Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Comme vous l'avez dit, la Zakât n'est obligatoire qu'une fois les deux conditions suivantes remplies : la première est d'atteindre le Nisâb (minimum légal sur lequel la Zakât doit être payée) qui équivaut à la valeur de 85 grammes d'or ou de 595 grammes d'argent ; et la deuxième est qu'une année lunaire entière (al-Hawl) se soit écoulée en possession de cet argent.
Quant à l'ignorance des règles de la Zakât relatives à son exigibilité, elle n'exempte pas de l'obligation de s'en acquitter si ses deux conditions sont remplies. Au contraire, il est obligatoire de s'acquitter de la Zakât pour toute la période passée où il était obligatoire de s'en acquitter et où cela n'a pas été fait. Toutefois, si vous doutez du fait que votre argent avait atteint le Nisâb, vous ne devez alors pas vous acquitter de la Zakât, car il s'agit d'un doute sur la condition même de l'obligation de la Zakât. Or, les oulémas déclarèrent que tout doute sur une condition impose de ne pas prendre en considération les conséquences de cette condition. Al-Qarâfî a dit : « La règle unanimement approuvée est que tout ce qui fait l’objet d’un doute n'est pas pris en considération. Ainsi, le doute concernant une cause ou une condition n'entraîne aucun jugement... » (Al-Furûq)
Par ailleurs, si vous êtes certain que votre argent avait atteint le Nisâb, mais que vous ne savez pas s’il est descendu ou pas en dessous du Nisâb durant l'année (al-Hawl) et qu'aujourd'hui cette somme d'argent est du même montant qu'au début, il faut alors considérer qu'elle n'est jamais passée en dessous du Nisâb. En effet, la règle jurisprudentielle dit : « La règle de base est que toute chose reste dans l'état dans lequel elle était » ; c'est-à-dire que s'il est confirmé qu'une chose possède une certaine caractéristique, la règle de base veut que cette chose garde cette caractéristique jusqu'à preuve du contraire. Ainsi, s'il est confirmé que cet argent avait atteint le Nisâb et que vous doutez ensuite qu'il soit descendu ou pas en dessous du Nisâb durant l'année, le principe de base veut que l'on considère qu'il n'est pas descendu en dessous du Nisâb. Vous avez donc l'obligation de vous acquitter de la Zakât sur cet argent. Ensuite, si vous n'avez aucune idée ni aucun moyen de savoir le montant de la Zakât dont vous devez vous acquitter pour les années précédentes, il faut alors faire des estimations. Voici la question posée au Comité permanent à ce sujet :
Est-il permis de s'acquitter de la Zakât de manière rétroactive ? Je sous-entends par cela le fait qu'une personne qui possédait une somme d'argent ayant atteint le Nisâb ne se soit pas acquittée de la Zakât à temps et ait laissé traîner la chose plusieurs années. Doit-elle s'acquitter de la Zakât pour cette période passée ? Comment cette personne peut-elle s'acquitter de la Zakât si elle n'est pas sûre du montant sur lequel elle devait s'en acquitter à l'époque ?
Le Comité permanent répondit à cette question comme suit :
La personne qui doit s'acquitter de la Zakât et tarde à le faire sans excuse valable commet un péché, comme le prouve le Coran et la Sunna qui incitent à s'empresser de payer la Zakât au moment où elle devient obligatoire.
Ensuite, la personne qui doit s'acquitter de la Zakât et ne le fait pas sur le champ doit le faire par la suite, même des années après. Elle doit alors s'acquitter de la Zakât pour toutes les années où elle a omis de le faire en essayant d’estimer au mieux le nombre d'années durant lesquelles elle a omis de payer la Zakât et les sommes dues, car Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « Craignez Allah, donc autant que vous pouvez, [...] » (Coran 64/16)
Enfin, concernant l'argent qui se trouve sur deux comptes bancaires différents, il doit être regroupé avant de déterminer si le Nisâb est atteint, car le propriétaire de cet argent est une seule et même personne. Ensuite, si l'un des comptes représente les bénéfices de l'autre, il faut alors s'acquitter de la Zakât sur les deux comptes après l'écoulement d'une année en se basant sur le capital de base. Par contre, si aucun des comptes n'est le résultat des bénéfices de l'autre et que l'un des deux comptes atteint le Nisâb, mais pas l'autre, vous avez alors le choix entre vous acquitter de la Zakât sur les deux comptes après l'écoulement d'une année sur le compte ayant atteint le Nisâb ou de le faire séparément pour chaque compte, après l'écoulement de son année propre. Nous attirons ici votre attention sur le fait que les intérêts usuraires ne sont pas soumis au paiement de la Zakât et qu'il faut s'en débarrasser en les dépensant dans des œuvres au profit des musulmans.
Et Allah sait mieux.