La sacralité du musulman

09/09/2025| IslamWeb

 

La sacralité du musulman

 

 

 

La sacralité du musulman est un principe établi de source sûre à travers les versets du Coran et les hadiths prophétiques. Ainsi, il n’est pas permis de causer un préjudice à un musulman ou de porter atteinte à sa personne ou à un de ses biens. Tout préjudice envers un musulman, sa vie, ses biens ou son honneur est interdit… La vie, les biens et l’honneur du musulman sont donc préservés et protégés. Selon Abu Horayra, le Prophète () a dit : « Tout chez le musulman est sacré pour les autres musulmans : son honneur, ses biens et son sang. »

 

Le Prophète () a d’ailleurs insisté sur le caractère sacré du sang, des biens et de l’honneur des musulmans lors du fameux sermon d’adieu qu’il a donné le jour du sacrifice. Selon Ibn Abbâs, qu’Allah soit satisfait de lui :

Le Prophète () prononça un sermon au cours de son pèlerinage [d’adieu] dans lequel il dit notamment :

“Quel jour sommes-nous ?” Nous répondîmes : “ Le jour du sacrifice ?” il ajouta :

“Dans quelle cité sommes-nous ?” Nous répondîmes : “ La cité sacrée ?”

“En quel mois sommes-nous ?” Nous répondîmes : “ Le mois sacré de Dhou Al-Hijja ?”

Puis, il dit : “Votre sang, vos biens et votre honneur sont aussi sacrés que ce jour, ce mois, et cette cité. Vous rencontrerez votre Seigneur qui vous interrogera sur vos actes. Ne retournez donc pas à l’égarement après ma mort, les uns tuant les autres. Ai-je bien transmis le message ? »

Et Ibn Abbâs de conclure : « « Par Celui qui détient mon âme entre Ses Mains ! C’est son testament à sa communauté. » Rapporté par Boukhari.

Ibn Hajar nous dit : « Al-Qortobî a dit : En interrogeant ses compagnons sur ces trois faits de façon successive et en marquant un silence entre chacun d’eux, il avait pour but de solliciter leur attention et leur capacité de compréhension de sorte à aspirer pleinement à l’écoute de ses propos et ressentir l’importance des informations qu’il s’apprêtait à porter à leur connaissance. C’est pour cela qu’il dit ensuite : ‘’ Votre sang, vos biens et votre honneur sont aussi sacrés que ce jour, ce mois, et cette cité ‘’ pour appuyer l’interdiction de ces faits. »

De son côté, Al-Nawawi affirme lui aussi que le sens de cette phrase a pour but d’insister sur le statut de ces trois faits qui sont donc fortement interdits.

La sacralité du musulman est parmi les choses les plus sacrées. La biographie du Prophète () regorge d’épisodes qui sont autant de preuves de la sacralité du musulman, de son sang, de ses biens et de son honneur. Nous citerons les suivants :

La sacralité du sang du musulman :

Parmi les plus grands péchés après le polythéisme, on compte le fait de tuer un musulman sans droit. Dans son exégèse, Ibn Kathir a dit : « Après avoir montré le jugement relatif à l’homicide involontaire, Allah expose ici le jugement concernant l’homicide volontaire, c’est-à-dire, le meurtre.

« Et quiconque tue intentionnellement un croyant, Sa rétribution alors sera l’Enfer, pour y demeurer éternellement. Et Allah l’a frappé de Sa colère, l’a maudit et lui a préparé un immense châtiment. » (Coran 4/93).

Ce verset constitue un sévère avertissement et une menace terrible adressés à ceux qui commettent un péché d’une telle gravité qu’il est mentionné en même temps que le « chirk » dans plus d’un verset du Livre d’Allah. Ainsi, dans la sourate Al-Fourqân, Allah, pureté à Lui, dit :

« Ceux qui n’invoquent pas d’autre divinité qu’Allah, n’enlèvent pas sans droit la vie qu’Allah a rendue sacrée » (Coran 25/68). Il dit aussi :

« Dis : « Venez que je vous énonce ce que votre Seigneur vous a réellement prescrit : ne Lui associez aucune divinité » … jusqu’à dire : « n’enlevez pas sans droit la vie qu’Allah a rendue sacrée. » (Coran 6/151).

