Assalamou Alaikoum,
Après pratiquement 3 ans d'épreuves et de manque d'argent depuis mon repentir et mon retour à la prière et au jeûne etc., j'ai fini par trouver, par le biais d'un ami, un travail comme interprète pour blessés de guerre. C'était il y a une semaine. Le salaire est, macha Allah, intéressant et le loyer est payé par l'employeur. Avant d'accepter ce travail, j’ai fait la prière de consultation d’Allah. Gloire à Allah, exalté soit-Il, je suis passé du jour au lendemain, de la pauvreté (3 ans environ) à un appartement pour moi seul et un bon salaire. En toute franchise, j’ai du mal à le croire. Le problème c’est que j’ai peur. Je ne sais pas si je dois accepter ce travail parce que, et Allah, exalté soit-Il, sait mieux, je ne sais pas si je pourrai faire les prières de Dhohr, de l'Asr et du Djoumoua à l’heure tout le temps étant donné que je n’aurai pas d'horaire fixe. Qu'est-ce que je dois faire ? Je voudrais une réponse personnelle adaptée à mon cas pour être tranquille (j’ai lu vos fatwas sur des cas similaires, mais je préfère que vous m’expliquiez mieux). Au fait, je vis en Espagne.
Jazakoum allah khairen

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses compagnons.

Il n’y a pas de mal à ce que vous acceptiez le travail mentionné, surtout que vous n’êtes pas certain que vous ne pourrez pas accomplir la prière à l’heure. Le principe de base est la permission d’accepter tout travail licite et nous ne voyons rien dans votre travail qui s’oppose à l’accomplissement de la prière à l’heure. En effet, vous pouvez vous réserver un moment pour prier même sur votre lieu de travail. La prière ne vous prendra pas beaucoup de temps. Nous savons par expérience que dans ces pays les employeurs font preuve de compréhension et ne s'opposent pas aux pratiques religieuses des employés si celles-ci ne prennent pas trop de temps. Le temps nécessaire pour faire les ablutions et accomplir la prière est inclus dans le temps de travail même si cette condition n’est pas mentionnée dans le contrat. Il est mentionné dans le livre Asnâ al-Matâlib : « Le temps des ablutions, de la prière obligatoire – même celle du vendredi – et des prières surérogatoires liées aux prières obligatoires est inclus dans la rémunération du travail et ne diminue en rien le salaire. »

Si vous avez peur de délaisser la prière en commun à la mosquée, sachez que l’accomplissement de la prière en commun à la mosquée est certes une grande vertu, mais qu’elle n’est pas obligatoire selon la plupart des savants. Et à supposer que vous optiez pour l’avis selon lequel la prière en commun est obligatoire – et c'est ce que nous pensons a priori – vous serez excusé si vous ne faites pas la prière à la mosquée en raison de votre travail si vous ne pouvez pas sortir. Les oulémas de l’école hanbalite, qui sont d’avis que l’accomplissement de la prière en commun à la mosquée est une obligation, ont dit que l’employé ne doit pas assister à la prière en commun sans la permission de son employeur ou sans l'avoir posé comme condition dans son contrat de travail. Dans le commentaire d'Al-Muntaha, un des ouvrages de l’école hanbalite il est mentionné : « Al-Madjd a dit dans son commentaire : “Le sens littéral des propos de l’Imam Ahmed indique l'interdiction d’assister à la prière en commun sans en avoir requis la condition ou sans permission de son employeur.” »

Concernant la prière du vendredi, s’il arrive que vos horaires de travail entrent en conflit avec l’heure de la prière, et que vous êtes parmi ceux qui sont assujettis à cette prière, informez vos employeurs que votre religion vous impose de vous rendre à la prière du vendredi. La plupart des gens qui sont sincères dans leur démarche réussissent à combiner leur travail et l’accomplissement de la prière du vendredi. S’ils vous empêchent d’assister à la prière du vendredi et que vous ne pouvez pas vous y rendre, il vous est pardonné de la délaisser selon de nombreux oulémas. Cependant, ils n’ont pas le droit de vous l’interdire sauf s’ils craignent que votre travail soit affecté si vous assistez à la prière du vendredi. Dans ce cas, ils ont le droit de vous l’interdire. Après avoir mentionné l’obligation pour l'employeur de laisser l’ouvrier se rendre à la prière du vendredi, l’auteur d’Asnâ al-Matâlib précise : « s'il ne craint pas que cela ait de mauvaises répercussions sur son travail. »

Pour terminer, nous vous disons qu’il n’y a pas de mal à ce que vous acceptiez ce travail, car peut être que vous n'aurez aucun problème à accomplir la prière du vendredi et les autres prières aux heures prescrites. Alors, ne renoncez pas à ce travail pour de simples présomptions.

Et Allah sait mieux.