Un tribunal civil impose à un homme de verser une pension à sa femme qui ne vit plus avec lui
3-10-2013 | IslamWeb
Question:
Salem alaikoum et barakallah ofikoum pour ce site.
Je me suis marié au bled. Mon ex-épouse a demandé le divorce et a quitté le domicile conjugal en simulant une tentative de suicide et une dépression pour me faire accuser de mari violent la battant. Elle a laissé derrière elle deux jumelles de trois ans. Bref, le tribunal lui donne une pension compensatoire de 15 000 € sur cinq ans dont je dois payer par mois 250 €, mais sur de fausses déclarations de sa part. De plus, je n’ai pas les moyens de payer, car j’ai deux enfants à charge. Elle me dit qu’un imam a dit que je devais lui donner sa pension même si je n’ai rien, que c’est écrit dans le Coran et qu’elle avait le droit de demander le divorce, car elle ne m’aimait pas et elle mettait elle-même sa vie en danger (poussé au suicide) parce qu’elle ne supportait plus sa vie de couple et n’avait pas suffisamment de liberté. Elle voulait travailler et que je paie tout afin de pouvoir envoyer son salaire à sa famille au Maroc qui vivait au même niveau social.
Que dois-je faire : priver mes enfants de nourriture, d’habits et d’éducation et le lui donner à elle sachant qu’elle s’est mariée récemment et vit avec cet homme ?
Réponse:
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Premièrement, il semble que le tribunal qui vous a condamné à lui verser cette somme est un tribunal civil. Or, il n’est pas permis de se référer à ce genre de tribunaux sauf en cas de d’extrême nécessité. Quant au jugement rendu par ce tribunal, vous n'êtes obligé de suivre que ce que la Charia confirme.
Deuxièmement, si vous pouvez trouver une solution pour éviter l'application de ce jugement injuste comme une réconciliation ou un arrangement avec votre femme par exemple ce serait mieux. Mais si vous êtes contraint de payer cette somme d’argent et qu'il ne vous restera plus rien pour subvenir aux besoins de vos deux filles alors, sachez qu’Allah, exalté soit-Il, n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité et vous ne serez pas rendu responsable de ne pas avoir pu subvenir à leurs besoins. Ibn Qudâma, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit en expliquant les conditions relatives aux dépenses faites pour les proches : « Celui qui a l'obligation d'entretenir d’autres personnes doit le faire avec l’argent qui lui reste après avoir subvenu à ses propres besoins en utilisant l’argent qu’il possède ou celui qu’il gagne. Par contre, celui qui n’a plus rien après avoir subvenu à ses besoins n’est pas responsable de l’entretien des autres. En effet, Djâbir , qu'Allah soit satisfait de lui, a rapporté que le Prophète () a dit :
« Que celui d’entre vous qui est pauvre commence par subvenir à ses propres besoins. Ensuite, s’il lui reste de l’argent, qu’il subvienne aux besoins de ses enfants puis à ceux de ses proches.» (al-Nasâ`î)
Et dans une version, il dit : « Commence par t’entretenir puis par entretenir ceux qui sont à ta charge. »(al-Tirmidhî) » (Al-Mughnî)
Troisièmement, l’homme à l’obligation d’entretenir sa femme dans la mesure de ses moyens – ceci s’ils sont toujours mariés – car Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :
« Que celui qui est aisé dépense de sa fortune ; et que celui dont les biens sont restreints dépense selon ce qu'Allah lui a accordé. Allah n'impose à personne que selon ce qu'Il lui a donné, et Allah fera succéder l'aisance à la gêne. » (Coran 65/7)
Par contre, si le mariage prend fin alors, ce n’est pas de son droit d’être entretenue par lui.
Quatrièmement, le fait que le mari soit en difficulté ne le libère pas de sa responsabilité d’entretenir sa femme. S'il devient aisé, sa femme peut lui réclamer son dû (l'argent qu'il était censé dépenser pour subvenir à ses besoins). Ibn Qudâma, qu'Allah lui fasse miséricorde, dit : « Si la femme accepte de rester avec son mari malgré ses difficultés financières sans lui demander de l’entretenir, il n’y a aucun problème à cela, car cela est son droit, et ses dépenses seront alors une dette du mari envers elle. » (Al-Charh al-Kabîr) Donc, si vous n’avez pas entretenu votre femme à une certaine période lorsque vous étiez encore marié, cette dernière a le droit de vous demander de lui rembourser ses dépenses sauf si elle était désobéissante. Dans ce cas, vous n’êtes pas tenu de l’entretenir toute la durée de sa désobéissance. À travers ce que nous avons mentionné, il vous est donc possible de savoir ce à quoi a droit cette femme.
Nous attirons votre attention sur plusieurs choses :
Premièrement, la femme n’a pas le droit de demander à son mari le divorce sans raison légitime comme le fait de subir un préjudice en restant avec lui ou des choses de ce genre.
Deuxièmement, la femme n’a pas le droit de quitter la maison conjugale sans autorisation de son mari sauf pour une raison légitime comme pour éviter qu’il l’agresse, par exemple. Si la femme quitte la maison conjugale sans l'autorisation de son mari et sans raison légitime, elle est alors considérée comme désobéissante.
Troisièmement, le suicide est un grand crime et cause de souffrances dans ce monde et dans l’au-delà. Il n’est en aucun cas permis de se tourner vers le suicide et la femme ne peut pas menacer son mari de se suicider s’il ne la répudie pas.
Et Allah sait mieux.
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