Je travaille en mer sur des navires servant les plateformes de forage pétrolier. La durée de mon travail se compte en mois, et la distance moyenne entre le port et la plateforme est d’environ 100 kilomètres.
Le navire assure le transport du matériel du port vers la plateforme ; parfois, il reste à proximité de celle-ci durant un mois ou deux semaines, avant de retourner au port pour se ravitailler et reprendre la mer.
Mon rythme de travail est de six heures de service suivies de six heures de repos, soit douze heures de travail par jour.
Les heures de prière coïncident souvent avec mes moments de repos ou de sommeil. Ai-je le droit de regrouper et de raccourcir les prières pendant mon travail en mer ?
À noter que le navire reste peu de jours au port, mais peut demeurer au large, près de la plateforme, pendant un mois par exemple.

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :

La distance entre le port et la plateforme pétrolière — environ cent kilomètres — constitue une distance légale de voyage (masâfat al-qasr).
Ainsi, vous avez le droit de bénéficier des dispenses du voyage durant vos trajets aller et retour :
vous pouvez raccourcir les prières de quatre unités (ẓuhr, ʿaṣr, ʿishâ’) et regrouper les prières de ẓuhr avec ʿaṣr et celles de maghrib avec ʿishâ’.
En revanche, lorsque le navire est à l’arrêt en mer, si vous avez l’intention ferme d’y demeurer quatre jours ou plus, vous perdez le statut de voyageur : vous êtes alors assimilé à un résident.
Dans ce cas, vous ne pouvez plus ni raccourcir ni regrouper les prières, ni profiter d’aucune autre dispense du voyage, selon l’avis majoritaire des juristes — qui est aussi l’avis le plus juste.
L’imam Mâlik a dit dans Al-Moudawwana :
« Le voyageur sur terre et sur mer est soumis à la même règle : s’il a l’intention de séjourner quatre jours, il accomplit la prière complète et jeûne. »
Al-Khaṭîb ash-Sharbînî écrit dans Mughnî al-Muḥtâj :
« Si le voyageur — même un soldat — a l’intention de séjourner quatre jours complets avec leurs nuits, ou s’il décide de s’établir dans un lieu déterminé, qu’il soit adapté ou non à la résidence, alors son voyage prend fin dès son arrivée dans ce lieu. »
Et Ibn an-Najjâr dit dans Muntahâ al-Irâdât :
« Selon l’avis de l’école, il n’y a pas de différence entre le fait que le lieu envisagé pour le séjour soit habituellement résidentiel — comme un village — ou non, tel qu’un désert. »
Quant au fait que les horaires de prière coïncident avec vos périodes de repos ou de sommeil, cela ne constitue pas en soi une excuse permettant de regrouper les prières en permanence.
En effet, le principe est d’accomplir chaque prière dans son temps prescrit, et le regroupement n’est autorisé que pour des motifs reconnus :
le voyage, la maladie, la pluie, une difficulté extrême ou une nécessité professionnelle empêchant réellement d’accomplir la prière à son heure.
Le musulman doit placer la prière au cœur de ses priorités, car elle est la meilleure des œuvres, le capital spirituel du croyant et la clé de son salut.
Vous devez donc organiser vos moments de repos de manière à ne pas manquer les prières, dans la mesure du possible.
Si le moment de votre repos arrive avant l’entrée du temps de la prière et que vous souhaitez dormir, il n’y a pas de mal à cela, car la prière ne vous incombe pas encore.
Mais il est recommandé de régler une alarme ou de confier à quelqu’un la tâche de vous réveiller — sans que cela soit une obligation selon de nombreux savants, comme expliqué dans la fatwa n° 119406 .
En revanche, si l’heure de la prière entre alors que vous êtes éveillé, vous pouvez :
• soit prier la première au début de son temps et retarder la seconde à la fin du sien,
• soit accomplir un regroupement fictif (jam‘ ṣûrî) : prier la première à la fin de son temps et la suivante au début du sien.
Et si, un jour, vous ressentez une grande fatigue ou une difficulté réelle vous empêchant de prier à temps, il n’y a aucun mal à regrouper les deux prières partageant le même moment (ẓuhr avec ʿaṣr, maghrib avec ʿishâ’), à condition que cela reste occasionnel et ne devienne pas une habitude.

Et Allah sait mieux.