Est-ce considéré comme de la médisance le fait de réprouver (lors d’une conversation entre sœurs à propos des méfaits des femmes envers leurs maris) les agissements d’une femme qui a poussé son mari à la rupture des liens de parenté avec ses frères et sœurs pour des questions matérielles ? Comment recommander le bien et réprouver le mal sans tomber dans la médisance ? Ces règles sont-elles les mêmes quand il s’agit de médisance vis-à-vis des mécréants ?
Louange à Allah. Paix et salut sur Son Prophète.
Chère sœur,
Le Prophète, Salla Allahou Alaihi wa Sallam, a défini la médisance, Al Ghiba, comme étant le fait de citer son frère par ce qu’il déteste. Quelqu’un lui a demandé : « Et si ce je dis sur mon frère est vrai ? », le Prophète, Salla Allahou Alaihi wa Sallam, lui a répondu : « Si ce que tu as dis sur ton frère est vrai, alors tu l'as médis. Et si ce que tu as dis sur ton frère n'est pas vrai, tu l’as calomnié. », rapporté par Muslim.
Le fait que les femmes parlent des péchés commis par l’une d'elles en son absence, est considéré comme une médisance à son égard. Celle qui veut recommander le bien et interdire le mal à une autre qu’elle aille la voir et qu’elle lui parle directement. Mais il est illicite de faire d’elle un sujet de conversation avec d’autres femmes sous prétexte de réprouver le mal.
En ce qui concerne la médisance du mécréant, le Prophète, Salla Allahou Alaihi wa Sallam, en définissant la médisance a dit : « C’est citer son frère par ce qu’il déteste. », or le mécréant n’est pas le frère du musulman.
Toutefois certains Oulémas pensent que la médisance du mécréant qui séjourne en terre d’Islam sous un pacte est interdite. Car la Chariâ défend de porter atteinte à son sang, à ses biens ou à son honneur ce qui n’est pas le cas des autres mécréants. Mais il échoit au musulman de s’éloigner de la médisance des mécréants pour ne pas s’habituer à cette mauvaise habitude qu’est la médisance.
L'imam Tirmidhi a rapporté que le Prophète, Salla Allahou Alaihi wa Sallam, a dit : « Le croyant n’est ni calomniateur, ni grossier, ni obscène et ne maudit pas ».
Quant à votre question : comment recommander le bien et réprouver le mal ?
Nul doute que le concept Al Amr bil Maârouf wa Nahy anil Mounkar, c'est-à-dire commander le bien et interdire le mal, a un rang fondamental dans la religion musulman. Ce concept a des règles qui sont indispensables pour sa mise en pratique. En effet les actes blâmables n’ont pas les mêmes degrés. Certains sont considérés comme des actes de mécréance, d’autres sont des péchés capitaux ou véniels et ainsi de suite.
Parmi ses règles générales :
1/ La capacité de le faire, car Allah n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité et Son Prophète, Salla Allahou Alaihi wa Sallam, a dit : « Si l’un de vous voit un acte blâmable, qu’il le modifie avec sa main; s’il ne le peut, par la parole, s’il ne le peut, par son cœur et c’est là le minimum exigé par la foi. », rapporté par Muslim.
2/ La parfaite connaissance des lois concernant l’acte qu’il recommande ou réprimande, la douceur, la sagesse et la maitrise de soi (la patience). L'imam Ibn Taymiya a dit : « Celui qui commande le bien et interdit le mal doit connaître parfaitement ce qu’il commande ou interdit, doit être sage et doux dans son comportement et doit être patient. ».
3/ L’interdiction de cet acte blâmable ne doit pas conduire à commettre des actes plus graves.
Il n’y a aucune ambigüité entre l’interdiction du mal et la médisance. Le prêcheur qui désire mettre les gens en garde contre certains péchés qu’il le fasse conformément aux recommandations de la Chariâ laquelle interdit de mentionner sans raison valable les noms de ceux qui les ont commis.
Et Allah sait mieux.
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