La reconnaissance de la sincérité du Prophète Mohammed par les notables de Quraysh

17/06/2025| IslamWeb

 

La reconnaissance de la sincérité du Prophète Mohammed par les notables de Quraysh

 

 

Avant même de devenir prophète, Mohammed (paix et bénédictions d'Allah soient sur lui) était universellement reconnu pour sa droiture, son honnêteté et son intégrité au sein de la tribu de Quraysh. Il était surnommé "le véridique, le digne de confiance" en raison de sa fidélité à ses engagements, de sa loyauté et de sa véracité irréprochable. Ces qualités exceptionnelles ont même convaincu Khadija, son épouse, de la protection divine dont il bénéficiait.
 
Il est de la nature humaine de rejeter ce qui contredit ses passions, surtout lorsque cela menace ses intérêts ou remet en cause son prestige et son pouvoir. Ainsi, nombreux furent ceux qui s'opposèrent au Prophète () non par ignorance de la vérité, mais par orgueil, jalousie ou volonté de préserver leur position dominante. Pourtant, malgré leur hostilité, plusieurs parmi eux ont reconnu, parfois à contrecœur, la véracité de son message, la noblesse de son caractère et l'authenticité de sa mission prophétique.
Le Coran lui-même atteste que ces négateurs ne doutaient pas réellement de la véracité du Prophète (). Allah dit :
« Nous savons à quel point leurs paroles t’affligent. Mais, au fond, ce n’est pas ta sincérité qu’ils contestent, mais ce sont bien les signes d’Allah que les impies rejettent [par entêtement et jalousie]. » (Coran 6/33).
Ce verset révèle une réalité psychologique et sociale profonde : malgré leur refus d’adhérer publiquement au message islamique, les notables de Quraysh savaient intérieurement que Mohammed () disait vrai. Leur hostilité n’était pas motivée par une conviction intime de son mensonge, mais par des considérations liées à l’orgueil tribal, à la rivalité politique et à la crainte de perdre leur influence.
 
Dans ce contexte, il est frappant de constater que certains de ces adversaires, tout en persistant dans leur opposition, ont livré des témoignages explicites — parfois sincères, parfois contraints — sur l’exceptionnalité du Prophète (). Ces paroles, rapportées dans les sources authentiques, constituent des aveux éloquents en faveur de celui qu’ils combattaient.
Ce texte propose de mettre en lumière quelques-uns de ces témoignages émanant de figures éminentes de Quraysh, afin de montrer comment même les ennemis les plus acharnés du Prophète () ne pouvaient nier sa véracité, son intégrité et la profondeur de son message.
 
1. Abû Jahl : un rival plus qu’un détracteur
Abû Jahl, de son vrai nom ‘Amr ibn Hichâm, fut surnommé par les musulmans « le Pharaon de cette communauté » tant son hostilité fut féroce. Pourtant, lorsqu’il fut interrogé au sujet de Mohammed (), il avoua :
« Par Allah, nous ne le traitons pas de menteur. Mais nous sommes en concurrence avec les benou Abdel Mutalib pour l’honneur et la noblesse. Nous avons donné à manger, ils ont donné à manger ; nous avons supporté des charges, ils ont supporté des charges ; nous avons donné, ils ont donné. Puis, lorsque nous étions comme deux chevaux de course au coude à coude, ils nous ont dit : "Un des nôtres reçoit la révélation du ciel !" Comment pourrions-nous rivaliser avec cela ? » (Tafsîr Ibn Kathîr, commentaire de la sourate al-An‘âm, v. 33.)
Son rejet n’était donc pas fondé sur un mensonge supposé du Prophète (), mais sur une rivalité politique et tribale.
 
