Réflexions sur les similitudes entre certains événements de la vie de Moïse et son voyage avec Al-Khidr

13-7-2025 | IslamWeb

Question:

Allah, exalté soit-Il, dit dans la sourate Al-Kahf, au sujet des propos d'Al-Khidr (paix sur lui) :
« Et comment pourrais-tu patienter sur ce dont tu n’as aucune connaissance ? » (Coran 18/68)
Ce qui est étonnant dans ce verset, c’est que le Prophète Moïse (paix sur lui) avait déjà été confronté dans sa vie à des événements similaires à ceux qu’il a vécus au cours de son voyage avec Al-Khidr :
• Le bateau qu’Al-Khidr a endommagé de peur qu’un roi ne s’en empare de force ressemble à l’arche dans laquelle la mère de Moïse l’avait déposé, encore nourrisson, par crainte de Pharaon.
• Moïse a tué un homme copte idolâtre, tout comme Al-Khidr a tué un garçon qui aurait causé du tort à ses parents à cause de sa mécréance.
• Moïse a aussi abreuvé deux femmes sans demander de rémunération, tout comme Al-Khidr a rebâti un mur sans réclamer de salaire.
Alors, comment expliquer que le Prophète Moïse, malgré ces expériences similaires, ne s’en soit pas souvenu durant le voyage ?
Pourquoi Al-Khidr lui a-t-il dit : « ce dont tu n’as aucune connaissance » ?
Quelle est la sagesse dans cette ressemblance entre les événements ? Quelle est sa signification et quels enseignements peut-on en tirer ?
Qu’Allah vous bénisse.

Réponse:

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :


Les similitudes mentionnées entre ces événements ne sont qu’apparentes. Un examen plus approfondi révèle des différences fondamentales. Les actes accomplis par Al-Khidr se faisaient par ordre divin : ils avaient une apparence répréhensible, mais cachaient une miséricorde ou une sagesse profonde, inaccessible à la raison humaine en l’absence de révélation ou de savoir particulier accordé par Allah à certains de Ses serviteurs. Ce qui distingue ces faits des précédentes expériences de Moïse.
Par exemple :
•    Le dépôt de Moïse dans le Nil s’est fait par ordre divin, communiqué à sa mère par révélation, avec la promesse de le sauver et de le lui rendre. Allah dit :
« Et Nous révélâmes à la mère de Moïse : "Allaite-le. Puis, quand tu craindras pour lui, jette-le dans le fleuve. Et ne crains ni ne t’afflige, car Nous te le rendrons et ferons de lui un Messager." » (Coran 28/7)
Ici, l’ordre divin et la sagesse sont clairement visibles.
•    À l’inverse, dans l’épisode du bateau, Moïse ne connaissait pas la sagesse divine derrière l’endommagement de l’embarcation. Il craignait un danger apparent sans en percevoir la finalité bénéfique.
•    Le meurtre du garçon par Al-Khidr fut accompli sur ordre direct d’Allah et grâce à un savoir spécial révélé à Al-Khidr. L’enfant méritait la mort en raison de sa mécréance, ou à cause du mal futur qu’il aurait causé à ses parents croyants. C’était donc un acte de miséricorde envers eux et une épreuve.
•    Le meurtre du Copte par Moïse, quant à lui, était une erreur involontaire : un acte dicté par la volonté de défendre un opprimé, et non un ordre divin. Le Prophète Moïse a demandé pardon à Allah pour cette faute.
Allah dit :
« Il dit : Seigneur, je me suis fait du tort à moi-même. Pardonne-moi. Et Il lui pardonna. C’est Lui, vraiment, le Pardonneur, le Très Miséricordieux. » (Coran 28/16)
•    Quant à l’aide de Moïse aux deux jeunes femmes et à la reconstruction du mur par Al-Khidr, les deux actes relèvent d’un bienfait accompli gratuitement, dans un contexte de besoin et de détresse.
La différence : Moïse a été choqué que l’on fasse le bien envers des gens qui les avaient mal reçus, alors qu’il ignorait que le mur protégeait le trésor d’orphelins et que le bien n’était pas destiné aux habitants ingrats, mais aux enfants innocents.
Ainsi, Moïse (paix sur lui) ignorait la sagesse cachée derrière ces actes. C’est pourquoi Al-Khidr lui dit :
« Et comment pourrais-tu patienter sur ce dont tu n’as aucune connaissance ? » (Coran 18/68)
Ce qui signifie : tu n’en connais ni le secret ni la finalité.
Ibn Kathîr dit dans son Tafsîr :
« Tu ne connais que ce que tu vois de la justice apparente, mais tu n’as pas connaissance du savoir invisible que je détiens. » Fin de citation.
Par ailleurs, l’être humain ne fait pas toujours spontanément le lien entre ses expériences passées et les nouvelles situations, surtout lorsque le contexte change, ou que les faits apparaissent différemment, ou encore sous le coup de la surprise.
Sa capacité à relier les événements peut être altérée, en particulier lorsqu’il s’agit de sagesses divines cachées, non encore révélées.
Enseignements tirés de cette ressemblance apparente :
1.    La limitation du savoir humain :
Même avec l’expérience, l’homme reste limité dans sa compréhension, surtout face au savoir divin.
2.    La sagesse divine peut être voilée :
Ce qui semble néfaste en surface peut cacher un bien immense.
3.    L’importance de la soumission à la volonté divine :
Il faut accepter les décrets d’Allah, même si leur sagesse nous échappe.
4.    L’humilité du savant :
Même un prophète comme Moïse (paix sur lui) a été confronté à un savoir qui lui était étranger, ce qui enseigne à l’homme de ne jamais s’enorgueillir de ses connaissances.


Et Allah sait mieux.
 

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