Il y a environ un an, j’ai prêté une somme d’argent à l’un de mes amis. Pour cela, j’ai vendu une partie de mon or, car j’ai l’habitude d’épargner en or plutôt qu’à la banque, de peur de tomber dans une forme de soupçon d’usure. Mon intention était sincère, uniquement pour Allah, car je croyais qu’il avait réellement besoin de cet argent, et j’ai donc considéré ce prêt comme un qard hasan (prêt d’honneur).
Mais, avec le temps, j’ai remarqué qu’il mène une vie entièrement fondée sur l’endettement : il emprunte continuellement aux gens, inscrit ses enfants dans des écoles privées et offre le sacrifice de l’Aïd, alors même qu’il n’en a pas les moyens.
Je suis satisfait de ce que j’ai fait et j’espère en recevoir la récompense auprès d’Allah ; toutefois, il m’arrive d’éprouver un sentiment de regret, car j’ai vendu mon or à un prix déterminé, et si je l’avais conservé, sa valeur aurait aujourd’hui augmenté. Lui, en revanche, agit selon son intérêt et celui de ses enfants.
Est-ce que la récompense du qard hasan disparaît à cause de ce sentiment ?
Est-il permis, à l’avenir, que je prête de l’or et qu’on me rembourse en or du même poids et du même titre, afin d’en préserver la valeur ? Cela diminue-t-il ou affecte-t-il la récompense du prêt d’honneur ?
Enfin, je souhaiterais un conseil religieux sur la manière de me comporter avec ceux qui s’habituent à emprunter sans réelle nécessité, afin d’éviter l’embarras ou l’exploitation de ma bonne foi, ainsi qu’un conseil à adresser à mon ami.
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
1. À propos du premier point :
Le simple fait de regretter la perte de la valeur de l’or n’annule pas la récompense du qard hasan, surtout si cette pensée n’est pas motivée par le regret d’avoir fait une bonne action, mais par la découverte que l’emprunteur n’était pas réellement dans le besoin, contrairement à ce que vous pensiez.
2. Concernant le prêt en or :
Il est permis de prêter de l’or, à condition que ses caractéristiques (poids, titre, etc.) soient clairement définies.
Cela n’affecte en rien la récompense du prêt, puisque le prêteur ne récupérera que l’équivalent exact de ce qu’il a donné, sans en tirer aucun profit. Il demeure donc dans la bienfaisance (ihsân).
Cependant, s’il préfère prêter de l’argent pour faciliter la restitution à l’emprunteur, sa récompense sera encore plus grande.
3. Au sujet de l’habitude d’emprunter sans nécessité :
La dette est une lourde responsabilité et un fardeau pesant sur celui qui la contracte. Il n’est donc pas convenable de s’y engager sans nécessité réelle.
Le Prophète () a dit :
« Ne vous exposez pas à la peur après la sécurité. »
Les Compagnons demandèrent : « Et qu’est-ce que cela, ô Messager d’Allah ? »
Il répondit : « La dette. » (Rapporté par Ahmad, Abû Ya‘lâ, al-Hâkim et al-Bayhaqî. Al-Hâkim a jugé que la chaîne de ce hadith est bonne.)
Ibn ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui et de son père) rapporte également que le Prophète () a dit :
« Quiconque meurt alors qu’il a une dette d’un dinar ou d’un dirham, elle sera payée par ses bonnes actions, car il n’y aura là-bas ni dinar ni dirham. » (Rapporté par Ibn Mâjah.)
Et Muhammad ibn ‘Abd Allah ibn Jahsh (qu’Allah soit satisfait de lui) a dit :
« Le Messager d’Allah () était assis à l’endroit où l’on pose les cercueils. Il leva la tête vers le ciel, puis la baissa et posa sa main sur son front en disant : Subhân Allah ! Subhân Allah ! Quelle rigueur a été révélée ! »
Nous fûmes saisis de crainte et nous gardâmes le silence. Le lendemain, je lui demandai : “Ô Messager d’Allah, quelle est cette rigueur qui a été révélée ?”
Il répondit : “Concernant la dette ! Par Celui qui tient mon âme entre Ses mains, si un homme était tué dans le sentier d’Allah, puis ressuscitait, puis était tué de nouveau, puis ressuscitait encore, puis tué une troisième fois, mais qu’il restait débiteur, il n’entrerait pas au Paradis tant que sa dette ne serait pas acquittée.” » (Rapporté par an-Nasâ’î et al-Hâkim, qui l’a déclaré authentique.)
Et Allah sait mieux.
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