Des rituels innovés par certains ignorants pour faire face aux épidémies

05/05/2020| IslamWeb

Des rituels innovés par certains ignorants pour faire face aux épidémies

Durant de longs siècles, les épidémies n’ont eu cesse de ravager certaines parties de la planète. Parfois, il arrivait qu’elles ravageaient tout sur leurs passages au point que ses répercussions se faisaient sentir autant sur les hommes que les animaux et voire même les végétaux. Chaque fois que l’épidémie s’intensifiait et que la maladie se propageait, ils s’efforçaient d’y faire face avec les moyens à leur disposition. Mais quand ils ne parvenaient pas à contrer l’épidémie, ils s’employaient naturellement à trouver d’autres moyens qu’ils inventaient. Ils croyaient en leurs pouvoirs extraordinaires capables de modifier le cours des choses d’un moment à l’autre. Mais tant que l’humanité ne s’éclaire pas de la lumière qui la conduira sur le bon chemin et la science authentique, les hommes se retrouveront forcément dans les filets de la superstition. Et il n’échappe à personne que cela ne fera qu’aggraver leur situation qui est déjà critique. Le remède s’avérera être une maladie et ce qui sera censé les sauvé causera leur perte. Au niveau de notre communauté, il est possible d’observer de nombreuses attitudes inadéquates de la part des gens au cours des épidémies. Il s’agit de pratiques erronées que la religion avait déjà condamnées avant que les recherches scientifiques sur les épidémies et les maladies n’attestent de leur danger. Parmi ces comportements, nous citerons les suivants :

Premièrement : Se réunir en un lieu pour implorer et invoquer Allah :

Au cours du huitième siècle de l’hégire, une peste a sévi dans le monde. Elle fut connue sous le nom de la peste noire. Les historiens égyptiens relatent des évènements importants qui ont accompagné cette période. La situation prit des proportions si importantes que les gens en perdirent la tête. La peste envahit toute le pays et dépassa toutes les limites. On n’arrivait plus à compter les morts. Partout les gens criaient. Ibn Taghribirdi rapporte : ‘ Il n’y avait pas une maison sans qu’on y entende des cris. Ni une rue sans qu’il ne s’y trouve plusieurs morts. L’épidémie se propagea à tel point que les gens n’arrivaient plus à compter le nombre de défunts.’ L’auteur poursuit et décrit les symptômes de la peste dont souffraient les gens et cite entre autre : ‘ Ceux qui étaient touchés ressentaient une poussée de fièvre. Ils avaient des nausées et il arrivait que l’un d’eux crache du sang et en meurt. Les membres de sa famille subissaient alors les mêmes symptômes les uns après les autres jusqu’à ce qu’ils passèrent tous de vie à trépas après une ou deux nuits.’

Notre chroniqueur du Caire relate les décisions prisent par les habitants pour se prémunir de la peste : ‘ Durant cette peste, personne n’avait besoin de sirop, de médicaments ou de médecins vu la rapidité de la mort. Au cours du mois de Sha’bân, l’épidémie se propagea davantage en Egypte. Et encore plus durant le Ramadan. On avait entamé la saison hivernale et les gouverneurs n’ont pris autre décision que d’ordonner aux gens de se réunir dans les grandes mosquées pour implorer Allah. Des hérauts appelèrent alors les gens à se présenter avec leurs drapeaux et leurs exemplaires du coran à Qubbat Al-Nasr à l’extérieur du Caire. Les gens se réunirent donc tous dans les grandes mosquées d’Egypte et du Caire et les égyptiens allèrent à la mosquée de Khawlân dans le quartier de Qurâfa.’

