Quel est le sens de l'expression "scellement du cœur" ? Je suis un jeune homme qui lit le Coran régulièrement, pratique les dhikr (invocations), et veille à accomplir la prière à la mosquée. Cependant, Satan me murmure et me fait craindre qu'Allah ait apposé un scellement sur mon cœur à cause des péchés que j'ai commis dans le passé, même si j'ai achevé la lecture du Coran de nombreuses fois et que j'ai multiplié les demandes de pardon (istighfar). Il me dit que celui sur le cœur duquel Allah a apposé un scellement n'entrera jamais au Paradis, même s'il accomplit les actions des gens du Paradis.
Je vous prie de bien vouloir éclaircir cette question. Qu'Allah vous récompense par le bien.

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :

Le scellement du cœur désigne un sceau apposé sur celui-ci, l’empêchant d’être guidé vers la vérité et de la comprendre. Ibn Jarir explique dans son Tafsîr que le terme khatm signifie "scellement" ou "sceau". Il ajoute : « Al-khatam est le sceau lui-même. On dit : khatamtu al-kitâb – j’ai scellé le livre – c’est-à-dire que je l’ai clos et marqué d’un sceau. » Mujâhid rapporte que les péchés encerclent progressivement le cœur jusqu’à l’envelopper totalement. Cette jonction constitue ce qu’il appelle at-tab, c’est-à-dire le scellement.

As-Suyûtî mentionne dans Tanwîr al-Hawâlik l’interprétation d’Al-Bâjî : « Le scellement signifie que le cœur devient semblable à un objet scellé, inaccessible au bien. »

Cependant, cela ne signifie pas que celui dont le cœur a été scellé est irrémédiablement perdu ou incapable de se repentir. Bien au contraire : la guidée et le repentir restent possibles si Allah lui accorde Sa grâce et ouvre son cœur après l'égarement.

Ibn al-Qayyim affirme dans Shifâ’ al-‘Alîl :

« Il est important de comprendre que la foi peut advenir même après le scellement, le verrouillage ou la fermeture du cœur. Car Celui qui a scellé ce cœur peut aussi en ôter le sceau, le libérer et l’ouvrir par Ses clés de succès, qui n’appartiennent qu’à Lui. Il peut guider après l’égarement, enseigner après l’ignorance, illuminer après l’obscurité. Même si le front de cette personne portait l’inscription du malheur et de l’impiété, Allah peut les effacer et y inscrire la félicité et la foi. Si cette personne, bien que scellée, en ressent de l’aversion, supplie Allah de l’en délivrer et s’efforce sincèrement de revenir à Lui, alors la guidée est toute proche. Mais si le scellement se durcit, il finit par empêcher même ce rejet intérieur et cette demande de secours. »

C’est pourquoi nous vous annonçons avec certitude que la porte du repentir reste toujours ouverte. Allah, par Sa miséricorde infinie, se réjouit du retour de Ses serviteurs vers Lui. Dans un hadith rapporté par Abû Hurayra et consigné par Al-Bukhârî, le Prophète () a dit :

« Allah se réjouit plus du repentir de Son serviteur que l’un de vous ne se réjouirait de retrouver sa monture, perdue dans un désert dangereux avec sa nourriture et sa boisson. »

Sachez que même si vos péchés atteignaient les nuages du ciel, si vous reveniez sincèrement à Allah, Il vous accorderait Son pardon, quel que soit le poids de vos fautes. Allah, exalté soit-Il, dit :

« Dis : "Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde d’Allah. Certes, Allah pardonne tous les péchés. Il est Le Pardonneur, Le Très Miséricordieux." » (Coran 39/53)

Il ne s’adresse pas ici simplement à ceux qui ont péché, mais à ceux qui ont exagéré, multiplié les fautes. Et même le plus grave des péchés, le polythéisme, est pardonné si l’on s’en détourne et que l’on se repent. Allah dit encore :

« Et ceux qui n'invoquent aucune autre divinité avec Allah, et ne tuent point la vie qu'Allah a rendu sacrée, sauf à bon droit, et ne se livrent pas à la fornication ; quiconque fait cela encourra une punition et le châtiment lui sera doublé, au Jour de la Résurrection, et il y demeurera éternellement, couvert d’ignominie excepté celui qui se repent, croit et accomplit une bonne œuvre ; ceux-là, Allah changera leurs mauvaises actions en bonnes actions. Et Allah est Pardonneur et Miséricordieux. » (Coran 25/68-70)

Dans un hadith qudsî rapporté par Ahmad et At-Tirmidhî (et jugé authentique par ce dernier), Allah dit :
« O fils d’Adam ! Si tu venais à Moi avec des péchés remplissant la terre et que tu me rencontres sans rien m’associant, Je viendrais à toi avec son contenu de pardons. O fils d’Adam ! Si tes péchés atteignaient le ciel et qu’ensuite tu me demandes pardon, Je te pardonnerai, sans tenir compte de leur nombre. »

Ne crois donc pas que tes péchés soient plus graves que ceux de l’homme qui tua 99 personnes et a complété la centaine en tuant un dévot, simplement parce qu’il lui avait dit qu’il n’y avait pas de repentance pour lui. Pourtant, lorsqu’on lui indiqua la voie du repentir, il s’y engagea sincèrement, abandonna la terre du péché, et Allah accepta sa repentance. Ce récit est rapporté par Ahmad et Ibn Mâjah, et authentifié par Al-Albânî.

En vérité, le fait que tu sois convaincu qu’Allah peut sceller le cœur en raison des péchés prouve ta foi en Lui. Et ta persévérance dans la prière, la lecture du Coran, le rappel (dhikr) et la demande de pardon sont autant de flèches que tu as lancées contre Satan. Lorsqu’il n’a pas réussi à t’éloigner de ces actes, il a tenté une autre approche : te pousser au désespoir de la miséricorde divine. Or, c’est là une voie périlleuse. Allah dit : « Seuls les mécréants désespèrent de la miséricorde d’Allah. » (Coran 12/87)
Car si tu désespères, tu abandonneras les œuvres pieuses, et Satan remportera alors sa victoire. Sois donc sur tes gardes, et sache qu’Allah accepte le repentir sincère, et qu’Il s’en réjouit.

Et Allah sait mieux.