Devoir d’informer les employés de l’existence d’une prime dissimulée et jugement du paiement exigé pour l’obtenir
2-11-2025 | IslamWeb
Question:
Je travaille dans une institution gouvernementale. La responsable des comptes a confié à une de mes collègues qu’il existait une prime versée périodiquement. Cependant, aucun de mes collègues ne sait qu’il faut informer la responsable des comptes de son nom pour pouvoir en bénéficier.
Comme elle connaissait bien ma collègue, elle lui a dit qu’elle pouvait inscrire son nom ainsi que celui de toute personne qu’elle souhaiterait. Ma collègue m’a donc informée de cela, mais pour que je puisse recevoir la prime, nous devrions, au lieu de lui donner de l’argent, lui acheter une rame de papier pour imprimante.
Je ne me sens pas à l’aise avec cette situation. Étant donné que mes collègues ignorent tout de cette prime, est-il interdit d’acheter ce papier pour elle ? Et le fait de garder le silence sur cette affaire est-il également répréhensible ?
Réponse:
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Si cette prime constitue un droit commun à tous les employés, il n’est pas permis de la dissimuler ni d’en priver les autres. Si personne ne les en informe, il vous incombe alors de le faire, car le conseil sincère est une obligation.
Le Prophète (
) a dit :
« La religion, c’est conseil sincère. »
Nous demandâmes : « Envers qui, ô Messager d’Allah ? »
Il répondit : « Envers Allah, Son Livre, Son Messager, les dirigeants des musulmans et la communauté dans son ensemble. » (Rapporté par Mouslim)
Al-Kirmanî explique :
« Le mot nasîha (conseil sincère) est une expression générale qui signifie vouloir le bien pour la personne conseillée, chercher à améliorer sa situation, la préserver du mal et la délivrer de la tromperie. » (Fin de citation)
La Mawsûʿa Fiqhiyya (Encyclopédie juridique koweïtienne) précise également :
« Les juristes ont considéré que le conseil sincère envers les musulmans est une obligation. » (Fin de citation)
Il n’est donc pas permis à la responsable des comptes de percevoir quoi que ce soit, sous quelque forme que ce soit, de la part des employés, en échange de l’accomplissement des démarches qui relèvent de ses fonctions et leur permettent d’obtenir un droit qui leur est dû.
Quant à vous, il ne vous est pas permis de lui offrir quoi que ce soit, sauf si cela devient le seul moyen d’obtenir votre droit légitime. Dans ce cas, il n’y a pas de péché sur vous, et la faute incombera uniquement à celle qui exige ce paiement.
Il est rapporté dans An-Nihâya fî Gharîb al-Hadîth wa-l-Athar :
« Ce qui est donné pour parvenir à un droit ou repousser une injustice ne fait pas partie des dons interdits (rachwa). »
Il est mentionné qu’Ibn Masʿûd, alors qu’il se trouvait en Abyssinie, donna deux dinars pour qu’on le relâche.
Et il est rapporté de plusieurs imams parmi les Tâbiʿîn qu’ils disaient :
« Il n’y a pas de mal à ce qu’un homme se rachète lui-même ou ses biens s’il craint d’être lésé. » (Fin de citation)
Et Allah sait mieux.