D’ailleurs, les versets et hadiths relatifs à l’interdiction de l’homicide sont très nombreux. »

Al-Sa’dî nous dit : « Dans ce verset, Allah mentionne une sévère menace à l’encontre de qui se rend coupable d’un meurtre perpétré volontairement. C’est une menace à même de faire trembler les cœurs et déstabiliser quiconque est doté de raison. Aucun péché majeur n’est accompagné d’une menace aussi sévère ni même équivalente : avoir pour rétribution l’Enfer, soit que cet immense péché à lui seul conduit son auteur à être rétribué par l’enfer et ce qu’il contient de châtiment terrible, d’ignominie et du courroux divin. Mais aussi, cela implique de passer à côté de la victoire et de la félicité et d’obtenir la déception et la perte de tout. Qu’Allah nous protège de toute cause qui nous éloigne de Sa miséricorde. »

Dans un autre hadith, Abdullah ibn Omar affirme que le Messager d’Allah () a dit : « Le croyant ne cesse d’être à l’aise dans sa religion tant qu’il n’a pas commis d’homicide sans droit. » Rapporté par Boukhari.

Al-‘Aynî explique : « L’expression ‘’ à l’aise ‘’ signifie que le cœur du musulman est apaisé et que s’il tue un homme sans droit alors son cœur sera serré et il se sentira à l’étroit. Allah menace sévèrement d’un châtiment pour ce péché comme Il ne l’a pas fait pour d’autres. »

Dans son ouvrage Fath Al-Bârî, Ibn Hajar a dit : « Ibn Al-‘Arabî dit qu’être à l’aise dans sa religion correspond à la largesse des œuvres pieuses qui, une fois un meurtre commis, se retrouvent à l’étroit parce qu’elles ne supportent pas cette responsabilité. Quand on parle d’être à l’aise, au sujet d’un péché, cela signifie que la demande du pardon divin est acceptée par le repentir tant qu’un meurtre n’est pas commis. Mais une fois que c’est le cas, l’acceptation de la demande de pardon n’est plus. » Fin de citation.

Selon Abu Al-Dardâ, qu’Allah soit satisfait de lui : « J’ai entendu le Messager d’Allah () dire : « Allah peut pardonner tous les péchés sauf celui d’une personne qui meurt en polythéiste ou celui d’un croyant qui a tué un autre croyant volontairement. »   Rapporté par Abû Dâwûd. Jugé authentique par Al-Albânî.

Usâma ibn Zayd (qu’Allah soit satisfait de lui) relate ce qui suit : Le Messager d’Allah () nous envoya en expédition contre le clan des Houraqah de la tribu Jouhaynah que nous avons attaqués au petit matin à proximité de leur point d’eau. Accompagné d’un Ansar, je poursuivis l’un d’entre eux qui, au moment où il fut à notre merci, s’exclama : « Il n’y a de divinité qu’Allah. » L’Ansar décida donc de l’épargner, mais je lui portai un coup de lance mortel. Informé des événements à notre retour, le Prophète () me dit : « Usâma ! L’as-tu tué après qu’il eut affirmé qu’il n’y a de divinité qu’Allah ? » Je me justifiai : « Messager d’Allah, il ne l’a dit que pour se sauver. » Il reprit : « L’as-tu tué après qu’il eut affirmé qu’il n’y a de divinité qu’Allah ? » Il ne cessa de répéter ces mots au point que je souhaitai n’être devenu musulman qu’après ce jour. » Rapporté par Boukhari et Mouslim.

Selon une autre version, il a dit : « L’as-tu tué alors qu’il a affirmé qu’il n’y a de divinité qu’Allah ? » Je répondis : « Messager d’Allah ! Seule la peur de nos armes l’a poussé à dire cela. » Il dit : « As-tu fendu son cœur pour savoir s’il l’a dit sincèrement ou non ? » Il ne cessa de répéter ces mots au point que je souhaitai n’être devenu musulman qu’après ce jour. »

Cette position du Prophète () avec ce compagnon nous apprend les faits suivants : c’est une preuve claire de la sacralité de la vie humaine ; l’obligation de juger selon les apparences ; une sévère mise en garde contre qui passe outre les apparences pour juger selon le for intérieur des gens ; et juger de ce que recèlent les cœurs sans preuve.

