En 2021, en plein confinement, mon mari et moi avons célébré un mariage religieux sans passage à la mairie, car c’était impossible à ce moment-là. J’avais un mahram pieux, le père de mon mari et ses sœurs étaient présents. J’ai reçu la dot et nous étions tous deux consentants. On m’a dit depuis que ce mariage pourrait être invalide faute de mariage civil et à cause du témoin (père) qui commet des péchés publics. Mon mariage est-il valide ? Si non, que faire ?

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Si le contrat de mariage a été établi conformément aux prescriptions de la Charia, c’est-à-dire par l’offre formulée par le tuteur (wali), acceptée par le futur époux, en présence de deux témoins musulmans, alors ce contrat est considéré comme valide, si Allah le veut. Cela demeure valable même si l’un des témoins est connu pour son immoralité (fāsiq), car un groupe de savants considère que le témoignage d’une personne immorale reste recevable dans le cadre d’un contrat de mariage.
Ibn Qudāmah (qu’Allah lui fasse miséricorde) a déclaré :
« Quant au témoignage de deux personnes immorales, il existe deux opinions quant à la validité du mariage dans ce cas... La seconde affirme que le mariage est valide avec leur témoignage. C’est l’avis d’Abū Ḥanīfah, car il s’agit d’un acte d’engagement (iltizām), et ce type d’engagement est accepté de la part d’une personne immorale, comme c’est le cas pour d’autres formes d’engagement. » Fin de citation.
Bien que cette opinion aille à l’encontre de la position majoritaire des juristes musulmans, nous ne voyons pas d’objection à la retenir, en particulier lorsque le contrat a déjà été conclu et que du temps s’est écoulé depuis sa réalisation.
S’agissant du contrat civil enregistré auprès des instances officielles, il ne constitue pas une condition de validité du mariage d’un point de vue religieux. Néanmoins, il est vivement recommandé, car il permet de préserver les droits des conjoints et de prévenir les conflits juridiques.
Ibn Juzayy al-Mālikī a dit dans Al-Qawānīn al-Fiqhiyyah :
« La cinquième question : concernant la consignation de la dot. Elle ne constitue pas une condition (de validité), mais elle est consignée, tout comme les autres éléments du contrat, dans le but de fixer les droits et de prévenir les litiges. » Fin de citation.
Il est également rapporté dans les fatwas de Dar al-Iftāʾ al-Miṣriyyah (la Maison égyptienne de la Fatwa) :
« Le mariage en droit islamique est un contrat verbal qui se réalise par l’expression de l’offre et de l’acceptation dans une même séance, à l’aide de termes explicites, émanant de personnes légalement habilitées à contracter, et en présence de deux témoins musulmans, adultes, sains d’esprit, lesquels doivent entendre et comprendre que les paroles échangées devant eux constituent bien un contrat de mariage. Lorsque ces piliers et conditions sont réunis selon la Charia, le mariage est valide et produit tous ses effets.
Quant à la rédaction et à l’enregistrement officiel du contrat auprès d’un officier d’état civil, cela relève d’une exigence légale visant à protéger ce contrat important, ainsi que les droits qui en découlent, contre tout déni ou contestation, que ce soit de la part de l’un des conjoints ou d’un tiers. » Fin de citation.

Et Allah sait mieux.