Je souhaite qu’une question soit traitée dans le détail. Elle est en lien avec la réfutation d’une ambiguïté. Il s’agit d’une compréhension limitée des textes du Coran et de la Sunna. Par exemple : depuis plusieurs siècles, il est dit au sujet de l’exégèse de ce verset : « Lui seul sait ce que portent les matrices. » qu’Allah est le seul qui sait si le nouveau-né sera un garçon ou une fille. Or, depuis que nous savons quel peut être le sexe de l’enfant via l’échographie, on entend dire que ce verset signifie qu’Allah sait quelle sera sa subsistance et son délai de vie.
Et je ne suis pas convaincu par cette façon de procéder, c’est-à-dire changer la façon d’expliquer le Coran pour éviter les ambiguïtés de l’époque. Cela s’apparente à de la ruse et une tentative de valider un fait en faisant abstraction de savoir si cela est effectivement authentique.
Je ne polémique pas au sujet du Coran bien sûr. Mais il n’est pas valable de se référer ainsi à des versets pour prouver qu’il n’y a pas de contradiction. Cette question n’est pas issue d’une perturbation psychologique (un waswas) - Qu’Allah vous récompense par un bien – mais j’ai besoin d’avoir une réponse.
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Les indications d’un texte du Coran et de la Sunna ne sont pas tous d’une seule et même catégorie. Certains textes ne supportent qu’une seule signification, comme ce verset :
« Une fois en mesure d’accomplir le pèlerinage, celui qui aura joui d’une vie normale entre le petit et le grand pèlerinage devra s’acquitter d’un sacrifice selon ses moyens. Que celui qui n’en trouve pas les moyens jeûne trois jours durant le pèlerinage et sept lorsqu’il sera de retour, soit dix jours entiers. » (Coran 2/196).
D’autres textes ont une portée globale et peuvent signifier plusieurs choses à la fois dans un même temps. C’est le cas de ce verset :
« Les femmes répudiées doivent observer un délai de viduité de trois Qurû’ (menstruations). » (Coran 2/228).
Or, le terme Qurû’, employé dans le verset (et traduit par le terme menstruations) peut aussi signifier période de pureté. C’est donc en fonction d’autres textes qu’on pourra déterminer le sens voulu.
D’autres textes ont un sens apparent et peuvent avoir d’autres significations. Mais l’une de ses significations est plus probante qu’une autre. On désignera la signification la plus probante comme le sens apparent, et celle qui l’est moins comme un sens interprété. Et comme il est bien connu, L’avis d’un savant qui fait suite à un effort de réflexion est quelque chose de relatif. Il peut différer en fonction des causes qui l’ont conduit à émettre cet avis et en fonction des efforts des savants pour les émettre. C’est pourquoi les savants divergent pour déterminer le sens voulu du sens apparent d’un texte.
Et plus particulièrement dans le cadre de l’exégèse, les exégètes recourent souvent à des explications par des exemples. Ils ne veulent pas signifier que leur exemple soit le sens même du verset ou qu’il s’y retreint.
Cheikh Al-Islam ibn Taymiyya a dit dans son livre Muqaddima Fî Usûl Al-Tafsîr : « La plupart des divergences entre les prédécesseurs au sujet de l’exégèse, pour celles qui sont authentiques, reviennent à une divergence de variété possible des significations du verset et non pas à une divergence dont les sens du verset s’opposeraient. Ces divergences sont de deux sortes :
1 : Chaque compagnon exprime le sens du verset avec une expression qui lui est propre. Et chacune des deux expressions revêt un sens différent.
2 : Chacun des compagnons mentionnent une des catégories d’une notion générale pour donner un exemple et une information sur cette catégorie. Et non pas pour en donner une définition exacte et restreinte de sa généralité et de sa spécificité. » Fin de citation.
Partant, ce que certains exégètes ont mentionné concernant ce verset : « Lui seul sait ce que portent les matrices. » (Coran 31/34), qu’il s’agit du sexe de l’enfant. Ce n’est là qu’un exemple et concerne qu’une étape de la grossesse et non pas toutes les étapes ni toutes les situations. De nombreux savants ont, par le passé, donné d’autres exemples. Certains ont ajouté : Allah sait si l’enfant sera sain ou malade, parfaitement constitué ou handicapé, croyant ou mécréant, damné ou bienheureux.
Dans son exégèse Al-Nukat Wa Al-‘Uyûn, Al-Mawardi a dit : « Ce verset : « Lui seul sait ce que portent les matrices. » peut être compris de deux points de vue :
1 : l’enfant sera-t-il un garçon ou une fille, sera-t-il en bonne santé ou malade.
2 : L’enfant sera-t-il croyant ou mécréant, damné ou heureux. » Fin de citation.
Dans son exégèse intitulé Anwâr Al-Tanzîl, Al-Baydâwî a dit concernant ce même verset : « c’est-à-dire est-ce que l’enfant sera un garçon ou une fille ? Parfaitement constitué ou handicapé ? » Fin de citation.
Dans son exégèse intitulé Al-Tahrîr Wa Al-Tanwîr, Al-Tâhir ibn ‘Âchûr a dit au sujet de ce même verset : « Allah est le seul à savoir ce qui concerne toutes les étapes de sa formation, de ce liquide, puis un corps s’accrochant à la matrice, puis de ce dernier une masse de chair, puis s’il sera un garçon ou une fille. Et durant toutes ces étapes, il en a une connaissance précise. Il a employé le temps de l’indicatif (Al-Mudâri’ en arabe) pour indiquer que son savoir se renouvelle en fonction du changement de ces étapes et de ces situations. Le sens est donc : Allah est le seul à connaitre toutes les étapes que les gens ne connaissent pas. » Fin de citation.
Aussi, si on devait s’opposer au sens du verset comme il a été fait dans la question alors la problématique ne se limiterait pas à la connaissance de ce qu’il y a dans les matrices mais s’étendrait à d’autres domaines comme la connaissance du moment de la tombée de la pluie et du moment où mourront certaines personnes touchées par certaines maladies et autre.
Ce qui dissipe cette problématique et d’avoir en tête la différence claire entre d’une part, le savoir d’Allah qui est inhérent à Son entité et qui englobe toute chose, les plus subtiles et dans le moindre détail. Sa connaissance ne s’interrompt pas et ne change pas. Et d’autre part, la connaissance des hommes qui a été acquise à partir des causes qui lui ont permis, via la quantité de ses causes et ses modalités. Une connaissance précédée d’ignorance et qui sera suivie de défaillance !
Enfin, il faut aussi faire la différence entre la compréhension d’une preuve et la preuve en tant que telle. Entre le texte du Coran et notre compréhension de sa signification. Le Coran est en soi une vérité qui ne souffre d’aucun doute. Mais la compréhension que les gens en ont, peut être juste ou fausse.
Et Allah sait mieux.
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