Ma femme a avorté alors qu'elle était enceinte de 6 semaines et selon l'échographie effectuée, le cœur du fœtus battait déjà à ce moment-là. La raison pour laquelle ma femme a avorté est qu'elle avait accouché la fois précédente par césarienne et qu'elle se plaint de douleurs dans le bassin et le dos depuis.
Nous avions utilisé des moyens de contraception afin d'éviter qu'elle ne tombe enceinte, mais cela n'a pas fonctionné et elle est tombée enceinte.
Dois-je payer le prix du sang ? Si oui, à qui et combien ? Si je suis incapable de payer le prix du sang, comment puis-je me repentir pour ce péché sachant que je demande quotidiennement pardon à Allah pour cet avortement ?
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
L'avortement est illicite en Islam, car il s'agit d'une atteinte à une âme qui peut venir au monde et glorifier Allah, croire en Lui et L'adorer.
Cela est d'autant plus illicite et criminel si cet avortement a lieu après l’insufflation de l’âme dans le corps du fœtus, car il s'agit alors du meurtre d'une vie humaine sans raison. De plus, s'entêter à pratiquer l'avortement peut conduire à la destruction de la descendance.
Par conséquent, l'avortement est interdit avec ou sans le consentement du mari. Les savants mentionnèrent toutefois un cas dans lequel l'avortement est permis. Il s’agit du cas où il existe une réelle nuisance reconnue par la Charia si l’on n’avorte pas, comme le fait qu’il y ait un réel danger pour la vie de la mère. Ce danger ne peut cependant être confirmé que par des médecins de confiance et reconnus pour leurs compétences.
Ainsi, si votre femme a avorté sans réelle nécessité admise par la Charia telle celle mentionnée, elle doit alors se repentir sincèrement, implorer abondamment le pardon d'Allah et multiplier les bonnes actions dans l'espoir qu'Allah, exalté soit-Il, lui pardonnera, acceptera son repentir et effacera ses fautes.
Etant donné que l'avortement a eu lieu une fois le fœtus formé - c'est-à-dire après quarante jours -, elle doit donner en guise d’expiation de son péché une ‘Ghiurra ce qui revient à affranchir un ou une esclave et à défaut, payer le dixième de son propre prix du sang, car le Prophète () ordonna à quelqu'un ayant avorté de donner une Ghourra (pour expier son acte) comme l'a rapporté Boukhari.
Enfin, si votre femme est incapable de s'acquitter du prix du sang, celui-ci reste à sa charge jusqu'à ce qu'elle en soit capable.
Par ailleurs, les savants divergèrent sur l'obligation pour la personne de jeûner deux mois d'affilée. Certains dirent qu'il s'agit d'une obligation par analogie avec le meurtre d'une vie alors que d'autres dirent que cela n'est pas obligatoire en prenant pour argument le fait que cela n’a pas été rapporté du Prophète () dans son verdict précédent. D'autre part, si c'est vous qui avez ordonné à votre femme d'avorter, vous avez alors également commis un péché, car Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :
« [...] Entraidez-vous dans l'accomplissement des bonnes œuvres et de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression. [...] » (Coran 5/2)
Concernant les conditions du repentir, elles sont : mettre un terme à son péché, regretter de l'avoir commis et être déterminé à ne plus recommencer dans le futur. Celui qui se repent verra certes Allah accepter son repentir.
Abû 'Ubayda, qu'Allah soit satisfait de lui, a rapporté d'après son père que le Prophète () a dit : « Celui qui se repent de ses péchés est comme celui qui n’a pas commis de péché. » (Ibn Mâdja)
Il est à noter que nous vous avons répondu en supposant que c'est votre femme qui a décidé de l'avortement comme vous l'avez mentionné dans votre question. Cependant, si c'est vous qui l'avez décidé, tout ce qui a été dit à son propos ici vous concerne dès lors. Enfin, si des médecins spécialisés de confiance ont confirmé que la grossesse de votre femme mettait réellement en danger sa vie, aucun d'entre vous n'a alors commis de péché, comme nous l'avons déjà dit précédemment.
Par ailleurs, la Ghourra ou le dixième du prix du sang de la mère à payer et dont il est question ici doit être partagé conformément au règle de l'héritage entre les héritiers légaux du fœtus avorté et celui d'entre vous qui a décidé de cet avortement est exclus de ce partage.
Par conséquent, si c'est votre femme qui en a pris la décision, sa part de l’héritage du prix du sang de son fœtus, qui est d'un sixième, revient à la grand-mère maternelle du fœtus, si elle est encore vivante, et le reste vous revient. Par contre, si c'est vous qui en avez pris la décision, votre femme perçoit alors un sixième du prix du sang si le fœtus a plus de deux frères et sœurs, sinon le tiers.
Ensuite, le reste du prix du sang revient alors à votre père s'il est vivant et si le fœtus n'a pas de frère (ou sœur) germain(e) ou consanguin(e), car s'il en a, votre père a alors le droit de choisir ce qui est plus avantageux pour lui soit le partage avec les frères à part égale soit prendre le tiers du reste. D'autre part, ce qui est vrai pour votre père l'est également pour votre grand-père (paternel) dans le cas où votre père serait décédé.
Et si ni votre père ni votre grand-père (paternel) ne sont vivants et que le fœtus a des frères et sœurs utérins, ceux-ci héritent alors soit d'un sixième du prix du sang dans le cas ou il n'existe qu'un frère (ou une sœur) utérin(e), soit d'un tiers du prix du sang s'ils sont plusieurs. Quant au reste du prix du sang, il revient alors aux agnats dans l'ordre de descendance, car Ibn 'Abbâs, qu'Allah soit satisfait de lui, a rapporté que le Prophète () a dit :
«Attribuez les parts déterminées par le Coran à leurs ayant-droits puis ce qui en reste, attribuez-le au plus proche parent de sexe masculin» (Boukhari, Mouslim)
Enfin, si vous êtes tous les deux à l'origine de cette décision, vous ne touchez alors rien du prix du sang et celui-ci est divisé entre les autres héritiers comme mentionné précédemment.
Et Allah sait mieux.
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