Traitements prophétiques liés à la nutrition et à une alimentation saine

02/07/2025| IslamWeb

Traitements prophétiques liés à la nutrition et à une alimentation saine

 

La tradition prophétique a guidé les croyants vers les manières de préserver leur corps tout en le renforçant, en adoptant les moyens de conserver leur santé,  en veillant sur l'équilibre lié à l'alimentation, sans excès ni ostentation. Elle oriente également vers les meilleures pratiques dans la consommation des aliments bénéfiques et indique comment éviter leur gaspillage. Cela met en relief la pertinence et l'équilibre des directives prophétiques entre les besoins de l'esprit et ceux du corps, entre l'apparent et le caché.

 

Mise en garde contre la négligence de l'éducation physique:

 

Certains déploient des efforts si considérables dans les actes surérogatoires comme l'étude, le jeûne, la prière nocturne et ainsi de suite, qu'ils en oublient d'autres droits, notamment ceux du corps. Cela peut entraîner de la lassitude, voire un abandon complet. La sagesse prophétique est donc venue apporter le juste équilibre entre les droits de l'âme et ceux du corps, rappelant au musulman qu'il sera récompensé sur chaque aspect de sa vie, car tous sont interdépendants.

Dans le Sahîh de Mouslim, selon le récit de ʻAbd-Allah Ibn ʻAmrou (qu’Allah soit satisfait de lui) : « Le Prophète () m'a dit:‘‘Ô ʻAbd-Allah Ibn ʻAmrou, il m’a été rapporté que tu jeûnes le jour et pries la nuit. Ne fais pas cela, car ton corps a un droit sur toi, tes yeux ont un droit sur toi, et ton épouse a un droit sur toi. Jeûne et romps le jeûne, jeûne trois jours chaque mois, cela équivaut à un jeûne perpétuel’’. J'ai dit: ‘‘Ô Messager d'Allah, j'ai la force de faire plus’’.  Il répondit: ‘‘Alors jeûne comme le Prophète David (paix sur lui) : un jour de jeûne et un jour de rupture’’. ʻAbd-Allah disait ensuite: ‘‘Comme j'aurais aimé avoir accepté la première facilité que m’a proposée le Prophète () ’’».

Le Prophète () demandait également protection contre la faim, car elle peut endommager le corps, affaiblissant ainsi l’énergie des actes spirituels. Le corps étant le support de l'âme, il est indispensable de ne pas le négliger afin d’accomplir convenablement les actes de dévotion. Dans les Sunan d'Abou Dâwoud, Abou Horayrah (qu’Allah soit satisfait de lui) rapporte que le Prophète () disait : « Ô Allah, je cherche refuge auprès de Toi contre la faim, car elle est un mauvais compagnon de lit, et je cherche refuge auprès de Toi contre la trahison, car elle est une mauvaise compagne ».

Le Prophète () cherchait refuge contre la faim car elle empêche d'agir. Comme l'a dit l'érudit al-Tayyibi (qu'Allah lui fasse miséricorde): « La faim affaiblit les forces et perturbe l'esprit, ce qui provoque de mauvaises pensées et des imaginations corrompues, perturbant ainsi les devoirs d'adoration et de vigilance. C'est pourquoi elle est comparée à un mauvais compagnon de lit, qui est un compagnon constant durant la nuit. Ainsi, le jeûne ininterrompu a été interdit».

Mise en garde contre l’excès de nourriture:

Tout comme la faim nuit au corps et l’empêche d'accomplir ses tâches, les conséquences de la satiété excessive peuvent également avoir des effets néfastes. C’est pourquoi le Prophète () désapprouvait la suralimentation et mettait en garde contre ses excès, c’est-à-dire manger au-delà de la satiété. Il encourageait les musulmans à chercher la modération dans leur alimentation, et à trouver l’équilibre parfait, entre la nourriture, la boisson et la respiration. Dans les Sunan d’al-Nasâ’i, ʻAmrou Ibn Shuʻayb (qu’Allah lui fasse miséricorde) rapporte de son père, de son grand-père, que le Messager d’Allah () a dit : « Mangez, donnez en aumône, et habillez-vous sans excès ni arrogance ».

Dans les Sunan d’al-Tirmidhi que Miqdâm Ibn Maʻdi Karib (qu’Allah soit satisfait de lui) rapporte avoir entendu le Prophète () dire : « Le fils d’Adam n’a jamais rempli un récipient pire que son ventre. Il suffit au fils d’Adam de quelques bouchées pour se tenir droit. S’il doit absolument manger davantage, alors qu’il réserve un tiers de son ventre pour la nourriture, un tiers pour la boisson et un tiers pour la respiration». Ibn Rajab a commenté dans Jâmiʻ al-ʻUlûm wa al-Hikam: « Ce hadith est un principe fondamental qui englobe tous les fondements de la médecine».

