisses découvertes. Est-ce que je peux agir en fonction de leur avis sur cette question ?
-4 : Quel est le critère qui vous permet de distinguer, en prière ou en dehors de la prière, que les cuisses sont une partie intime ? Ce que je veux dire ici est pourquoi les cuisses seraient-elles considérées comme une partie intime en prière alors qu’elles ne le seraient pas en dehors de la prière ?
En résumé, je ne cherche pas à savoir comment accomplir ma prière de la façon la plus complète. Je veux uniquement savoir si le fait de prier les cuisses découvertes annule la prière ou non ? J’ai cherché dans tous les sites islamiques et leurs réponses tournent toujours autour du fait qu’il est obligatoire de revêtir ses plus beaux habits en tout lieu de prière et de l’accomplir de la façon la plus complète possible. Ils évitent autant que faire se peut de donner une réponse claire à la question suivante : est-ce que les cuisses sont considérées comme une partie intime en prière ou non ?
Et si les juristes ont divergé sur cette question, est-il possible d’œuvrer selon l’avis qui soutient qu’il est permis de prier avec les cuisses ou la moitié des cuisses découvertes ? Pouvez-vous mentionner le nom de l’école de Jurisprudence qui soutient cet avis de façon à ce que je puisse effectuer des recherches. Je me répète, en espérant que vous comprendrez ma requête, je ne vise pas à accomplir la prière de la façon la plus parfaite et revêtir mes plus beaux vêtements pour le faire. Je veux une réponse claire : est-ce permis ou non.
Qu’Allah vous récompense par un bien.
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Affirmer comme vous le faites qu’il n’existe pas de hadiths authentiques prouvant que les cuisses sont une partie intime est un point de vue que nous ne partageons pas avec vous. Plusieurs hadiths ont été rapporté sur cette question. Et, réunis, ils se renforcent et permettent de s’y référer en tant qu’argument juridique.
Parmi ces hadiths, celui rapporté par Ibn Mâjah et Abû Dâwûd selon Ali où le Prophète, , a dit : « Ne découvre pas tes cuisses et ne regarde pas les cuisses d’un homme qu’il soit mort ou vivant. »
Selon Mohammed ibn Jahsh : le Prophète, , passait devant Ma’mar qui avaient les cuisses découvertes. Il lui dit : « Ô Ma’mar, couvre tes cuisses car elles font partie des parties intimes à ne pas dévoiler. » Rapporté par Ahmad et Boukhari dans son Tarikh. Les hommes qui ont rapporté ce hadith font partie de ceux qui ont rapporté les hadith du recueil de Boukhari à l’exception de Abû Kathîr au sujet duquel aucune éloge ni critique n’a été faite comme le dit Ibn Hajar.
Selon Ibn Abbâs, le Prophète, , a dit : « Les cuisses sont une partie intime. » Rapporté par Tirmidhi et Ahmad en ces termes : « le Prophète, , passait devant un homme qui avaient les cuisses découvertes. Il lui dit : « Couvre tes cuisses car elles font partie des parties intimes à ne pas dévoiler. »
Selon Jarhad Al-Aslamî : le Prophète, , passait devant moi. Je portais un manteau duquel sortaient mes cuisses et étaient donc à la vue des gens. Il me dit : « Couvre tes cuisses car elles font partie des parties intimes à ne pas dévoiler. » Rapporté par Tirmidhi qui précise : c’est un hadith bon et Ibn Hibbân le juge authentique.
Ces hadiths, ainsi que d’autres, vont dans le sens de l’avis de la majorité des savants sur cette question, c’est-à-dire que les parties intimes d’un homme sont comprises entre son nombril et ses genoux. D’autres hadiths authentiques nous donnent des informations différentes, ce qui a conduit plusieurs savants à adopter un autre avis. Et nous ne nions pas le fait que cette question soit objet de divergence entre les savants. Cependant, nous considérons que l’avis prépondérant est celui tenu par la majorité des savants. Et ce, parce que les hadiths sur lesquels ils s’appuient ont une formulation qui énoncent une affirmation du statut. Or, conformément aux règles de compréhension des textes scripturaires, une affirmation prévaut sur une infirmation. Une autre raison qui justifie notre position est la suivante : les hadiths sur lesquels s’appuient ceux qui s'oppose à l'avis de la majorité des oulémas font référence à des évènements et des situations qui supposent une éventualité qu’ils aient été abrogés ou peuvent être interprétés autrement.
