Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
L’un des critères unanimement reconnus pour que la zakat soit obligatoire sur les biens commerciaux est de les posséder avec l’intention de les vendre.
Il est rapporté dans l’Encyclopédie juridique koweïtienne :
« Les jurisconsultes sont unanimes à considérer qu’il faut avoir l’intention de commercer au moment de l’achat ou de l’acquisition du bien pour que la zakat commerciale soit due. » Fin de citation.
Reste à savoir si la présence d’une clause obligatoire de vente du bien en cas d’offre à un certain prix équivaut à une intention de commerce.
La question est sujette à discussion et à divergence d’interprétation.
La situation semble proche du cas de celui qui acquiert un bien dans l’intention d’en tirer un revenu (par exemple un loyer) ou un usage personnel, mais qui le vendrait en cas de forte plus-value.
Or, les jurisconsultes ont divergé sur l’obligation de la zakat dans ce cas.
Ainsi, as-Samarqandî (de l’école hanafite) rapporte dans ‘Uyûn al-Masâ’il :
« Hishâm dit : J’ai interrogé Muhammad à propos d’un homme qui achète un bien pour s’en servir, tout en ayant l’intention de le vendre s’il réalise un bénéfice. Est-il soumis à la zakat ? Il répondit : Non. C’est ainsi que les gens agissent : lorsqu’ils trouvent un bénéfice, ils vendent. » Fin de citation.
De même, Mayyâra (de l’école malikite) écrit dans ad-Durr ath-Thamîn :
« Parmi les conditions de la zakat sur les biens commerciaux figure le fait qu’ils soient destinés au commerce et non à l’usage personnel. Si l’acheteur a l’intention, lors de l’acquisition, d’en tirer un revenu (par exemple un loyer), il y a deux avis concernant l’obligation de zakat sur le prix s’il vend :
– L’avis majoritaire : il n’y a pas de zakat, car le revenu existe aussi dans les biens acquis pour usage personnel.
– L’avis contraire : elle est obligatoire, car le revenu est une forme de commerce.
S’il combine l’intention d’usage personnel et de commerce, l’avis de certains est que l’intention d’usage personnel prévaut et qu’il n’y a pas de zakat ; d’autres estiment que, par précaution pour les pauvres, on applique l’avis de l’obligation. »
Conclusion pratique :
La position la plus prudente pour s’acquitter de sa responsabilité religieuse est de payer la zakat sur les biens immobiliers destinés à la location comportant une clause de vente de ce type, et ce une seule fois lors de leur vente, conformément à l’avis malikite sur la zakat des biens « thésaurisés » en attente de vente.
Nous avons d’ailleurs déjà indiqué dans des fatwas précédentes que la zakat est obligatoire pour tout bien acheté avec l’intention de le vendre en cas de hausse du prix.
Pour votre dernière question concernant deux biens achetés avec l’intention de les vendre, chacun d’eux ayant une valeur inférieure au nisâb :
Il faut additionner leur valeur pour voir si le total atteint le nisâb, et les inclure également dans le calcul avec d’autres biens commerciaux ou liquidités.
Ibn Qudâma rapporte dans al-Mughnî :
« Les biens commerciaux s’additionnent avec l’or et l’argent pour compléter le nisâb. Nous ne connaissons pas de divergence à ce sujet. Al-Khattâbî a dit : Je ne sais pas que la majorité ait divergé là-dessus, car la zakat ne porte que sur leur valeur, laquelle est estimée en or ou en argent, et s’additionne à l’un ou l’autre. » Fin de citation.
Et Allah sait mieux.