Comme vous le savez, l’argent est le nerf de la guerre et la prédication islamique en a un besoin crucial. En effet, les juifs n’ont pu dominer le monde entier qu’en possédant d’énormes capitaux qu’ils gèrent. Je ne cherche pas, dans ce contexte, à discuter les sources de leurs richesses. Aujourd’hui, les fatwas des oulémas se contredisent au sujet des prêts bancaires destinés à construire des usines ou à fonder des associations coopératives, à travers lesquelles les jeunes peuvent réaliser des bénéfices et qui emploient de nombreux ouvriers qui subviennent aux besoins de leurs familles. Ceci dit, les jeunes demeurent confus en s’interrogeant sur la licéité de ce genre de transactions et ne cessent de poser des questions comme : Allah a-t-Il prédestiné au musulman de demeurer toujours pauvre et chômeur étant donné que toutes les portes lui sont fermées devant les opportunités de travail et d’investissement par voie de Mudâraba (commandite) ou de prêt sans intérêt ? Le renoncement du jeune musulman à ce genre de projets sous prétexte de leur caractère prohibé pourrait-il réaliser le but souhaité, alors que les sans foi ni loi pourraient en tirer profit ? Est-il possible de prendre part à ces projets d’autant plus que nous vivons dans des sociétés qui déjà n’observent pas la Charia islamique dans sa jurisprudence mais se soumettent au jugement de lois positives entachées de défauts. Tel est un ensemble de questions que l’on pose souvent. Le musulman peut-il alors participer à de tels projets pour que lui-même en tire profit aussi bien qu’autrui comme les usines et les associations coopératives ; ou bien vaut-il mieux qu’il s’en éloigne ?
Veuillez nous fournir un avis judicieux et exhaustif car nous assistons à une divergence dans les fatwas relatives à ce sujet car certains oulémas ont autorisé la chose tandis que d’autres l’ont prohibée, et le musulman demeure dans un état de confusion.
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Il est bien connu que les prêts à intérêt sont une forme d’usure, laquelle est un des péchés majeurs et des sept péchés capitaux. Une chose pareille ne saurait être autorisée au musulman qu’en cas de nécessité conformément à la parole d’Allah, le Très Haut (sens du verset) : « (…) à moins que vous ne soyez contraints d'y recourir » (Coran : 6/119).
Or les sociétés aujourd’hui n’ont pas encore atteint le seuil de la nécessité pour que l’usure soit autorisée. Si ce qui est prohibé avait tellement envahi la terre que le licite n’existait plus, nous aurions conseillé aux gens de pratiquer l’illicite en vertu de la règle : « Les nécessités lèvent les interdits ». Nous devons donc attendre d’en arriver à ce stade.
Selon al-'Izz ibn ‘Abd al-Salam dans son ouvrage Qawâ’id al-Ahkâm : « Si l’illicite envahit une région de sorte que le licite y soit devenu rare, il sera, en l’occurrence permis d’y recourir dans la mesure du besoin et cela ne se limite pas aux nécessités.»
Ceci dit, il s’avère aujourd’hui que le licite continue à exister, bien qu’il soit difficile à appliquer dans certains pays. Il n’y a pas alors lieu de dire que la pratique de l’usure est dorénavant permise à l’ensemble des gens mais cette autorisation est conditionnée par l’existence de la nécessité chez la personne concernée, chacune selon son cas.
Et Allah sait mieux.
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