Dans son ouvrage Sharh Al-Muntaqa, Shawkânî soutient la position de la majorité des savants et expliquent la divergence sur cette question. Il dit : « Al-Nawawi a dit : la plupart des savants sont d’avis que les cuisses sont une partie intime. Ahmad et Malik selon une version qui leur est attribué affirment : « les parties intimes correspondent uniquement au sexe et au postérieur. » C’est aussi l’avis des Ahl Al-Dhâhir (les littéralistes), d’Ibn Jarîr, d’Al-Istakhrî. Ibn Hajar a dit : il n’est pas sûr qu’Ibn Jarîr soit de cet avis. En effet, dans son livre Al-Tahdhîb, il a évoqué cette question et a réfuté l’avis de ceux qui prétendent que les cuisses sont une partie intime. Ils se sont appuyés sur des hadiths que nous verrons dans le chapitre suivant. La vérité est que les cuisses font effectivement partie des parties intimes. Le hadith de Ali que nous avons cité, bien qu’à lui seul il ne peut faire office d’argument, n’est pas le seul. D’autres hadiths ont été rapporté sur cette question et ils sont tout à fait valables pour s’y référer et appuyer notre position comme vous le constaterez.
Quant aux deux hadiths rapportés par Aisha et Anas que nous allons voir au chapitre suivant, ils ont tous les deux été rapporté dans le cadre de situations particulières et spécifiques. Il est donc tout à fait vraisemblable que cela concerne un cas spécifique ou mentionne une situation où cela est permis alors que ce n’est pas le cas des autres hadiths rapportés sur cette question puisque ceux-ci font mention d’un statut global et d’une loi générale. Il faut donc en premier lieu agir en fonction de ceux-ci, comme le dit Al-Qourtubî. » Fin de citation.
Ayant pris connaissance de ces faits, vous savez maintenant que, contrairement à ce que vous prétendez, nous n’établissons aucune distinction sur le statut des cuisses en tant que parties intimes, que ce soit en prière ou en dehors de la prière. L’avis que vous nous attribuez n’est pas exact. Au contraire, l’avis que nous adoptons, en fonction duquel nous délivrons nos fatwas, est celui de la majorité des savants : les cuisses sont une partie intime, en prière et en dehors de la prière, comme vous le savez maintenant.
Aussi, il n’y a aucun mal à ce qu’un fidèle imite l’avis d’un savant en lequel il a confiance.
Pour ce qui est de couvrir ses épaules en prière : Le hadith qui défend de les laisser découverte en prière est rapporté de source sûre et figure dans le recueil authentique de Boukhari, comme vous l’avez mentionné. La plupart des savants en ont déduit qu’il est recommandé de prier les épaules couvertes en raison d’autres considérations qui les obligeaient à en juger ainsi. Notamment, le fait que le Prophète, , a prié dans un vêtement dont le bout était suffisamment long pour toucher une de ses femmes à proximité.
Al-Khattâbî a dit : « Il est bien connu que le bout du vêtement qu’il portait n’était pas suffisamment large pour le passer autour de sa taille et en même temps suffisamment long pour recouvrir aussi ses épaules. » Fin de citation.
Un autre de ces hadiths est celui où le Prophète, , à intimer l’ordre de se revêtir d’un pagne et de prier en le portant s’il était court. Ce qui implique forcément qu’il autorise à prier les épaules découvertes.
La question est objet de divergence. L’avis en vigueur dans l’école Hanbalite est qu’il est obligatoire de se couvrir une des deux épaules dans la prière obligatoire si on a la possibilité de le faire.
Dans tous les cas, les problématiques que vous avez énoncées émanent du fait que vous n’avez pas pris en considération la totalité des preuves juridique en rapport à cette question. Vous ne vous êtes pas penché sur la totalité des sources des savants et leurs arguments de référence. Ce que nous vous avons expliqué sera à même d’éradiquer toutes ces problématiques et vous éclairera sur le juste avis.
Et Allah sait mieux.
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