Comment concilier deux propos apparement contradictoires l'un attribué au Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) et l'autre à Ibn Mas'ud?
6-6-2014 | IslamWeb
Question:
Salam alaykum, Est-ce que ce récit est authentique ? Une autre fois, on a dit à Ibn Mas'ud que ‘Uthmân faisait une prière de quatre génuflexions à la Mecque et à Mina durant le pèlerinage, alors que le Prophète et ses deux premiers califes Abû Bakr et ‘Umar en faisaient deux. Notre pieux compagnon suivit l’exemple de ‘Uthmân et en fit quatre comme lui. A ceux qui lui demandèrent pourquoi, il répondit : « Parce que les divergences sont source de mal. » Cette dernière phrase « Parce que les divergences sont source de mal. » me trouble puisque me semble-t-il le prophète Õáì Çááå Úáíå æ Óáã dit : "les divergences des savants sont une miséricorde pour ma communauté". Si les deux récits sont authentiques comment les concilier ? Baraka Allaho fikom. Qu'Allah exalté soit-il vous récompense en bien.
Réponse:
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Le Prophète () n’a jamais dit : « La divergence des savants est une miséricorde pour ma communauté. » Le hadith qui est connu est le suivant : « La divergence de ma communauté est une miséricorde. » Ce hadith est apocryphe et c’est un mensonge imputé au Prophète (). Cheikh al-Albânî a dit : « Ce hadith est sans fondement. » (Al-silsila al-Da’îfa).
Le récit d’Ibn Mas’ûd que vous avez mentionné est authentique. 'Abd al-Rahmân ibn Yazîd a dit : « ‘Uthmân dirigea pour nous la prière à Minâ en faisant quatre Rak’as. On dit cela à Abdallah ibn Mas’ûd et il dit “Innâ lillahi wa innâ ilayhi râdj’ûn” marquant ainsi sa réprobation. Ensuite il dit : “J’ai prié deux Rak’as à Minâ avec le Messager d’Allah () j’ai prié deux Rak’as à Minâ avec Abû Bakr al-Siddîq et j’ai prié deux Rak’as à Minâ avec ‘Umar Ibn al-Khattâb. Si seulement, de mes quatre Rak’as, deux étaient acceptées”. » (Mouslim) Al-Tirmidhî a également rapporté ce hadith sans mentionner la phrase : « La divergence est un mal. » Cette phrase a été mentionnée dans la version de ‘Abd al-Razzâq, de cette manière : « Cela parvint à Ibn Mas’ûd et il dit “Innâ lillahi wa innâ ilayhi râdj’ûn” marquant ainsi sa réprobation ; puis il se leva et effectua quatre Rak’as. “Tu as réprouvé cela et ensuite tu as effectué quatre Rak’a’s”, lui dit-on.
– “La divergence est un mal”, répondit-il. » (al-Musannaf) La version d’Al-Bayhaqî dans al-Sunan al-Kubrâ est proche de celle-ci.
L’expression « La divergence des savants est une miséricorde » est souvent mentionnée dans les paroles des oulémas et elle est attribuée à ‘Umar ibn ‘Abd al-‘Azîz. Certains oulémas l’ont interprétée en disant qu’il faisait allusion à la divergence qui se produit dans les domaines où l’idjtihâd est possible en raison d’une absence de Texte en la matière ou d’une ambiguïté des Textes se rapportant à une question. Par conséquent, le Muqallid (une personne qui doit se contenter de suivre l’avis d’un mufti en le considérant comme correcte même si elle en ignore les arguments) a toute la liberté de suivre un des oulémas protagonistes de cette divergence.
Al-Zarkachî a dit : « Quant aux sujets sur lesquels l’Idjtihâd est permis, ce sont ceux qui font l’objet de divergence comme le fait de savoir s’il est obligatoire de s’acquitter de la Zakât sur l’argent de l’enfant ou de dénier l’obligation de la prière du Witr et autres sujets sur lesquels nous constatons une absence de Texte ou une ambiguïté des sources. On recourt donc dans ces cas-là à l’Idjtihâd et le Mudjtahid ne commet pas de péché en agissant de la sorte. Ibn al-Sam’âni a dit : « La raison d’être de cette solution de substitution est vraisemblablement qu’Allah veuille éprouver Ses serviteurs pour que les plus savants et les plus honorables d’entre eux se distinguent des autres comme Il le dit : “Allah élèvera en degrés ceux d'entre vous qui auront cru et ceux qui auront reçu le savoir…” (Coran 58/11). Il dit également : “Et au-dessus de tout homme détenant la science il y a un savant [plus docte que lui]”. (Coran 12/76) C’est comme cela qu’on explique l’expression qui a été mentionnée dans certains récits : “La divergence de ma communauté est une miséricorde”. Il faut interpréter cette parole de la sorte. » (Al-Bahr al-Muhît fî Usûl al-Fiqh)
Et Allah sait mieux.
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