La sacralité des biens :

Les biens correspondent à tout ce que l’homme possède de valeurs. C’est le nerf de la vie. Il n’est pas permis au musulman de consommer les biens de son frère si ce n’est avec son accord et de bon gré. Le Prophète () a décrété que les biens étaient sacrés, il n’est donc absolument pas permis de transgresser les biens d’autrui en les dégradant, les usurpant ou en les volant.

Selon Abu Horayra, qu’Allah soit satisfait de lui, le Prophète () a dit : « Celui qui emprunte les biens des gens avec l’intention de les leur rendre, Allah lui permettre de les rendre. Quant à celui qui les empreinte en ayant l’intention de ne pas les rendre, Allah fera disparaitre ces biens. » Rapporté par Boukhari.

Il n’est donc pas permis au musulman de prendre quoi que ce soit des biens d’un autre musulman si ce n‘est de son bon gré, même s’il ne s’agit que d’un bout de bois.

Selon Abu Umâma Al-Bâhilî, le Messager d’Allah () a dit : « Quiconque, par un faux serment, usurpe les droits d’un musulman est voué à l’Enfer par Allah qui lui a interdit d’entrer au Paradis. » Un homme demanda : « Messager d’Allah ! Même s’il s’agit d’une chose insignifiante ? » Il répondit : « Même s’il s’agit d’un simple bâton d’Arâk. » Rapporté par Mouslim.

 

 

La sacralité de l’honneur :

Tout comme il a décrété sacrés le sang et les biens du musulman, le Messager d’Allah () a aussi décrété que l’honneur du musulman est sacré.

Selon Abu Horayra, le Prophète () a dit : « Tout chez le musulman est sacré pour les autres musulmans : son honneur, ses biens et son sang. » Rapporté par Mouslim.

Le cadi ‘Iyâd explique : « Le sang du musulman est une image pour signifier la vie du musulman. L’honneur du musulman est aussi une image pour signifier tout préjudice verbal. »

D’après Anas, le Prophète () a dit : « Lorsque je fus élevé au ciel, je passai devant des gens qui, à l’aide de leurs ongles en cuivre, se lacéraient le visage et la poitrine. “Gabriel ! Qui sont ces gens ?” Dis-je. “Ce sont ceux qui, par leur médisance, mangeaient la chair de leurs prochains et portaient atteinte à leur honneur”, me répondit-il. » Rapporté par Abû Dâwûd. Jugé authentique par Al-Albânî.

Étant donné l’importance de l’honneur, le Prophète () nous a enjoint à dissimuler les fautes des musulmans et à ne pas être à l’affut de leurs fautes. Celui qui préserve l’honneur de son frère et couvre ses fautes, Allah le préservera et couvrira ses fautes. Et celui qui est à l’affut des fautes de son frère, Allah dévoilera ce qui portera atteinte à son honneur et montrera aux gens ses fautes jusqu’à le couvrir de honte chez lui. Selon Abu Horayra, le Prophète () a dit : « Celui qui couvre les défauts et les péchés d’un musulman, Allah couvrira les siens ici-bas et dans l’au-delà. » Rapporté par Mouslim.

Selon Abdulah ibn Omar, le Prophète () a dit : « Ô assemblé de gens qui se sont convertis avec leurs langues, mais dont la foi n’a pas encore pénétré les cœurs : ne causez pas du tort aux musulmans et ne les dénigrez pas. Ne vous mettez pas à l’affut de leurs fautes, car celui qui est à l’affut des fautes de son frère, Allah sera à l’affût des siennes et dévoilera ce qu’il fait même à l’intérieur de son foyer. » Rapporté par Tirmidhi. Jugé authentique par Al-Albânî.

