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Les conditions du repentir pour le meurtrier volontaire

Question

Le non-respect de la condition consistant à restituer les injustices à leurs ayants droit — lorsqu’on en a la capacité — rend-il le repentir totalement non accepté, même entre le serviteur et son Seigneur ?
Ou bien le droit d’Allah s’efface-t-il lorsque les conditions connues du repentir sont réunies, et seul demeure le droit de la victime ?
Si le repentir n’est pas totalement accepté, comment expliquer alors les propos d’Ibn al-Qayyim concernant le repentir du meurtrier volontaire ? En effet, il n’a pas exigé — pour que le droit d’Allah s’efface — que le meurtrier se livre au talion ou demande le pardon des proches de la victime ; il a plutôt considéré que le droit d’Allah s’effaçait par le repentir, tandis que le droit des héritiers de la victime s’éteint soit par la remise volontaire du meurtrier, soit par leur pardon.
Ainsi, la restitution des injustices aux ayants droit est-elle une condition de perfection du repentir, ou une condition de validité du repentir ? Merci également de clarifier s’il existe réellement une contradiction.
Qu’Allah vous récompense.

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :


Le repentir d’un péché est une obligation immédiate, et la restitution du droit à son bénéficiaire est elle aussi une obligation immédiate. Le fait que cette restitution soit une condition de validité du repentir est l’avis de nombreux oulémas, comme cela a été détaillé dans la fatwa n° 438559 ainsi que dans la fatwa qui y est citée.
Concernant les propos d’Ibn al-Qayyim, ils portent sur un cas particulier : le repentir du meurtrier volontaire. La majorité des oulémas considèrent que son repentir est accepté lorsqu’il en remplit les conditions. Ainsi, si le meurtrier se livre aux ayants droit de la victime en étant sincèrement repentant, avec regret, Allah efface Son droit par le repentir, tandis que le droit des proches de la victime s’éteint par l’exercice du talion, le pardon ou une forme de conciliation. Quant à la victime elle-même, Allah la dédommagera dans l’au-delà.
Il est dit dans al-Insâf d’al-Mardâwî :
« Le repentir du meurtrier est accepté selon l’avis retenu du notre école juridique (madhhab), et c’est l’avis de l’ensemble des adeptes du madhhab. Le Qâdî et ses élèves rapportent toutefois une autre opinion selon laquelle son repentir ne serait pas accepté.
Selon le madhhab, si le meurtrier subit le talion ou est pardonné, la victime pourra-t-elle encore le réclamer dans l’au-delà ? Deux avis existent à ce sujet, que cite sans trancher l’ouvrage al-Furû‘.
L’imam Ibn al-Qayyim — qu’Allah lui fasse miséricorde — dit dans ad-Dâ’ wa-d-Dawâ’ et dans d’autres ouvrages, après avoir mentionné les deux positions :
“Le meurtre implique trois droits : le droit d’Allah, le droit de la victime et le droit de ses héritiers. Si le meurtrier se livre de son plein gré aux ayants droit, par regret, par crainte d’Allah et par repentir sincère, le droit d’Allah s’efface par le repentir, le droit des héritiers s’éteint par le talion, la conciliation ou le pardon, et demeure le droit de la victime elle-même ; Allah la dédommagera au Jour de la Résurrection pour Son serviteur repentant et bienfaisant, rétablissant l’entente entre eux, de sorte que le droit de l’un ne soit pas perdu et que le repentir de l’autre ne soit pas annulé.” » Fin de citation.
Certains oulémas ont également mentionné que lorsqu’Allah accepte le repentir du meurtrier dans ce bas-monde, Il satisfait alors sa victime dans l’au-delà. Voir à ce sujet la fatwa n° 164027 .


Et Allah sait mieux.

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