Salam alaykoum, Pourriez-vous s'il vous plait m'éclairer. J'ai pour croyance qu'Allah n'autorise que le bien et interdit le mal. Pourtant j'ai du mal à comprendre le cas du mariage temporaire. J'ai appris que celui-ci avait déjà été autorisé dans une certaine période puis interdit puis encore une fois autorisé pour être définitivement interdit (si j'ai bien compris) Or, si cela est une mauvaise chose, pourquoi ALLAH l'a-t-il autorisée ? Merci de m'expliquer ce qu'il en est pour purifier ma croyance. Et si cela n'est pas une mauvaise chose, pourquoi donc cela est interdit aujourd'hui alors qu'il a été autorisé fut un temps. Que doit-on donc penser de cet acte ? Qu'Allah vous agrée

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :

Il est possible de trouver l’origine de cette confusion dans les règles d’abrogation en général. La réponse à cela est que certaines règles de la Charia tiennent compte d’une sagesse liée à une situation particulière et des circonstances temporaires et il convient de les modifier par ce qui est plus approprié dans l’absolu après le passage de ces circonstances et de ces situations. Al-Zarqânî a dit : « Allah, exalté soit-Il, connaissait, de par son omniscience, l’abrogeant et l’abrogé avant même de les prescrire à Ses serviteurs et même avant d’avoir créé les créatures, les cieux et la terre.
Cependant, de par Son immense sagesse, Il savait que la première règle abrogée avait un intérêt temporaire, qui se terminerait à un moment donné et que la règle qui allait l’abroger devait venir à un moment déterminé dans un autre but et intérêt.
Il ne fait aucun doute que les sagesses et les intérêts varient en fonction des gens et qu’ils changent en fonction des circonstances et des situations. Il ne fait également aucun doute qu’Allah, exalté soit-Il, connaissait de par Son omniscience les règles qu’Il allait instituer ainsi que leurs sagesses, de même que les intérêts de Ses serviteurs et les règles abrogeantes et abrogées. Il connaissait parfaitement tout cela et n’en ignorait rien. Lorsqu’une règle vient en abroger une autre, cela n’est en fait que la révélation d’Allah de ce qu’Il savait déjà à propos de Ses serviteurs et non qu’il vient de Lui apparaître que cela est meilleur pour eux...
Quant à la raison pour laquelle Allah, exalté soit-Il, dans Sa grand Sagesse, abrogea certaines dispositions de l’Islam par d’autres, c’est la volonté de gérer au mieux la communauté, d’en prendre soin, de la faire prospérer et de la purifier. La preuve de cela est qu’au début, lorsque le Prophète () divisa son peuple par son prêche, la communauté islamique vécut une période de transition difficile. Ce fut même la période la plus difficile de cette communauté qui dut abandonner ses croyances, ses héritages et ses coutumes, particulièrement pour les Arabes à qui l’Islam s’adressa et qui étaient connus pour leur ferveur dans leur croyance. Celle-ci faisait partie de leur fierté et de leur honneur. Ainsi, s’ils avaient dû accepter d’un seul coup la religion, cela aurait eu l’effet contraire de celui recherché, et l’Islam aurait été étouffé dans l’œuf, ne trouvant personne pour l’adopter et le défendre.
En effet le bouleversement, lorsqu’il est trop fort, est une chose que l’être humain ne peut supporter. C’est pour cela que la Charia fut révélée progressivement à l’homme, en les formant en les invitant avec douceur, et par étape, jusqu’à atteindre peu à peu la perfection. Elle les emmena progressivement afin qu’ils s’élèvent petit à petit, tout en profitant de l’occasion de cette pratique et de ces événements pour les accompagner vers des choses de plus en plus difficiles, jusqu’à atteindre la perfection religieuse à une vitesse inconnue jusqu’alors, jusqu’à ce que les âmes fusionnent totalement avec elle et jusqu’à ce que l’humanité renaisse grâce à elle… » [Manâhil al-‘Irfân fî ‘Ulûm Al-Qur'ân]

Al-Châtibî a dit : « La plupart des abrogations survinrent à Médine lorsque la sagesse divine le voulut afin d’assurer la planification des dispositions religieuses. La plupart des abrogations avaient tout d’abord pour but que les nouveaux adeptes de l’Islam s’habituent aux prescriptions religieuses, telle que la prière qui fut d’abord prescrite deux fois puis cinq fois par jour, l’aumône qui fut d’abord prescrite dans l’absolu en fonction de la bonté de la personne puis devint un montant déterminé, la Qibla qui était Jérusalem puis devint la Ka’ba ou encore la permission du mariage temporaire qui fut ensuite interdit… » [Al-Muwâfaqât]

