Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Selon l’avis majoritaire des juristes, il est recommandé au musulman de préserver le voile d’Allah sur ses fautes et de ne pas révéler ses péchés. Il lui est interdit de les divulguer par simple plaisir ou pour s’en vanter, conformément au hadith :
« Évitez ces turpitudes ; et celui d’entre vous qui en a commis une, qu’il se couvre du voile d’Allah et qu’il se repente à Lui. Car celui qui nous expose sa faute, nous appliquerons contre lui le Livre d’Allah. » (Rapporté par Mâlik et Al-Hâkim, ce dernier l’a authentifié, et Adh-Dhahabî a approuvé son jugement.)
Al-Ruhaybânî, de l’école hanbalite, écrit dans Matâlib Uli an-Nuhâ fî Sharh Ghayat al-Muntahâ (6/168) :
« Celui qui a commis un acte passible d’une peine légale doit cacher sa faute, par recommandation, sans que cela soit obligatoire, et il ne lui est pas sunnah de se dénoncer devant le juge, conformément au hadith : “Certes, Allah est Pudique et aime la pudeur chez Ses serviteurs.” » (Fin de citation)
De même, Ash-Shirbînî, de l’école shafi‘ite, dit dans Mughni al-Muhtâj :
« Il est recommandé à l’adultère, comme à quiconque a commis une désobéissance, de se couvrir du voile d’Allah, conformément au hadith : “Celui qui a commis une de ces turpitudes, qu’il se couvre du voile d’Allah, car celui qui nous expose sa faute, nous appliquerons contre lui la peine légale.” (Rapporté par Al-Hâkim et Al-Bayhaqî avec une bonne chaîne de transmission). »
Ainsi, se livrer soi-même pour subir la peine ou la correction contredit la recommandation. Quant à parler de son péché pour s’en amuser ou s’en vanter, cela est formellement interdit, conformément aux hadiths authentiques sur ce sujet. (Fin de citation)
Cependant, si une personne dévoile sa faute pour demander une fatwa ou pour que la peine légale soit appliquée sur elle, elle a certes délaissé ce qu’il y a de préférable, mais ne commet pas de péché. Les écoles hanafite et shafi‘ite l’ont expressément mentionné, en s’appuyant sur le fait que Mâ‘iz et la femme Ghamîdiyya ont avoué leur adultère devant le Prophète (
), lequel les a fait lapider sans les réprimander, comme le rapporte Mouslim.
Dans Al-Hâwî al-Kabîr d’Al-Mâwardî (17/30) et Rawdat al-Qudât wa Tarîq an-Najât d’As-Samanânî (1/260), on lit :
« Si la faute commise entraîne une peine légale, comme la fornication ou la consommation d’alcool, et qu’elle n’a pas été dévoilée, il est préférable à l’auteur de la dissimuler, conformément au hadith : “Celui qui a commis une de ces turpitudes, qu’il se couvre du voile d’Allah, car celui qui nous expose sa faute, nous appliquerons sur lui la peine d’Allah.”
Mais s’il la révèle, il ne commet pas de péché, car Mâ‘iz et la femme Ghamîdiyya ont confessé devant le Messager d’Allah (
) leur adultère, et il ne les a pas blâmés pour cela. » (Fin de citation)
Quant aux malékites, ils estiment que le musulman est tenu de cacher ses péchés, et qu’il lui suffit, pour obtenir le pardon, de se repentir, de revenir sincèrement vers Allah et de regretter sa faute.
Ibn ‘Abd al-Barr dit dans At-Tamhîd (3/732), en commentant le hadith « Qu’il se couvre du voile d’Allah » :
« Ce hadith indique que le musulman doit obligatoirement cacher ses fautes lorsqu’il commet une turpitude, et qu’il doit également dissimuler celles des autres, sauf s’il s’agit d’un gouverneur chargé d’appliquer les peines légales. Ce qui lui incombe alors, c’est la repentance, le retour sincère à Allah et le regret du péché, car cela efface la faute, si Allah le veut. » (Fin de citation)
Cette opinion a été suivie par Al-Mawwâq, Al-Hattâb et plusieurs autres savants malékites.
Ainsi, il ressort de tout cela que le plus recommandé pour le croyant est de ne pas exposer explicitement son péché au mufti. S’il souhaite consulter un savant à ce sujet, il lui suffit de poser la question de manière générale, par exemple :
« Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui est tombé dans tel ou tel type de faute ? »
Quant aux questions adressées aux sites de fatwas, elles ne constituent pas une exposition publique des péchés, puisque l’auteur de la question demeure anonyme pour les lecteurs. Toutefois, il reste préférable d’éviter toute mention explicite de la turpitude et de se contenter de formuler la question d’une manière générale et pudique.
Et Allah sait mieux.