La Concordance entre les deux hadiths suivants

17-5-2025 | IslamWeb

Question:

Comment concilier le hadith : "Lorsque l'être humain meurt, ses actions cessent, sauf dans trois cas : une aumône continue (Sadaqa jâriya), une science dont on tire profit, ou un enfant pieux qui prie pour lui", et le hadith : "Aucune âme n'est tuée injustement sans que le premier fils d'Adam n'en porte une part de son sang" ?

Réponse:

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses compagnons :


Les deux hadiths évoqués concordent parfaitement et ne sont nullement contradictoires. Leur sens commun réside dans le fait que les conséquences d’un acte accompli par le serviteur sont prises en compte dans sa rétribution, que ce soit en bien ou en mal.
Dans Jâmi" al-Masâ'il, Ibn Taymiyya (qu’Allah lui fasse miséricorde) explique que le Coran mentionne à la fois l’acte du serviteur et ce qui en découle, en les considérant comme faisant partie intégrante de ses œuvres. Il cite à cet effet la parole d’Allah — Exalté soit-Il — :
« C’est parce que ne les atteignent ni soif, ni fatigue, ni faim dans le sentier d’Allah, ni ne foulent une terre qui provoque la colère des mécréants, et qu’ils n’obtiennent de l’ennemi aucun avantage, sans que cela ne leur soit inscrit comme une bonne action. Certes, Allah ne laisse pas perdre la récompense des bienfaisants. » (Coran 9:120)
Ces choses — comme la soif, la fatigue ou la faim — ne sont pas des actes volontaires en soi, mais des effets de leurs efforts dans le sentier d’Allah, et pourtant, une bonne action leur est inscrite pour cela.
Puis il poursuit en citant :
« Et ils ne dépensent pas une petite ou une grande dépense, et ne traversent pas une vallée, sans que cela ne leur soit inscrit. » (Coran 9:121)
Ibn Taymiyya précise que la dépense et la traversée d’une vallée sont des actes volontaires, inscrits comme œuvres en soi. Quant aux précédents effets (soif, faim, etc.), ce sont les conséquences involontaires de leur bonne action, mais elles leur valent tout de même une rétribution. Il en est de même, selon lui, pour l’invocation faite par l’enfant en faveur de son parent : c’est un effet de l’éducation et de l’influence de ce dernier, même si le parent n’a pas formulé expressément cette intention. De même, les combattants n’ont pas cherché la soif ou la fatigue en soi, mais ils en ont été récompensés.
Par ailleurs, celui qui appelle autrui à la bonne voie a l’intention d’être suivi et de guider, même si ceux à qui il s’adresse ne mettent pas en œuvre ce qu’il leur a ordonné. Dès lors qu'il déploie les efforts nécessaires pour atteindre cet objectif, il est considéré comme ayant accompli ce qu’il pouvait, et il mérite une récompense équivalente à celle de celui qui agit, à l’instar de celui qui instaure une bonne tradition ou une mauvaise tradition. L’explication concerne ici l’acte qu’il initie pour qu’il soit suivi, car il en a eu l’intention, et a œuvré en ce sens.
Si l’on objecte que, selon un hadith authentique rapporté dans les deux Sahihs, le Prophète () a dit :
« Aucune âme n’est tuée injustement sans que le premier fils d’Adam n’en porte une part de son sang, car il fut le premier à instituer le meurtre »,
et qu’il n’avait pourtant pas l’intention de chaque meurtre survenu après lui,
la réponse est la suivante : le Prophète () n’a pas dit qu’il porterait l’ensemble du péché de chaque meurtrier, mais qu’il porterait une part du sang de chaque victime, car cela est l’effet de son acte originel : il fut le premier à ouvrir cette voie du meurtre.
Allah — Exalté soit-Il — dit à propos des meneurs de l’incroyance :
« Et ceux qui ont mécru disent à ceux qui ont cru : ‘Suivez notre voie, et nous porterons vos péchés.’ Mais ils ne porteront rien de leurs péchés. Ce sont certes des menteurs. Et assurément, ils porteront leurs propres fardeaux et d’autres fardeaux en plus des leurs, et ils seront interrogés le Jour de la Résurrection sur ce qu’ils inventaient. » (Coran 29:12-13)
Et Il dit également :
« Afin qu’ils portent, au Jour de la Résurrection, le fardeau de leurs propres péchés, ainsi qu’une partie des fardeaux de ceux qu’ils égarent, sans le savoir. » (Coran 16:25)
Cela montre bien que les effets des actes du serviteur peuvent entraîner pour lui récompense ou châtiment, même s’il ne les a pas recherchés intentionnellement. Toutefois, bénéficier d’une récompense équivalente à celle de celui qui accomplit l’acte constitue une illustration spécifique de ce principe général.


Et Allah sait mieux.

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