Ibn al-Qayyim en l’expliquant, a souligné qu’il constitue une règle à respecter en matière d’alimentation et de boisson. Il a consacré un chapitre à la manière dont le Prophète () évitait ainsi l’indigestion et l’excès alimentaire. Il a dit: « Il y a trois niveaux de nutrition: le niveau du besoin, le niveau de la suffisance, et le niveau du surplus. Le Prophète () a expliqué qu'il suffit à l’être humain de quelques bouchées pour maintenir sa force sans affaiblir son corps. S'il doit dépasser cela, qu'il remplisse alors de nourriture un tiers de son ventre, réserve un tiers pour l'eau, et un dernier tiers pour la respiration. Ainsi se constitue une des meilleures pratiques pour la préservation de la santé du corps et du cœur, car lorsque le ventre est rempli de nourriture, la place pour la boisson devient insuffisante. Et si l’on boit à ce moment, c’est celle indispensable à une bonne respiration qui fait défaut, ce qui entraîne l'angoisse et la fatigue, comme la sensation de porter un lourd fardeau. C’est ainsi que se détériore le cœur, et conduit à la paresse des membres qui peinent à accomplir les actes d’adoration, et que s’éveillent les désirs liés à la satiété. Fréquent ou habituel, l’excès alimentaire nuit donc au corps et au cœur, en revanche, s’il ne se produit qu’occasionnellement, il n’y a pas lieu de s’inquiéter, comme le montre l’anecdote où Abou Horayrah (qu’Allah soit satisfait de lui) avait bu du lait en présence du Prophète () jusqu’à dire: ‘‘Par Celui qui t'a envoyé avec la vérité, je ne trouve plus de place pour en boire davantage’’».

 

 

Dans le Musnad d'Ahmad, Jâdah ibn Hubayrah (qu’Allah soit satisfait de lui) rapporte que le Prophète () posa sa main sur le ventre d’un homme corpulent et lui dit : « Si cette graisse était ailleurs que dans ton ventre, cela aurait été meilleur pour toi ». Cela souligne la désapprobation de l'excès alimentaire qui peut mener à l'obésité et l'encouragement à adopter un régime équilibré, modéré et sain, tout en orientant les efforts du musulman vers ce qui est réellement bénéfique pour lui.

Parmi les conseils prophétiques pour maintenir un équilibre alimentaire, figure l'encouragement à multiplier les jours de jeûne, source de santé physique avec de surcroit des bienfaits spirituels qui augmentent la foi. ʻAbd al-Hamîd Ibn Bâdîs a déclaré dans Majâlis al-Tadhkîr: « Le jeûne a été prescrit pour combattre le mal de l’appétit de nourriture, car Il procure du repos à l'estomac et le purifie, et il éduque l'individu à maîtriser ses désirs et plaisirs. Le jeûne permet aussi d'habituer l'âme à supporter la faim et la soif quand cela s’avère nécessaire. Il est donc essentiel pour réguler l'alimentation, préserver la santé physique, et il aide l'homme à bien utiliser son corps terrestre afin de s'élever vers ses aspirations spirituelles lumineuses et ses perfections célestes».

Préservation de la nourriture contre le gaspillage:

Dans la tradition prophétique, des directives claires sont soulignées concernant la préservation de la nourriture et la prévention du gaspillage et de l'excès. Dans un hadith rapporté par Mouslim, Jâbir (qu’Allah soit satisfait de lui) rapporte que le Messager d'Allah () a dit: « Lorsque l'un de vous fait tomber une bouchée, qu'il la prenne, qu'il en ôte ce qui pourrait y être nuisible, puis qu'il la mange, et qu'il ne la laisse pas au diable. Qu'il ne s'essuie pas les mains avec une serviette avant d'avoir léché ses doigts, car il ne sait pas dans quelle partie de sa nourriture réside la bénédiction ».

Dans son ouvrage al-Ifsâh, Ibn Hubayrah commente ce hadith en disant: « Cela, afin de ne pas gaspiller de la nourriture, car cette bouchée pourrait apaiser la faim d'un musulman ou alourdir la balance des bonnes actions, que ce soit en la donnant en aumône ou en partie. Il n'y a donc aucune raison de la perdre, car peut-être que cette bouchée pourrait faire pencher la balance du jugement dernier en sa faveur au Jour du Jugement. Si ses bonnes actions sont insuffisantes, alors sa négligence concernant cette bouchée et son orgueil à ne pas en enlever la saleté qui s’y trouve pourrait lui valoir l'enfer, alors qu'en la préservant, il aurait pu entrer au Paradis. Cette bouchée est un exemple manifeste, que chaque petite action peut avoir un poids considérable, comme le dit Allah, le Très-Haut, dans le coran: ‘Quiconque fait un bien fût-ce du poids d'un atome, le verra, et quiconque fait un mal fût-ce du poids d'un atome, le verra’’ (coran 99/ 7-8). La bénédiction pourrait donc se trouver dans cette petite bouchée».

Si le Prophète () a ordonné de ne pas gaspiller une seule bouchée, que dire alors des millions de tonnes de nourriture qui sont gaspillées aujourd'hui à travers le monde? Nous sommes face à un phénomène mondial de gaspillage alimentaire. Selon un rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation, les denrées alimentaires gaspillées dans le monde ont atteint 931 millions de tonnes, soit 17% des aliments disponibles pour les consommateurs en 2019, et le monde arabe gaspille plus de 40 millions de tonnes de nourriture dans les décharges, alors que les pays de la région sont parmi les plus grands importateurs de nourriture.

www.islamweb.net