Al-San’ânî explique : « L’expression ‘’ Ne vous mettez pas à l’affut de leurs fautes’’ signifie pour les dévoiler aux gens et les mettre au courant. ‘’ Allah sera à l’affut des siennes’’ soit, Il le punira en dévoilant les siennes aux gens, celles qu’il souhaite dissimuler, un châtiment équivalent à la nature de son acte. »

Remarque : la sacralité du musulman est valable de son vivant et même après sa mort :

 

 

La sacralité du musulman n’est pas restreinte à son vivant, bien au contraire, cette sacralité subsiste même après sa mort. Selon Abu Râfi’, qu’Allah soit satisfait de lui, le Prophète () a dit : « Celui qui lave la dépouille d’un défunt et dissimule ce qu’il a vu, Allah lui pardonnera quarante fois. » Rapporté par Al-Hâkim. Jugé authentique par Al-Albânî.

Selon Aisha, qu’Allah soit satisfait d’elle, le Prophète () a dit : « Casser l’os d’un défunt est un péché identique à celui de casser l’os d’un homme vivant. » Rapporté par Abou Daoud. Jugé authentique par Al-Albânî.

Ibn Hajr explique : « Ce hadith nous apprend que la sacralité du musulman subsiste même après sa mort, comme c’était le cas de son vivant. »

Il s’agissait là de quelques hadiths indiquant la sacralité du musulman de façon générale et la sacralité de sa vie, de ses biens et de son honneur de façon particulière. C’est ce que le Prophète () a mis en évidence et confirmé par ses paroles : « Votre sang, vos biens et votre honneur sont aussi sacrés que ce jour, ce mois, et cette cité. » Et aussi : « Tout chez le musulman est sacré pour les autres musulmans : son honneur, ses biens et son sang. » Rapporté par Boukhari.

Al-Munâwî explique : « Les preuves juridiques de l’interdiction de ces trois faits sont notoirement connues de tous au point où personne n’ignore que cela fait partie des préceptes de l’islam… Le sang du musulman est sa vie, ses biens lui permettent de vivre, et son honneur est son aspect intangible. Il s’est contenté de citer ces trois faits, car tout le reste en découle et revient à ces trois faits principaux de la vie du musulman. Si les aspects physiques et morals de sa vie sont assurés, il n’a besoin de rien d’autre. Or, ces deux aspects ne tiennent que par ces trois faits. Aussi, puisque ces trois faits sont à priori sacrés, et c’est le cas la plupart du temps, il n'a pas eu besoin de restreindre son propos en précisant qu’il y a des cas où ces trois faits sont sujets à une atteinte. C’est pour cela que dans certaines versions du hadith, il y a un ajout : ‘’ sans droit’’ soit qu’il est interdit de porter atteinte à la vie, les biens et l’honneur du croyant sans droit. C’est donc une explication du principe de base. »

En revenant à la conduite et à l’attitude du Prophète (), la vie est conforme aux injonctions divines. Les âmes sont pures, les droits sont restitués à chacun, les vies, les biens et l’honneur des gens sont préservés. Chacun reçoit ce qui lui est dû… Fait partie du bonheur des individus et des sociétés qu’Allah leur octroie la possibilité de se conformer aux enseignements du Prophète () en se pliant à ses ordres et en renonçant à ce qu’il a interdit. Allah, exalté soit-Il, dit : « Ce que le Messager vous ordonne, acceptez-le, et ce qu’il vous défend, abstenez-vous-en. » (Coran 59/7). Ibn Kathîr explique : « Autrement dit : obéissez à ses ordres, quels qu’ils soient et écartez-vous de tout ce qu’il interdit, car il n’ordonne que le bien et n’interdit que le mal. »

Al-Sa’dî affirme : « Cela englobe les fondamentaux de la religion et ses règles, extérieurement et intérieurement. Tout ce que le Prophète () nous a enseigné, il faut s’y conformer et le suivre. Il n’est pas permis de s’y opposer. Un jugement du Prophète () a le même statut qu’un jugement d’Allah. Et il n’y a aucune dérogation ou excuse pour le délaisser. Et il n’est pas permis de donner la priorité à un avis sur celui du Prophète (). »

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