Il est évident qu’implorer le seigneur à travers des invocations et en cherchant refuge auprès de Lui pour demander qu’il mette fin à ce type d’épreuve n’est condamné par personne. C’est même ce que nous demande de faire la religion. Allah dit : « Pourquoi donc, lorsque Notre rigueur leur vînt, n'ont-ils pas imploré (la miséricorde)? Mais leurs cœurs s'étaient endurcis et le Diable enjolivait à leurs yeux ce qu'ils faisaient. » (Coran 6 ;43). Allah est certes capable de mettre un terme à l’épidémie mais ce qui est condamnable, c’est le fait que les gens se réunissent d’une façon particulière et inventent des adorations qui n’ont jamais existé du temps du Prophète, , et prétendre que l’épidémie puisse cesser et disparaître en raison de celles-ci. C’est pourquoi Ibn Hajar rapporte qu’au cours de la peste qui sévit fortement en l’an 833 de l’hégire, le sultan ordonna que soient consultés les savants pour savoir s’il était permis que les gens se réunissent pour invoquer Allah et demander qu’Il les débarrasse de l’épidémie. Et aussi, pour savoir ce que les savants avaient pu dire à ce sujet par le passé. Plusieurs d’entre eux répondirent à cette sollicitation. Divers avis émergèrent et il en ressortit qu’il était tout à fait permis d’invoquer et d’implorer Allah et qu’il convenait avant cela, de se repentir, de s’affranchir de toute injustice commise envers un tiers, de procéder à la prescription du bien et la proscription du mal. Mais que, avec ceci, personne n’a relevé que les prédécesseurs se soient réunis pour le faire. Aujourd’hui, alors que les connaissances médicales concernant les épidémies ont évolué, nous saisissons que ces réunions étaient une des causes majeures de la recrudescence de cette peste. Leur action ne reposait d’ailleurs sur aucun fondement médical ou religieux. Au contraire, certains textes religieux interdisent précisément que des malades se réunissent avec des personnes en bonne santé de peur que la maladie se transmette. Le Prophète, , a dit : « On ne doit pas exposer un malade devant un quelqu’un en bonne santé. » (Bokhari).

Deuxièmement : Se réunir pour lire Sahih Al-Bokhari :

Quand les calamités et les épidémies se firent plus nombreuses au cours du règne des Mamlouks et quelques temps après, des gens ont prétendu que se réunir pour lire le recueil de hadith de l’imam Bokhari communément appelé Sahih Al-Bokhari constituait un moyen de chasser les épidémies. Ce fut même un rituel qui s’ancra particulièrement dans les habitudes des sultans d’Egypte mais aussi des régions avoisinantes comme le Shâm, depuis le règne de Nûr Al-Dîn Zankî puis au cours du règne des Mamlouks et ceux des Ottomans. Un savant a même été jusqu’à trouver un fondement à ce rituel. Shaykh Abu Muhammad ibn abi Jamara rapporte : ‘ Un connaisseur que j’ai pu rencontrer m’a dit qu’il avait lui-même rencontrer un maitre au mérite reconnu qui soutenait que l’ouvrage Sahih Al-Bokhari n’avait jamais été lu au cours d’une période de crise sans que celle-ci disparaisse. Que ce livre n’avait jamais été emporté à bord d’une embarcation sans que celle-ci ne trouve le salut. Ceci vu que l’imam Bokhari était un homme aux invocations exaucées et qu’il avait invoqué en faveur de qui le lirait.’ A une époque moins lointaine, les gens ont atteint un niveau de faiblesse tel qu’ils en vinrent à placer faussement leur confiance en Allah. Au lieu de faire la guerre contre les ennemis qui les attaquaient, ils lisaient le Sahih Al-Bokhari. D’ailleurs, quand ces ennemis surgissaient, ils ne les combattaient pas. Ils se réfugiaient dans les mosquées pour lire le Sahih Al-Bokhari en une seule séance.

 Ibn Taghribirdi relate les évènements de la grande peste de l’an 742 de l’hégire alors que celle-ci sévissait fortement en Egypte. Les gouverneurs et les habitants se réunirent à la mosquée d’Al-Azhar pour y lire le Sahih Al-Bokhari. La lecture s’y poursuivit plusieurs jours ainsi que dans d’autres mosquées. Il semble que cette peste sévit durant plusieurs années de suite au vu de ce que rapporte Ibn Kathir durant les évènements de l’an 749 de l’hégire et des informations notoires concernant cette peste qui aurait sévit dans toutes les contrées. Il est dit qu’elle sévissait en Crimée de façon importante et provoqua de nombreux morts. Elle sévit aussi en Europe et notamment à Chypre ou la plupart des habitants périrent. A Gaza, la situation fut catastrophique. Un émissaire de Gaza se rendit chez son homologue de Damas et entre le jour de Achoura, le 10 du mois de Muharram, et le 10 du mois suivant, celui de Safar, plus de dix mille morts furent comptés. Le Sahih Al-Bokhari était lu après la prière du vendredi le 7 du mois de Rabi’ Al-Awwal de cette année. Les juges et de nombreux gens y assistèrent. Al-Maqrizi rapporte parmi les évènements de l’année 775 de l’hégire, le sultan exigea que soit lu le Sahih Al-Bokhari dans son palais de la citadelle de la montagne, à Damas, tous les jours du mois de Ramadan en présence des juges et des shaykhs religieux pour chercher la bénédiction via la lecture du livre vu l’augmentation du prix des denrées. La lecture du livre se poursuivit à tour de rôle, un jour chacun, entre Shihâb Al-Dîn Ahmad ibn Al-‘Ariânî et Zîn Al-Dîn Abd Al-Rahim Al-‘Irâqî vu leur connaissance de la science du hadith.  

