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L’interdiction de parler avec des femmes étrangères sans en avoir besoin n’est pas liée à un consensus sur la question

Question

Discuter avec une femme qui nous est étrangère est-il interdit à l’unanimité des savants ? Bien des gens de nos jours discutent avec des femmes qui leur sont étrangères sous prétexte qu’ils sont comme frères et sœurs. Ils sortent ensemble au restaurant seuls.
Ma question : Y a-t-il un consensus des savants concernant l’interdiction de parler avec une femme étrangère sans besoin de le faire ?
Dans le cas où il n’y aurait pas de consensus sur cette interdiction, quels sont les avis des savants sur cette question puisque certains affirment : ‘’ Il convient d’entretenir les liens de parenté avec tes cousines et leur rendre visite sans se retrouver isolé avec elles.’’
Est-il permis de leur parler ainsi et de rigoler ensemble ?!
Ce qui m’importe dans cette question est : y a-t-il un consensus ou non ?

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :

Dans un premier temps, nous attirons l’attention sur le fait qu’agir en fonction des statuts légaux ne dépend pas d’un consensus avéré ou non. Mais plutôt, d’agir en fonction du statut qu’on considère comme tel en fonction de la preuve juridique sur laquelle on se réfère pour se faire – si le fidèle est apte à le faire – ou en imitant l’avis d’un savant de confiance. Il est dans ce cas obligatoire d’agir en fonction de cet avis et il n’est pas valable de délaisser tout acte pour la seule raison qu’il y a une divergence entre les savants au sujet du statut de cette question.
Dans son ouvrage Jâmi’ Bayân Al-‘Ilm Wa Fadlihi, Ibn Abd Al-Barr dit : « La divergence n‘est pas un argument d’autorité juridique auprès de tous les savants que j’ai pu connaitre, sauf ceux qui n’ont aucune clairvoyance ou connaissance ou aucun argument pour appuyer leurs avis. » Fin de citation.
Comme cela est mentionné dans le Majmû’ Al-Fatâwa, Cheikh Al-Islam ibn Taymiyya a dit : « Justifier d’un statut légal en se basant sur une divergence entre les savants est une démarche fausse en soi. La divergence n’est pas une caractéristique à laquelle le législateur lie les statuts légaux. La divergence au sujet du statut n’est survenue qu’après la mort du Prophète () mais ceux qui n’ont pas connaissance des preuves juridiques agissent ainsi par prudence. » Fin de citation.
Quant aux discussions entre un homme et une femme qui lui est étrangère, ou l’inverse, sans qu’il n’y ait besoin de le faire, c’est une porte menant vers la tentation.
Al-Khâdimî – un savant est de l’école Hanafite qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit dans son livre Barîqa Mahmûdiya : « Il n’est pas permis de parler avec une jeune femme étrangère si on n’a pas besoin de le faire puisque cela est susceptible de conduire à la tentation. » Fin de citation.
La législation islamique applique le principe de précaution de sorte à entraver tous les chemins conduisant à ce qui est interdit. Allah a décrété que la fornication est illicite et a interdit de s’en approcher ou de se mêler à tout ce qui peut en constituer un moyen d’y arriver ou de le susciter. Allah dit : « Et n'approchez point la fornication. En vérité, c'est une turpitude et quel mauvais chemin ! » (Coran 17/32).
Ibn Kathir – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit dans son exégèse, à l’endroit de ce verset : « Le Très-Haut interdit à Ses serviteurs de commettre la fornication, de s’en approcher et leur ordonne de s’éloigner des voies y menant. » Fin de citation.
C’est pour cela que des savants sont d’avis qu’il est interdit de saluer une femme étrangère lorsqu’on n’est pas à l’abri de la tentation.
Dans son ouvrage Al-Adhkâr, Al-Nawawi a dit : « En ce qui concerne la femme avec l’homme, l’imam Abû Sa’d al-Mutawallî a dit : « Si c’est son épouse, sa servante ou une femme avec qui il lui est interdit de se marier, elle est pour lui comme un homme. Il est donc recommandé à chacun d’entre eux de saluer en premier et est obligatoire à l’autre de répondre au salut. En revanche, si c’est une femme avec qui il peut se marier, qu’elle est belle et qu’on craint qu’il soit tenté par elle il ne doit pas la saluer. S’il le fait tout de même, il n’est pas permis à la femme de lui répondre. Elle ne doit également pas le saluer en premier et si elle le fait, elle ne mérite pas d’obtenir de réponse. Cependant s’il lui répond, cela est répréhensible. En revanche, si c’est une vieille femme et qu’il n’est pas tenté par elle il est permis à celle-ci de le saluer et celui-ci doit obligatoirement lui répondre. De plus, si les femmes sont en groupes, elles peuvent lui passer le salut. Cela vaut également pour un grand nombre d’hommes qui saluent une femme seule si on ne craint pas pour eux tous qu’ils soient tentés. » Fin de citation.
En commentaire à l’intitulé du chapitre ‘’ des salutations des hommes aux femmes et des femmes aux hommes’’ du recueil de Boukhari : Ibn Hajar a dit : « Ce qui est voulu ici est qu’il est permis si on est sûr d’être à l’abri des causes de la tentation…
Al-Halîmî a dit : le Prophète () était à l’abri de toute tentation en vertu de l’immunité dont il bénéficiait. Celui qui considère être à l’abri de tentation, qu’il salue, sinon le silence est plus salutaire. » Fin de citation en résumé.
Dans son ouvrage Kashshâf Al-Qinâ’, Al-Bahûtî a dit : « Si un homme salue une jeune femme, celle-ci ne devra pas lui répondre pour couper court à tout méfait. » Fin de citation.
Les discussions entre hommes et femmes sans que cela ne soit motivé par un besoin, et comme cela est répandu, dans les réseaux sociaux, les jardins publics et autres. De même que les sorties d’une femme avec un homme au restaurant et autres lieux de loisirs. Tout cela est une porte menant à la tentation. C’est un chemin qui conduit à un grand mal. Aucun homme doué de raison ne doute que cela est interdit et constitue une cause menant vers le mal et permet de tomber dans la turpitude.
En revanche, parler avec une femme étrangère quand il y a un besoin de le faire et à l’abri de tentation, cela est permis. Entre dans ce cadre l’entretien des liens de parenté avec les membres qui ne sont pas des Mahram comme les cousins paternels et maternels et les cousines, il est permis de les saluer, de parler avec eux, à hauteur de ce qui permet d’entretenir les liens du sang à condition d’être à l’abri de la tentation.
La majorité des savants sont d’avis qu’il est recommandé d’entretenir les liens avec eux. D’autres savants, comme l’imam Ahmad – qu’Allah lui fasse miséricorde – sont même d’avis que cela est obligatoire. C’est pour cela qu’on rapporte de lui que cela est obligatoire de saluer dans ce genre de situations.
Dans son livre Al-Âdâb Al-Shar’iyya, Ibn Muflih– qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : « Al-Muthanna a dit : j’ai dit à Abu Abdillah : un homme a des proches de sa famille qui sont des femmes et ne quittent pas le lieu où il se trouve. Que lui incombe-t-il en matière de piété filiale et combien de fois doit-il les voir ? il dit : Il doit être compatissant et les saluer. » Fin de citation.
Il y est aussi dit : « Un homme lui a aussi dit que sa cousine parlait sur lui, se montrait injuste et l’insultait et même l’accusait à tort. Il dit : salue-la quand tu la croises et coupe court à tout conflit grave. » Fin de citation.
Et Allah sait mieux.

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