Le cheikh ‘Abdullah Darrâz a dit dans son édition critique du livre Al-Muwâfaqât à ce sujet : « La vérité est que le mariage temporaire a été autorisé durant trois jours lors de la bataille de la conquête de La Mecque puis fut interdit. La permission a donc été motivée par une nécessité temporaire puis fut abrogée ; et tout cela eut lieu à Médine »

Après avoir déterminé ce principe, il est facile de comprendre pourquoi la Charia s’adapta aux changements de situation à l’époque des Compagnons en particulier. Ibn Hadjar a dit : « La raison de sa permission est ce qui a été mentionné plus haut dans le hadith d’Ibn Mas’ûd dans lequel il a rapporté : "Nous combattions avec le Prophète () et nos épouses n’étaient pas avec nous, nous nous sommes dits : 'Et si nous nous émasculions ?' Le Prophète () nous l'interdit et nous autorisa à épouser une femme de façon temporaire en échange d’un vêtement…". Ce hadith indique la raison de cette autorisation, à savoir le besoin et l’absence de moyens (d’assouvir ce besoin). Il en est de même dans le hadith dans lequel Sahl ibn Sa’d a rapporté : "Le Prophète () nous permit le mariage temporaire en raison d’un célibat que les gens avaient des difficultés à supporter puis il l’interdit." (Ibn ‘Abd al-Bar) Ensuite, lorsqu’ils conquirent Khaybar, ils devinrent riches et firent de nombreux prisonniers. C’est alors qu’il fut approprié d’interdire le mariage temporaire, car il n’y avait plus de raison de l’autoriser. Tout cela faisait partie de la reconnaissance envers Allah pour cette aisance après la difficulté. » [Al-Fath]

Al-Dahlawî a dit : « Le Prophète () autorisa quelques jours le mariage temporaire puis l’interdit. Il l’autorisa tout d’abord par nécessité, comme l’a rapporté Ibn ‘Abbâs lorsque quelqu’un se rend dans un pays sans sa femme. Ibn ‘Abbâs, qu'Allah soit satisfait de lui, indiqua qu’il ne s’agissait pas d’une location pour des relations intimes, mais faisait partie des besoins divers, pour planifier un point du chute. Comment cela aurait-il pu être le cas alors qu’une location pour le simple fait d’avoir des relations sexuelles est contraire à la nature humaine et une impudence que réfute tout cœur sain.
Quant à l’interdiction du mariage temporaire, elle eut lieu en raison de la disparition de cette nécessité la plupart du temps. De plus, si son autorisation avait perduré, cela aurait compromis la filiation, car une fois cette période terminée, la femme n’est plus sous la responsabilité de l’homme et fait ce qu’elle souhaite sans que personne ne sache ce qu’elle fait. Le respect de la période de viduité du mariage valide contracté à la base pour perdurer est très difficile, alors que penser du mariage temporaire et le délaissement du mariage valide et reconnu par la Charia ? La plupart de ceux qui désirent le mariage ne sont motivés en général que par l’assouvissement de leurs désirs charnels. » [Hudja Allah al-Bâligha]

Ibn al-Qayyim, qu'Allah lui fasse miséricorde, mentionna les preuves de l’interdiction d’accomplir toute chose qui mène à ce qui est illicite, et cela, même si la chose en elle-même est licite. C’est ce qui est connu par les mesures préventives. Parmi ces mesures, il dit entre autres : « L’Islam interdit certains types de mariages malgré le consentement des deux parties afin d’éviter que cela ne mène à la fornication […] Parmi cela figure donc le mariage temporaire que l’homme, voulant jouir d’une femme, contracte avec cette dernière pour une période déterminée durant laquelle il jouit d’elle. Tous ces types de mariages sont interdits afin d’éviter la fornication. Le seul mariage autorisé est celui contracté pour perdurer, pour lequel les deux époux ont tous les deux l’intention de rester avec l’autre et avec l’accord du tuteur et la présence de deux témoins ou ce qui peut s’y substituer comme l’annonce du mariage. Si vous méditez la sagesse de la Charia, vous verrez que l’interdiction de ce type de mariage a pour objectif d’éviter de tomber dans l’illicite et c’est là l’un des bienfaits de la Charia et la preuve de sa perfection. » [I’lâm Al-Muwaqqi’în]

Et Allah sait mieux.