Je suis un jeune homme et je travaille dans une grande société. Je suis marié depuis environ un an avec la fille d’une collègue de la même société. J’ai fait connaissance avec elle dès qu’elle est entrée dans cette société. Nous nous sommes rapprochés l’un de l’autre mais c’est elle qui s’est plus rapproché de moi que l’inverse. Ceci dit, j’ai des ambitions et certaines idées que je souhaite concrétiser dans ma vie. Bien des choses, autre que le mariage, m’occupent l’esprit. J’étais réticent à l’idée de me marier jeune et elle le savait bien. Mais nous nous sommes rapprochés davantage et elle a reconnu qu’elle m’aimait et voulait se marier avec moi. Elle m’a proposé de se marier avec elle et j’ai refusé plus d’une fois au point où j’ai préféré m’éloigner d’elle et ne pas lui parler. Mais à chaque fois elle s’est rapproché de moi davantage.
Une fois, j’ai ressenti que je l’aimais. Et un jour où elle m’a demandé encore une fois de me marier avec elle, j’ai faibli et j’ai accepté quand elle m’a facilité toutes les démarches pour le mariage. Nous nous sommes mariés et après un certain temps suite à la demande en mariage, j’ai eu le sentiment que je ne voulais plus continuer ma vie avec elle pour la même raison qui me rendait réticent au mariage jeune. Et aussi, parce que je refuse de me ranger à cette idée dans son ensemble. J’ai fait beaucoup de choses pour annuler le mariage mais elle acceptait tout ce que je lui disais.
Trois ou quatre mois après notre mariage j’ai ressenti que je ne l’aimais pas et que je ne la voulais pas avec moi. C’était un sentiment infime au départ mais il a pris une place plus importante par la suite et pour chaque chose. En mon for intérieur, je critiquais toute chose chez elle : ses vêtements, son apparence, sa façon de se comporter, sa négligence. Elle l’a bien ressenti et de mon côté j’ai reconnu que je n’avais plus de sentiment pour elle et que je ne l’aimais plus. Elle est restée un temps avec moi mais à chaque fois il y avait des problèmes entre nous. Elle refusait l’idée même de divorcer parce qu’elle ne veut pas être une femme divorcée. Elle accepte tout de moi. Elle accepte même que je refuse tout ce qu’elle me demande qu’il s’agisse de sortir ensemble ou de voyager ensemble.
Ces derniers temps, nous avons connu beaucoup de problèmes. Elle m’a demandé de divorcer plus d’une fois. Et moi je ne veux pas être injuste envers elle. J’ai le sentiment que si je me précipite et la divorce j’aurais peut-être commis une injustice envers une femme. Je la calmais et lui disais : Non, nous vivons ensemble, nous essayons à nouveau. Mais sans résultat.
La dernière fois je lui ai dit que j’allais réfléchir à la question. Je l’ai laissé trois jours durant lesquels j’ai pris le temps de réfléchir et j’ai constaté que la vie que nous menons est injuste pour moi et elle mais davantage pour elle parce que je peux me remarier avec n’importe quelle femme. Mais la concernant, est-ce qu’elle continuera à vivre avec moi malheureuse. J’ai continué à réfléchir à la question et je me suis dit : Qu’en est-il si je la divorce et qu’elle reste seule sans se remarier. Continuera-t-elle de vivre seule ? Je reviens alors à mes esprits et me dit : de toute façon Allah existe et c’est Lui qui facilitera chaque chose pour Ses serviteurs. C’est Lui qui organise l’univers. Ce n’est pas à moi de réfléchir à l’avenir des gens puisque cela n’est du ressort que d’Allah et personne d’autre.
Lorsque je suis revenu j’avais pris la décision de la divorcer et je lui ai dit : Le mieux est de nous séparer. Elle a refusé en me disant qu’elle ne voulait pas cela et que la dernière fois, lorsqu’elle m’avait demandé de la divorcer elle avait le mal de vivre. Je lui ai alors demandé comment elle me voyait puisqu’elle m’a dit qu’elle me le dirait une fois ma décision prise. Et là elle m’a dit : Allah te fera voir une situation identique avec ta famille. A ses yeux, je ne suis pas un homme. Une fois, elle m’a dit : Allah me suffit et Il est le meilleur des garants contre toi.
Mon frère, je ne peux pas vivre avec une femme qui me voit ainsi et qui invoque Allah contre moi. Je ne veux pas que quiconque me déteste. Et si j’ai fauté, j’espère qu’Allah me pardonnera ainsi que les hommes. J’ai essayé plus d’une fois d’arranger la situation et de vivre avec elle mais je ne peux pas. Je l’aime et je ne vois quoi que ce soit qui puisse susciter l’envie de vivre avec elle. D’un autre côté, je ne veux pas non plus être injuste envers elle ni avec moi. Bien que j’aie fauté en acceptant de me marier avec elle. Mais je ne suis qu’un homme. J’ai faibli quand elle a répété ses demandes en mariage et en présentant autant de facilités pour ce faire.