2. Al-Akhnas ibn Sharîq : une reconnaissance secrète
Al-Akhnas ibn Sharîq, notable influent et fin stratège, alla un jour interroger Abû Jahl sur son opinion réelle concernant Mohammed (). Ce dernier lui répondit avec la même franchise :
« Que penses-tu de ce que dit Mohammed ? Est-il véridique ? »
Il répondit : « Que le malheur s’abatte sur toi ! Par Allah, Mohammed dit bien la vérité. Jamais il n’a menti. Mais lorsque la descendance de Qusayy ibn Kilâb eut entre ses mains le porteur de l’étendard, la direction des affaires, la garde du sanctuaire et la fourniture d’eau, ils voulurent ensuite s’arroger aussi la prophétie ! Non, par Allah, jamais nous n’y consentirons ! » (Rapporté par Ibn Kathîr et d’autres commentateurs.)
Là encore, le fond du refus est la jalousie et le refus de voir le pouvoir cumulé dans les mains d’un seul clan.
 
3. Abû Sufyân : un témoignage devant l’empereur de Byzance
Avant sa conversion à l'Islam, Abou Soufian a été interrogé par Héraclius, l'empereur byzantin. Héraclius lui a demandé s'ils avaient déjà accusé Mohammed de mensonge avant qu'il ne prophétise. Abou Soufian a nié catégoriquement. Héraclius en a conclu que s'il n'avait jamais menti aux hommes, il ne mentirait pas sur Allah. (Sahîh al-Bukhârî, hadith n°7.)
Ce témoignage public, livré dans un contexte diplomatique devant un souverain étranger, constitue un aveu d’autant plus fort qu’il fut exprimé en pleine période d’hostilité.
 
4. Abû Tâlib : une protection motivée par la conviction
Oncle du Prophète (), Abû Tâlib ne se convertit pas officiellement à l’islam, mais il fut son défenseur fidèle jusqu’à sa mort. Il reconnaissait explicitement la véracité de son neveu, comme en témoigne cette célèbre poésie :
« Je sais que la religion de Mohammed est la meilleure de toutes les religions pour les gens.
Si ce n’était la crainte du blâme ou d’être insulté, tu me verrais adopter cela sans réserve. »
Ce poème révèle que son refus de se convertir était motivé par la pression sociale et le poids des traditions tribales, non par un doute quant à la véracité du message.
 
5. Al-Walîd ibn al-Mughîrah : une admiration étouffée
Al-Walîd ibn al-Mughîrah, l’un des chefs les plus respectés de Quraysh, fut saisi par la beauté et la puissance du Coran. Il déclara un jour à propos des paroles du Prophète () : « Par Allah, il y a dans sa parole une douceur, une beauté, et elle est féconde en sens. Elle domine les paroles des hommes et aucune parole ne la domine. »
Mais, sous la pression de Quraysh, il finit par calomnier le Prophète (), ce qui valut sa condamnation divine dans la sourate al-Muddaththir (v. 18-25).
 
6. Abou Lahab : Un autre grand opposant, Abou Lahab, n'a jamais accusé le Prophète de mensonge. Lorsque Mohammed a réuni les clans de Quraysh pour les avertir d'un châtiment imminent, ils ont tous affirmé : "Oui, car tu as toujours été sincère." Abou Lahab s'est contenté de critiquer le rassemblement, sans remettre en cause la véracité de Mohammed.
 
7. Al-Hârith ibn ‘Âmir : Bien qu'il ait publiquement traité le Prophète de menteur, Al-Hârith ibn ‘Âmir reconnaissait en privé que Mohammed disait la vérité. Le Coran (6/33) et (28/57) fait également référence à son hypocrisie et à sa crainte de perdre leur position sociale s'ils suivaient le Prophète.
 
Conclusion
Ces témoignages issus des plus grandes figures de Quraysh montrent que le rejet du Prophète () n’était pas le fruit d’un doute rationnel, mais d’un entêtement, d’une jalousie ou d’un orgueil tribal. Leurs paroles, sincères dans certains moments de vérité, confirment ce que les croyants ont toujours su : que Mohammed () était véridique, loyal et porteur d’un message divin limpide. Ainsi, même l’ennemi, parfois, devient témoin.
 

 

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