J’ai répudié ma femme une seule fois mais elle insiste à dire que je l’ai répudiée deux fois en cinq ans de mariage. Maintenant elle demande le Khul‘ (divorce au tribunal sans le consentement du mari), alors que je ne me rappelle pas du deuxième divorce. Est-ce que selon l’école hanafite à laquelle appartiennent mon épouse et sa famille, le Khul‘ est considéré dans ce cas comme un troisième divorce, donc un divorce irrévocable ou bien je peux reprendre mon épouse ? Peut-être que ce Khul‘ ne compte pas comme un troisième divorce car j’ai vraiment besoin de reprendre ma femme. J’ai des enfants d’elle.

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses compagnons :

Le Khul‘ d’après les écoles de jurisprudence hanafite, malékite et chaféite et une version des hanbalites est un divorce Bâ’in (irrévocable) et cela est le plus probable. Si la femme a été divorcée deux fois avant le Khul’ elle ne peut plus retourner à son mari avant d’avoir épousé un autre homme. Si, après la consommation du mariage, son nouveau mari l’abandonne, son premier mari peut alors la reprendre sous son autorité maritale moyennant un nouveau contrat de mariage et une nouvelle dot.

Quant au différend entre vous et votre femme au sujet du deuxième divorce, la parole dans ce cas vous revient car selon les écoles hanafite, malékite, chaféite et hanbalite la parole appartient à celui qui est attaché au fondement qui est dans ce cas le mariage.

L’imam Ibn Qudâma, qu'Allah lui fasse miséricorde, dit : « Si la femme prétend que son mari l’a répudiée et qu’il le nie, la parole lui revient à lui parce que la règle de base est le maintien du mariage et non le divorce, à moins qu’elle n’ait une preuve et deux témoins. Si la femme n’a pas de preuve, le mari doit alors jurer devant le qadi car le Prophète () a dit : « le serment appartient à l’accusé » ou encore sa parole « le serment appartient à celui qui renie »

Si la femme est sûre du troisième divorce et que le mari le nie, la parole lui appartient. Mais la femme ne doit pas le laisser avoir des rapports avec elle car il s’agirait alors d’une fornication. Elle doit l’écarter loin d’elle même au prix d’une compensation matérielle.

Ibn al-Hammâm, qu’Allah lui fasse miséricorde, dit dans al-Fath al-Qadîr : « En cas de différend concernant le nombre de divorce, la femme ne retourne pas chez lui et le juge ne l’oblige pas. »

Ibn Nadjîm, qu’Allah lui fasse miséricorde, dit dans al-Bahr al-Râ’iq : « Si elle a deux témoins, elle ne doit pas lui permettre d’avoir des rapports avec elle »

Dans le même livre, il est dit également que si la femme entend son mari prononcer la formule de divorce et qu’il nie, le juge le fait jurer et lui rend sa femme. Mais elle ne doit pas vivre avec lui.

Si vous êtes sûr de n’avoir répudié votre épouse qu’une seule fois, alors qu’elle dit deux, et que le Khul‘ a lieu, la parole est à vous et le Khul‘ est considéré alors comme un deuxième divorce. Mais votre femme ne peut retourner auprès de vous qu’au terme d’un nouveau contrat, si elle le désire. Si votre femme insiste à dire que le Khul‘ est le troisième divorce, elle ne doit pas retourner sous votre autorité maritale.

Etant donné ce qui précède, nous vous conseillons de vous réconcilier avec votre femme, de dissiper les différends entre vous et d’essayer de la dissuader de demander le Khul autant que possible.

Nous devons tous savoir que le mariage est sacré et que sa stabilité nécessite des efforts de la part des deux conjoints. Chacun d’eux doit donner à l’autre tous ses droits, et placer les intérêts communs au-dessus de l’intérêt individuel.

Et Allah sait mieux.