Aussi, quand j’ai pris son téléphone, j’ai vu qu’elle avait parlé de moi à sa sœur. Des choses qu’elle n’a pas pu me dire en face. Elle disait qu’alors que je dormais à côté d’elle, elle disait en son for intérieur ‘’ Allah me suffit et il est le meilleur des garants contre toi.’’ Comment puis-je vivre dans cette situation alors que je sais que celle qui est à côté de moi me déteste et invoque Allah contre moi.
Ce qui me donne le plus envie de divorcer est mon égo et ma liberté, ou l’envie de vivre avec une autre femme avec laquelle je pourrais poursuivre ma vie. Elle serait une de mes femmes. Mais cette femme n’est pas religieuse comme je le suis. Et elle a des défauts comme moi. Et qu’en est-il si nous avons des enfants et qu’ils ressentent que je n’aime pas leur mère et que je ne veux pas vivre avec elle ni qu’elle éduque mes enfants parce qu’elle n’est pas la mère qui s’occupera bien de mes enfants. Je sais bien que c’est quelque chose que je savais en me mariant avec elle mais à l’époque mes sentiments étaient différents. Gloire à celui qui retourne les cœurs. Aujourd’hui, je ne ressens plus aucun amour pour elle.
Tout ceci m’amène à penser au divorce mais elle ne veut pas.
Ma question est : si je la divorce alors qu’elle ne le veut pas j’aurais été injuste avec elle et Allah m’en tiendra rigueur et ne me pardonnera jamais sauf si elle me pardonne ?
Question générale : Que doit faire un homme s’il ressent qu’il ne supporte plus de vivre avec son épouse alors qu’elle ne se plaint pas ?
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Le divorce est à priori détestable en Islam. C’est le principe de base. Ceci dit, s’il y a un besoin à divorcer alors il est permis de le faire et ce n’est pas une injustice envers la femme même si elle ne veut pas divorcer. Si un homme déteste sa femme au point où il n’obtient pas la sérénité qui est l’objectif du mariage alors il lui est permis de divorcer.
Dans son ouvrage Al-Mughnî, Ibn Qudâma dit en parlant des catégories du divorce : « la troisième catégorie de divorce : celui qui est permis et ceci quand on a besoin d’y recourir en raison du mauvais comportement de la femme, de sa mauvaise compagnie, parce qu’on subit du tort de sa part et qu’on ne bénéficie pas des avantages d’une épouse. » Fin de citation.
Al-‘Izz ibn Abd Al-Salâm a dit dans son livre Al-Ghâyat Fî Ikhtisâr Al-Nihâya : « Le divorce est permis quand il est justifié et qu’une personne sage divorcerait pour cette même raison à savoir qu’il ressent que la femme commence à lui désobéir, qu’il lui apparait certaines suspicions ou qu’il ne l’aime pas avec une certaine avarice pour les dépenses. » Fin de citation.
Un homme qui déteste sa femme au point où il n’est pas en mesure de lui rendre ses droits et de vivre avec elle convenablement alors le divorce dans son cas est recommandé.
Ibn Hajar Al-Haytami, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit dans son livre Tuhfat Al-Muhtâj Fî Sharh Al-Minhâj : « Le divorce est recommandé dans le cas par exemple où le mari ne peut pas lui donner ses droits même s’il s’agit de ne plus pencher vers elle. » Fin de citation.
Mais le conseil que nous vous adressons est de ne pas vous précipiter à divorcer votre femme et de vous efforcer à améliorer votre situation, de patienter avec elle. En général, la vie conjugale ne peut aller sans faire preuve de patience et pardonner les erreurs de son conjoint, soupeser ses bons et mauvais côtés, ne pas se laisser aller à des réactions intempestives. Allah, exalté soit-Il, dit :
« Veillez, au contraire, à vous comporter convenablement envers vos épouses. Et si vous éprouvez de l’aversion pour elles, sachez que vous pouvez avoir en aversion une chose dans laquelle Allah a placé une grande benediction. » (Coran 4/19).
D’après Abou Horayra (qu’Allah soit satisfait de lui) le Messager d’Allah () a dit : « Que le croyant ne prenne pas en aversion son épouse croyante. S’il n’aime pas l’un de ses traits de caractère, il en aimera un autre. » Rapporté par Mouslim.
Al-Nawawî, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Ce qui signifie qu’il convient de ne pas la détester puisque s’il trouve chez elle un comportement qu’il répugne, il y a forcément en elle des qualités qu’il apprécie. Elle peut être d’un tempérament dur mais avoir une bonne religiosité ou belle, ou chaste, ou agréable à vivre ou autre. » Fin de citation.
On rapporte que Omar ibn Al-Khattâb (qu’Allah soit satisfait de lui) a dit : « Tous les foyers ne reposent pas sur l’amour mais sur une vie conjugale de qualité et sur l’Islam. » Rapporté par l’auteur du livre Kanz Al-‘Ummâl.
Et Allah sait mieux.
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