Critiquer les oulémas : entre critique constructive et joie maligne

3-4-2016 | IslamWeb

Question:

Suis-je autorisé à critiquer les fatwas des oulémas qui apparaissent sur les chaînes satellitaires et qui ne suivent pas la doctrine des prédécesseurs, à mettre mes amis en garde contre leurs avis et à discuter avec eux de leurs fatwas, c’est-à-dire en montrant qu’elles sont confuses et non pertinentes ? Ou bien cette attitude passe pour un acte illicite de calomnie ? Renseignez-nous, qu’Allah vous accorde la meilleure récompense.

Réponse:

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses compagnons :

 

Certes, les oulémas occupent un rang éminent en Islam, étant les héritiers des Prophètes chargés de communiquer la religion aux gens. Allah, exalté soit-Il, les prend pour témoin de Son unicité et associe leur témoignage au Sien et à celui des Anges. Il dit, exalté soit-Il (sens du verset) :

 

« Allah atteste, et aussi les Anges et les doués de science, qu’il n’y a point de divinité à part Lui, le Mainteneur de la justice. Point de divinité à part Lui, le Puissant, le Sage » (Coran 3/18).

 

Si la critique des oulémas et de leurs fatwas vise à mettre leurs avis en doute, à les clouer au pilori, à les discréditer, à flétrir leur réputation et à repérer leurs erreurs, cela ne convient pas à un musulman au détriment de ses coreligionnaires en général, et encore moins des oulémas. D’après ibn 'Umar, et de son père, le Prophète () a dit :

 

« Ô assemblée de ceux qui ont exprimé leur soumission verbalement et dont la (réalité ou la perfection de la) foi n'est pas encore parvenue au cœur (l'assemblée était alors composée de musulmans sincères et d'hypocrites (mounâfiqîn)), ne causez pas du tort aux musulmans, ne les humiliez pas (en leur reprochant des fautes passées) et ne restez pas à l'affût de leurs défauts, car celui qui reste à l'affût des défaut de son frère musulman, Allah restera à l'affût des siens. Et celui dont Allah est à l'affût de ses défaut, Il le déshonorera, même s'il se (cache) au cœur de sa maison. » (Ahmad, Abû Dâwûd, al-Tirmidhi, al-Nassâ’i et ibn Mâdjah).

 

Ibn 'Assâkir a affirmé : « La chair des oulémas est empoisonnée. De par la loi divine bien établie, celui qui les dénigre verra ses fautes dévoilées. Ainsi, celui qui les dénigre et les diffame sera éprouvé par la mort du cœur avant la mort de son corps ».

 

Cependant, si cette critique vise à réaliser un intérêt pour les musulmans et à montrer l’erreur d’une manière décente, cela ne fera aucun mal et sera même requis. En fait, celui qui acquiert des informations sur la religion d’Allah doit les transmettre aux gens, et celui qui entend un avis erroné de l’un des oulémas doit le corriger en fournissant les preuves ad hoc de la Charia et des autres avis des ulémas, mais avec sagesse et respect.

 

C’est ainsi que les pieux prédécesseurs et les grands imams procédaient entre eux, et de même les spécialistes de hadiths en montrant l’erreur d’un narrateur donné face à l’authenticité de la narration d’un autre.

 

Et Allah sait mieux.

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