Est-il permis, pour quelqu'un dont j'ai médit ou à qui j'ai fait du tort par la parole, de prier pour lui et de demander pardon (à Allah) pour lui, sans aller le voir pour lui demander son pardon, que j'en sois capable ou non ? J'ai lu des fatwas de grands savants, comme Ibn Taymiyya et Al-Hasan Al-Basri, qui l'autorisent. Cependant, j'ai lu un hadith qui dit : « Quiconque a commis une injustice envers son frère concernant son honneur ou autre chose, qu'il s'en acquitte auprès de lui aujourd'hui, avant qu'il n'y ait plus ni dinar ni dirham ». Le hadith mentionne "concernant son honneur", et pas seulement les droits matériels des gens. Alors, pourquoi ont-ils émis cette fatwa ? Sachant qu'il existe une autre version du hadith qui ne mentionne pas "concernant son honneur", mais que cette version [qui le mentionne] est authentique. M'est-il permis de suivre leur avis, bien que je voie qu'il contredit la parole du Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam), ou bien ont-ils une preuve plus solide ?
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Le Prophète (
) a incité à se défaire (demander pardon) de celui qui a subi une injustice en ce bas-monde. Il a dit : « Quiconque a commis une injustice envers son frère concernant son honneur ou autre chose, qu'il s'en acquitte auprès de lui aujourd'hui, avant qu'il n'y ait plus ni dinar ni dirham. S'il a de bonnes œuvres, il lui en sera pris à hauteur de son injustice, et s'il n'a pas de bonnes œuvres, il sera pris des péchés de son compagnon [la victime] et ils seront placés sur lui. » Rapporté par Al-Boukhari.
Les gens de science ont divergé sur le fait de demander pardon à celui dont on a médit. Un groupe d'entre eux l'a rendu obligatoire. D'autres ont estimé qu'il suffisait de demander pardon (à Allah) pour lui, sans avoir à lui demander pardon directement. D'autres encore ont fait la distinction entre celui qui a eu connaissance de la médisance et celui qui ne l'a pas sue. Ils ont rendu obligatoire de demander pardon au premier, mais pas au second. C'est cet avis intermédiaire qu'a choisi Sheikh al-Islam (Ibn Taymiyya). Il est possible qu'ils aient restreint la portée du hadith d'Al-Boukhari par le hadith : « L'expiation pour celui dont tu as médit est de demander pardon pour lui. »
Et d'autres récits (athar) similaires rapportés à ce sujet, lesquels ne sont pas exempts de faiblesse, comme l'a mentionné Al-Ajlouni dans "Kashf al-Khafa".
De même, Ibn Hajar dans "Bulugh al-Maram", suivi par Al-San'ani dans "Subul al-Salam", qui a dit à son sujet : « Rapporté par Ibn Abi Shaybah dans son Musnad, Al-Bayhaqi dans 'Shu'ab al-Iman' et d'autres, avec différentes formulations, d'après un hadith d'Anas, et leurs chaînes de transmission comportent une faiblesse. » Puis Al-San'ani a dit, en expliquant la restriction du hadith d'Al-Boukhari par ce hadith [d'Anas] : « Et dans ce hadith, il y a une preuve que le fait que le médisant demande pardon (à Allah) pour celui dont il a médit est suffisant, et qu'il n'a pas besoin de s'excuser auprès de lui. »
Les Hadawiyya et les Shafi'iyya ont détaillé en disant : Si la personne victime de la médisance l'a su, il est obligatoire de lui demander pardon. Mais si elle ne l'a pas su, alors non, et ce n'est même pas recommandé (mustahabb), car cela pourrait engendrer de l'aversion et de l'animosité. Cependant, Al-Boukhari a rapporté d'après Abu Hurayrah un hadith marfu' : {Quiconque a commis une injustice envers son frère concernant son honneur ou autre chose, qu'il s'en acquitte auprès de lui aujourd'hui, avant qu'il n'y ait plus ni dinar ni dirham. S'il a de bonnes œuvres, il lui en sera pris à hauteur de son injustice, et s'il n'a pas de bonnes œuvres, il sera pris des péchés de son compagnon et ils seront placés sur lui.} Ce hadith indique qu'il est obligatoire de demander pardon, même si la victime ne l'a pas su. Sauf que ce hadith est interprété comme s'appliquant à celui à qui [la médisance] est parvenue. Le hadith d'Anas concernerait alors celui qui ne l'a pas su, et il viendrait ainsi restreindre le sens général du hadith d'Al-Boukhari. Fin de citation.
Et Ibn al-Qayyim a dit dans "Al-Wabil al-Sayyib" : Il est rapporté du Prophète (
) que l'expiation de la médisance est de demander pardon pour celui dont tu as médit, en disant : « Ô Allah, pardonne-nous, à lui et à moi » (Allahumma ighfir lana wa lahu). Al-Bayhaqi l'a mentionné dans "Al-Da'awat al-Kabir" et a dit : sa chaîne de transmission est faible (da'if). Cette question fait l'objet de deux avis parmi les savants - qui sont deux versions rapportées de l'Imam Ahmad : Est-il suffisant, pour se repentir de la médisance, de demander pardon (à Allah) pour la victime, ou est-il indispensable de l'en informer et de lui demander son pardon ? L'avis correct (sahih) est qu'il n'est pas nécessaire de l'en informer. Il lui suffit de demander pardon pour lui et de mentionner ses qualités dans les endroits où il a médit de lui. C'est le choix de Sheikh al-Islam Ibn Taymiyya et d'autres. Fin de citation.
Et Allah sait mieux.
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