Comment concilier mon amour de la célébrité avec la sincérité de mon intention envers Allah ?
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Il ne fait aucun doute que la recherche de la renommée et l’amour de l’apparence publique sont contraires à la sincérité. Il a d’ailleurs été dit : « L’amour de la notoriété brise les reins. »
Les pieux prédécesseurs ont beaucoup mis en garde contre la recherche de la position élevée et de la célébrité. L’imam malikite Abû ‘Uthmân Ibn al-Haddâd disait : « Rien ne détourne autant d’Allah que la quête des louanges et du prestige. »
L’imam adh-Dhahabî – qu’Allah lui fasse miséricorde – a écrit :
« Il se peut que l’homme s’admire lui-même et aime se faire remarquer, et Allah le châtie alors… Que de gens ont dit la vérité et ordonné le bien, puis Allah a suscité contre eux ceux qui les ont offensés, à cause de la corruption de leur intention et de leur amour du prestige religieux. C’est une maladie subtile qui se propage chez les juristes, comme elle se propage chez les riches donateurs… C’est une maladie cachée qui atteint également les soldats, les dirigeants et les combattants. » (Fin de citation)
Le serviteur doit donc lutter contre ce mal pernicieux afin de l’extirper de son âme. Et si ce qu’il ressent n’est qu’une illusion, une pensée passagère ou une simple tentation intérieure qu’il combat et cherche à repousser, cela ne nuit pas à sa sincérité.
Ibrâhîm ibn Adham – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit :
« Aucun serviteur n’a été sincère envers Allah tout en aimant la renommée. »
Adh-Dhahabî commente :
« Le signe de celui qui est sincère, bien qu’il puisse aimer la notoriété sans s’en rendre compte, est que lorsqu’on le réprimande à ce sujet, il ne se fâche pas et ne se justifie pas, mais reconnaît humblement en disant : “Qu’Allah fasse miséricorde à celui qui m’a offert mes défauts en cadeau.” Il ne se complaît pas dans l’admiration de soi et ne perçoit pas ses propres défauts ; pire encore, il ignore qu’il est inconscient de ses défauts — et cela est une maladie chronique.» (Fin de citation)
En revanche, celui qui cherche à se placer à la tête des gens ou à enseigner pour leur être utile et leur apporter le bien, sans viser la renommée ni la diffusion de son nom, agit de manière louable. C’est dans ce sens que le Prophète Yûsuf (Joseph), paix sur lui, dit au roi :
« Confie-moi les dépôts du pays : je suis bon gardien et homme de savoir. » (Coran 12/55)
Et Allah a rapporté la prière des serviteurs du Miséricordieux :
« Et fais de nous des guides pour les pieux. » (Coran 25/74)
Il est certes difficile de repousser le désir de notoriété et d’apparence, mais seuls les serviteurs sincères d’Allah y parviennent réellement. Cela devient toutefois facile pour celui à qui Allah accorde Sa grâce.
Le moyen d’y parvenir est de savoir avec certitude que les gens ne peuvent ni nuire ni profiter sans la permission d’Allah : leurs louanges n’embellissent rien et leurs blâmes ne ternissent rien. Le seul dont l’éloge embellit et dont la réprobation déshonore, c’est Allah, exalté soit-Il. Ainsi, le serviteur doit orienter son intention uniquement vers Lui et ne rechercher que Sa satisfaction.
Il doit aussi savoir que la quête de la notoriété corrompt la religion. Le Prophète () a dit dans un hadith authentique rapporté par at-Tirmidhî et d’autres :
« Deux loups affamés lâchés dans un troupeau de moutons ne causent pas plus de dégâts à ces bêtes que l’amour de l’argent et du prestige n’en cause à la religion de l’homme. »
Le croyant raisonnable doit donc se garder de vendre sa foi contre cette gloire éphémère et ce gain dérisoire. L’érudit Ibn al-Qayyim – qu’Allah lui fasse miséricorde – a magnifiquement résumé le mal et le remède en ces termes :
« La sincérité envers Allah ne peut coexister dans le cœur avec l’amour des louanges, des éloges et la convoitise de ce que possèdent les gens, tout comme l’eau et le feu, ou le lézard et le poisson, ne peuvent cohabiter.
Si ton âme te pousse à rechercher la sincérité, commence par trancher la convoitise à l’aide du couteau du désespoir, puis détache-toi des louanges et de l’éloge des gens avec le même détachement que les amoureux de ce monde ont envers l’au-delà.
Si tu parviens à égorger la convoitise et à te détacher de la louange et de l’éloge, la sincérité te deviendra facile.
Tu me diras : comment y parvenir ?
Je te répondrai : le détachement de la convoitise s’obtient par la certitude que tout ce que l’on convoite se trouve entre les mains d’Allah seul, que Lui seul en détient les trésors, et que nul autre ne peut en donner la moindre part. Cherche donc tout de Lui seul.
Quant au détachement des louanges et des éloges, il vient de la conviction que nul ne peut t’embellir par sa louange ni te déshonorer par son blâme, sauf Allah seul, comme le dit ce bédouin au Prophète () : “Mon éloge embellit, et mon blâme déshonore.” Le Prophète (
) répondit : “Cela ne vaut que pour Allah, le Tout-Puissant.”
Détache-toi donc de la louange de celui dont l’éloge ne t’embellit pas, et du blâme de celui dont la critique ne te déshonore pas. Recherche la louange de Celui dont tout l’honneur est dans Son éloge et toute la honte dans Son blâme.
Et nul ne peut atteindre cela sans patience et certitude. Celui qui manque de patience et de certitude est comme celui qui veut traverser la mer sans embarcation. » (Fin de citation)
Et Allah sait mieux.
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