Les évènements relatifs à cette épidémie sont nombreux. Il est difficile de tous les citer. Quoiqu’il en soit, L’ouvrage Sahih Al-Bokhari est un livre éminent et grandiose. Y sont compilés les hadiths authentiques du Prophète, , ses sunnas et les jours qu’il vécut. Ceci dit, ce livre comprend notamment les chaines de transmission et les fatwas des compagnons. Or, il est certain que la lecture de ces textes ne constitue pas en soi un acte de culte requis du croyant. Même les hadiths qui sont répartis en 97 chapitres dont entre autre, ceux concernant les adorations, les rapports en société, la biographie prophétique et autres, tous ces hadiths ne peuvent pas être lus dans le cadre de la demande de guérison et de la protection contre l’épidémie et de l’imploration d’Allah pour qu’elle cesse. Ceci semble bien au-delà de la raison pour laquelle ils ont été compilés. Il est plutôt opportun de se limiter aux invocations rapportées et que le Prophète, , nous a enjoints de dire pour chercher la protection divine. Parmi ces invocations, celle rapporté par Abu Horayra, qu’Allah soit satisfait de lui, disant que le Prophète, , a dit: « Cherchez refuge auprès d'Allah contre les épreuves difficiles, le malheur, le mauvais destin et contre le fait de faire le bonheur de vos ennemis. » (Bokhari).

Abu Al-Fadl Al-Mubârakfûrî a dit : ‘ Nous concernant, nous considérons que la guérison des malades, la fin des situations difficiles, le salut d’une embarcation et de ses passagers … tout ceci ne résulte pas de la lecture du Sahih Al-Bokhari et ne relève pas de ses attributions. Ce n’est pas non plus la raison de son existence ni ce qui doit motiver sa lecture. Le fait que ce livre se trouve à bord d’une embarcation ne l‘empêche pas de couler. Pas plus que sa présence dans une maison ne l’empêche de brûler … On ne compte pas les événements qui appuient nos affirmations et qui sont rapportés via divers récits ou simplement attestés par la raison. D’ailleurs, si ce que prétend Ibn Abi Jamara était vrai, un exemplaire du coran, le livre d’Allah, aurait été plus à même de se voir attribuer ses spécificités. On aurait même pu lui en attribuer davantage. C’est un point qu’on ne peut discuter même si certains considèrent cela comme une atteinte gravissime au recueil de Bokhari. En réalité, ce qui doit motiver la lecture continue de l’ouvrage de Bokhari, c’est de mettre en application ce qu’il recèle comme actes obligatoires et surérogatoires pour se conformer aux préceptes de notre noble Prophète et le prendre pour modèle, … 

 Troisièmement : des rituels étranges qui sont inventés :

Alors que l’épidémie se poursuivait, les gens innovèrent divers rituels et actes d’adoration qui avaient été, selon eux, expérimentés. Ils prétendaient que, par le passé, dans certaines contrées, les gens avaient agi de la sorte et que cela avait permis de repousser l’épidémie. Parmi les rituels les plus étranges que nous avons lu à ce sujet, celui qu’un auteur inconnu a relaté avoir eu lieu en Egypte. Alors que l’épidémie ne cessait de sévir, le sultan, le roi Nâsir, intima l’ordre de réunir quarante personnes nobles du pays. De sélectionner parmi eux tous ceux qui se prénommaient Mohammed. De leur donner 5000 dirhams chacun pris de l’argent du sultan. De les faire assoir à la mosquée d’Al-Azhar et de les faire lire le coran après la prière du vendredi. Après cela, ils se levèrent et les gens se tenaient debout avec eux. Ils implorèrent Allah – alors que la mosquée était bondée de gens – Ils ne cessèrent d’invoquer Allah jusqu’à ce que retentit l’heure de la prière du ‘Asr et les quarante nobles montèrent sur la terrasse de la mosquée et firent l’appel à la prière. Ils en redescendirent et firent la prière du ‘Asr avec les fidèles puis se dispersèrent. Tout ceci fut fait sur la simple suggestion d’un étranger. Ibn Hajar commenta cet épisode ainsi : ‘ Un étranger avait dit au noble que cela permettait de mettre un terme à l’épidémie, mais cela ne fit que l’accroitre.’

Quatrièmement : implorer Allah par des invocations inventées ou de façon qui n’a pas été rapportée par les textes scripturaires :

Ibn Kathir rapporte que le nombre de morts causés par la peste dépassait les 100 par jours. Ceci au début de l’année 749 de l’hégire – ce sont des évènements qu’il connut de son vivant alors qu’il approchait de la cinquantaine – Il dit : le matin du neuvième jour du mois de Rabi’ Al-Awwal, les gens se sont réunis vers la niche des compagnons et se sont répartis la lecture de la sourate Noé (coran 71) 3363 fois. Ceci, en raison d’un rêve fait par un homme qui dit avoir vu le Prophète, , en rêve, et qu’il lui a dit de lire cette sourate autant de fois. De son côté, Al-Maqrîzî rapporte que durant le mois de Sha’bân de cette même année, le secrétaire de l’émissaire de Alep déclara qu’un homme très vertueux avait vu le Prophète, , en rêve et qu’il s’était plaint auprès de lui de l’épidémie qui touchait les gens. Le Prophète, , lui aurait alors recommandé de se repentir, et d’invoquer Allah de la façon suivante : ‘ Ô Allah, calme le choc tyrannique par ta compassion que Tu fais descendre et émane de Ton royaume, pour que nous puissions nous accrocher aux effets de Ta compassion et nous attacher à Toi contre le mal que Tu fais descendre, ô Toi qui détient toute la force et la grandeur, la toute-puissance, ô Toi le plein de majesté et de générosité.’ Il en a écrit plusieurs exemplaires et les a envoyés dans les villes de Hama, Tripolis et Damas.

Les différents actes que nous avons mentionnés prouvent à quel point les gens se sont fourvoyés et se retrouvèrent perdus une fois qu’ils se sont soumis aux superstitions et éloignés de la véritable méthodologie issue de la niche prophétique authentique. En effet, en faisant le contraire de ce que prescrivent les enseignements de la religion, en inventant des actes d’adoration et des invocations qu’ils attribuèrent à divers faits, des fois à l’expérimentation, parfois aux rêves, ils ont contribué sans même le savoir à propager davantage l’épidémie en leur sein. L’histoire dévoile que ces quatre tentatives se révélèrent erronées. A cette époque, les médecins du monde entier s’étaient révélés incapables d’expliquer les causes de la rapidité avec laquelle l’épidémie se propagea, bien qu’elle fit disparaître plus du tiers de la population européenne. Elle se propagea dans le même temps en Asie et dans le proche Orient. Par la suite, il apparut clairement que la meilleure attitude à observer face à ce type d’épidémie repose sur deux principes essentiels et aucun autre :

En premier temps, mettre en application le principe de l’isolement tel qu’il a été dit dans le hadith rapporté par Bokhari. Le Prophète, , a dit : « Si vous entendez que la peste ravage une région, ne vous y rendez pas et si vous vous trouvez dans une région frappée par la peste, ne la quittez pas. » (Bokhari). L’un des plus beaux sens que contient ce hadith est le terme ‘ si vous entendez ‘ pour signifier qu’il s’agit d’un événement que l’on n’a pas vu. Soit, si vous apprenez ou qu’une information arrive à vos oreilles indiquant que la peste sévit en un lieu alors ne vous y rendez pas. Ceci pour minimiser les pertes humaines et la propagation de l’épidémie. Comment celui qui lit ce hadith qui est pourtant dans le livre Sahih Al-Bokhari le comprend-il puis ordonne aux gens de se réunir en un même lieu alors que l’épidémie connait son pic – et que parmi eux se trouvent donc forcément des gens qui sont atteints par l’épidémie – ceci pour lire Sahih Al-Bokhari ou pour se réunir d’une façon particulière et y lire des paroles qui n’ont jamais été rapportées par les prédécesseurs.

Dans un deuxième temps, prendre les précautions d’usage en terme d’hygiène et de propreté pour couper court au moyen de propagation de l’épidémie. Les expériences en laboratoire ont montré que lors de peste par exemple, les bactéries qui en sont la cause sont transmis par le biais des rongeurs comme les rats. Elles y pullulent et s’y développent. L’homme est contaminé par les puces qui étaient au contact des rats puis des hommes. Ou alors lorsqu’un rat mord directement un homme, ou même d’un homme à un autre via des postillons, en toussant ou en éternuant dans le cas d’épidémie pulmonaire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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